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L'article provient de Le Journal de Montréal

[PHOTOS] Dans un hôpital pédiatrique de Kyïv, le «terrible» traumatisme de la guerre en Ukraine

Le petit Volodymyr, 13 ans, assis dans son lit d'hôpital à Kyïv
Le petit Volodymyr, 13 ans, assis dans son lit d'hôpital à Kyïv Photo AFP, Fadel Senna
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AFP

2022-03-21T11:19:37Z
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KYÏV | Les horreurs de la guerre en Ukraine peuvent se lire dans les yeux du petit Volodymyr, 13 ans, allongé sur un lit de l’hôpital pour enfants d’Okhmatdyt à Kyïv, avec son ballon vert en forme de chien.

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Son père et son cousin ont tous les deux été tués quand leur voiture a été criblée de balles, à peine deux jours après le début de l’invasion russe. Touché à la mâchoire, au dos, au bras et à la jambe, Volodymyr a miraculeusement survécu.

«Il ne peut toujours pas marcher, mais les médecins lui ont dit que ce serait pour bientôt», explique sa mère, Natalia, 34 ans, exténuée par les événements.

Avant la guerre, comme nombre de jeunes adolescents de son âge, il aimait jouer sur son téléphone et promener leur chien, raconte-t-elle.

Aujourd’hui, le voilà cloué dans un lit d’hôpital. Une grosse balafre remonte de sa mâchoire jusqu’à une mèche de cheveux teints en blond qui tombe sur son visage. Il murmure péniblement qu’il va «bien». 

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Sur une photo montrée à des journalistes de l’AFP sur un téléphone portable, on y voit sa blessure au niveau du visage lorsqu’il a été secouru.

Le 26 février, deux jours après le début de l’invasion russe, la Lada bleue familiale a été prise dans une fusillade entre des éléments russes qui tentaient d’entrer dans la capitale et les forces ukrainiennes.

«On ne savait pas très bien qui tirait», raconte Natalia. «Mais quand les tirs ont cessé, on a compris qui était derrière tout cela. Ils seront punis» enrage-t-elle, en se frottant nerveusement le bras.

Photo AFP, Fadel Senna
Photo AFP, Fadel Senna

La maman, elle, n’a été que légèrement blessée. «Mes blessures guériront. Mais je ne peux faire revenir ni mon mari ni mon neveu. Il n’avait que six ans», souffle-t-elle.

«Difficile, atroce»

Cet hôpital pédiatrique, le plus grand d’Ukraine, est en première ligne du traumatisme de la guerre.

«C’est vraiment terrible, c’est dur, c’est atroce», lâche la pédiatre Svitlana Onysko.

Désormais, «on vit dans cet hôpital. On ne rentre plus chez nous, on est disponible 24 h/24 h, 7 jours sur 7, tout le temps. Matin, midi, soir, on aide les enfants», dit-elle.

Photo AFP, Fadel Senna
Photo AFP, Fadel Senna

Le président russe Vladimir Poutine a justifié l’invasion de l’Ukraine pour la «démilitariser» et la «dénazifier». Mais son invasion fait un nombre croissant de victimes civiles, surtout dans les villes assiégées, comme Kharkiv (est) et Marioupol (sud-est).

La capitale a été frappée, mais ne fait pas pour le moment l’objet d’un pilonnage comme c’est le cas ailleurs. Selon la mairie, quatre enfants ont été tués et 16 blessés à Kyïv, la plupart étant hospitalisés à Okhmatdyt.

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Le personnel soignant se dit hanté par le souvenir des victimes de ces attaques.

Comme cette mère qui a fait rempart avec son corps pour protéger sa petite fille d’un mois lors d’une frappe sur son immeuble. Les médecins ont retiré plusieurs éclats d’obus de sa chair.

Photo AFP, Fadel Senna
Photo AFP, Fadel Senna

Ou ce garçon de 4 ans qu’on avait amené, blessé, sur une civière. Ou encore, cette fille de 6 ans, touchée aux jambes dans une attaque à Gostomel, une ville située au nord-ouest de Kyïv, qui a tué sa mère.

«C’est difficile psychologiquement et moralement, car il s’agit d’enfants», souligne la pédiatre Svitlana Onysko.

«Faire abstraction»

Le service de néonatalogie de cet hôpital a même été touché par l’armée russe.

Dans les tout premiers jours du conflit, les mamans et leur bébé devaient se mettre à l’abri au sous-sol dès que les sirènes anti-raids aériens retentissaient.

Malgré tout, le personnel soignant, qui n’avait jusque-là aucune expérience en médecine de guerre, fait tout pour continuer à travailler face à ce que le chirurgien orthopédique Vlasii Pylypko qualifie de «terribles blessures».

Photo AFP, Fadel Senna
Photo AFP, Fadel Senna

«Depuis le début de la guerre, on doit traiter des personnes blessées, des enfants, mais aussi des adultes, touchés par des missiles, des tirs», dit-il.

La plupart de ses collègues «essaient de faire abstraction», mais «peut-être qu’après la guerre, certains d’entre nous auront besoin d’un suivi psychologique», explique-t-il.

En attendant, poursuit-il, «nous nous concentrons uniquement sur le traitement des personnes hospitalisées», comme le petit Volodymyr: «On doit l’opérer de nouveau. Il a des balles logées près de la colonne vertébrale».

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