Publicité
L'article provient de Bureau d'enquête

Le promoteur immobilier de Québec Stéphan Huot insolvable pour plus de 1 G$

Il se place à l’abri de ses créanciers en vertu de la Loi sur la faillite et l’insolvabilité

PHOTO D'ARCHIVES, DIDIER DEBUSSCHÈRE
Partager

Jean-François Cloutier, Kathryne Lamontagne et Jean-Louis Fortin

2023-09-01T16:58:25Z
Partager

Le promoteur immobilier de Québec Stéphan Huot rend les armes. Il se place personnellement à l’abri de ses créanciers pour des dettes totalisant la somme colossale de presque 1,2 G$.

• À lire aussi: D’autres immeubles liés au Groupe Huot se placent à l’abri de leurs créanciers

• À lire aussi: Le Groupe Mach compte acheter les complexes locatifs du Groupe Huot

• À lire aussi: «Il n’a plus rien»: c’est la fin de l’empire immobilier de Stéphan Huot

Stéphan Huot, dont l'empire commercial est en pleine débâcle, a déposé jeudi un avis d’intention de faire une proposition en vertu de la Loi sur la faillite et l'insolvabilité, selon des documents consultés par notre Bureau d’enquête.

L’ampleur des dettes du promoteur, qui se chiffrent à 1,179 milliard, fait de cette procédure d’insolvabilité l’une des plus importantes, en termes de dollars, de toute l’histoire du Québec (voir plus bas).

La liste des créanciers déposée au dossier indique que Huot doit 253 M$ à la firme torontoise Timbercreek Mortgage Servicing, 164,5 M$ à la Banque Manuvie du Canada, 127,7 M$ à Portage Capital, 120 M$ au Fonds immobilier S.H., 100 M$ à Q-12 Capital, 92,3 M$ à la Banque Laurentienne et 80,3 M$ à l’institution financière CMLS.

Publicité
Gens d'affaires

Des hommes d’affaires bien connus de la région de Québec sont aussi au rang de ceux qui lui font des réclamations financières.

C’est le cas notamment de Michel Cadrin, envers qui Huot affiche des dettes de près de 40 M$ à travers deux sociétés.

Huot doit 19 M$ à l’investisseur Daniel Fortier, qui a agi comme endosseur pour lui, et plus de 2 M$ à Gaston Paradis et une entreprise de gestion à son nom.

Un avocat du cabinet De Grandpré Chait, Me Eric Lasry, affiche pour sa part une réclamation de 2,25 M$.

En pleine débâcle

Stéphan Huot et ses entreprises, qui comptaient près de 700 employés, accumulent les revers depuis le début de l’année.

L’homme d’affaires a notamment perdu dans les derniers mois plusieurs complexes immobiliers, qui totalisent des milliers de logements.

Des filiales du Groupe Huot, dont Millenum Construction et Airmedic, ont également déposé leur bilan en juin et juillet dernier, respectivement.

En avril dernier, notre Bureau d’enquête rapportait que 90 millionnaires, dont 75 de la région de la capitale nationale et 15 de la région de Montréal, font des pieds et des mains pour tenter de récupérer les sommes colossales qu’ils avaient prêtées au Groupe Huot. 

Ces investisseurs s’étaient fait promettre des rendements mirobolants allant jusqu’à 12%, selon nos informations.

Joint vendredi par notre Bureau d’enquête, Stéphan Huot n’a pas souhaité commenter le dossier.

D’autres cas d’insolvabilité notoires

À près de 1,2 G$, la dette de Stéphan Huot représente un des plus gros cas d’insolvabilité de l’histoire du Québec. Voici d’autres cas d’entrepreneurs et de dirigeants d’entreprises dont l’ampleur des sommes en jeu a frappé l’imagination, au moment où ils ont déposé leur bilan.

Publicité

Réal Bouclin

Il y a une semaine, le président de Groupe Sélection, Réal Bouclin, s’est placé sous la protection de la Loi sur la faillite et l’insolvabilité. Il affirme devoir plus de 160 M$ à ses créanciers. En novembre 2022, son entreprise, endettée de 904 M$, avait entrepris des démarches similaires.

Ronen et Baruch Basal

Ronen Basal, qui était à la tête d’une dizaine de gros immeubles d’appartement locatifs dans le grand Montréal, avait admis en janvier dernier à notre Bureau d’enquête qu’il était au bord du gouffre. Il a finalement déclaré des dettes de 164,7 M$ dans le cadre d’une proposition à ses créanciers, au début août. Quant à son père Baruch, il traîne un bilan négatif de 140 M$.

Tony Accurso

La déchéance de l’entrepreneur en construction Tony Accurso, vedette bien malgré lui de la commission Charbonneau, a été abondamment documentée depuis une décennie. L’an dernier, il a déclaré des dettes personnelles de 107 M$ au moment de déposer son bilan. Dire qu’à ses belles années, il dirigeait un empire de 4500 employés, dont le chiffre d’affaires annuel frôlait le milliard de dollars...

Yanai Elbaz

L’ex-directeur adjoint du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) Yanai Elbaz devait la mirobolante somme de 1,1 G$ au moment de déposer son bilan en 2020. Mais c’est surtout parce que son ancien employeur lui réclamait 1 G$ en justice, en raison de la fraude de corruption dont Elbaz s’est reconnu coupable quelques années auparavant.

Raymond Malenfant

L’hôtelier Raymond Malenfant, décédé en janvier 2022 à 91 ans, a fait une spectaculaire faillite de près de 145 millions en 1993. Auparavant, il gérait un parc immobilier de 400 millions, qui comprenait notamment le Manoir Richelieu et le Complexe Jacques-Cartier, à Québec.

– Avec la collaboration de Philippe Langlois

Vous avez un scoop à nous transmettre?

Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire?

Écrivez-nous à l'adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.

Publicité
Publicité