Julie Perreault et Stéphane Rousseau nouvellement propriétaires d'une maison à la campagne
Patrick Delisle-Crevier
Ces jours-ci, accrocher Julie Perreault pour un cinq minutes de jasette relève du véritable exploit tellement la comédienne et réalisatrice est prise par son rôle à la barre de l’émission STAT. C’est finalement entre deux repérages que j’ai pu l’attraper en plein vol, le temps de lui parler de ses projets et de cette belle folie professionnelle qu’elle traverse en ce moment.
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Julie, comment vas-tu?
Je vais bien, et en même temps, je vais vite en maudit! Ça fait longtemps que je n’ai pas eu de journée de congé. Je regarde par la fenêtre et j’ai du mal à croire que c’est déjà l’automne. J’ai un horaire un peu fou avec les tournages de STAT, mais le moral est bon. Ça arrive au bon moment dans ma carrière.
Comment vis-tu avec un tel tourbillon?
Je vis ça super bien. C’est tellement enivrant, et j’ai des collègues de travail tellement extraordinaires! C’est difficile, parce que ça représente beaucoup de travail et que je sacrifie beaucoup ma vie privée. Mais ce métier-là est comme ça: parfois, tu ne travailles pas pendant quatre mois et tu es tanné de regarder les murs de ta maison, puis le téléphone se met à sonner et tu n’arrêtes plus.
Heureusement que ton conjoint, Stéphane Rousseau, joue dans STAT, sans quoi tu ne le verrais pas beaucoup...
Oui, effectivement. Je t’avoue que c’est l’une des raisons pour lesquelles j’ai dit oui à la réalisation de STAT quand j’ai reçu l’offre de Fabienne Larouche. Heureusement que Stéphane joue dans la série. C’est un beau bonus de travailler avec son amoureux, et de le savoir sur le plateau, c’est rassurant. Sinon, on ne se verrait pas souvent. Se voir offrir la réalisation d’une telle série, c’est une belle opportunité.

Tes deux enfants sont grands, aujourd’hui...
Oui, c’est vrai. À une certaine époque, je n’aurais pas pu travailler autant, même si je suis la fille d’un seul projet à la fois. Mais réaliser STAT, c’est doublement prenant. Heureusement, mes deux enfants volent de leurs propres ailes. Thomas a 24 ans, il est devenu un homme. Ma fille, Élizabeth, est âgée de 17 ans, et elle a sa vie et ses projets. Elle n’a plus besoin de moi comme à une certaine époque. Ils sont autonomes et ils font leurs affaires, ce qui me donne l’opportunité de faire les miennes.
En ce moment, la cinquième et dernière saison de la série Doute raisonnable est diffusée à Radio-Canada. Que vas-tu retenir de ce rôle que tu as tenu pendant cinq ans?
C’est assez fou, car quand on dit que c’est un personnage qu’on défend, ce n’est pas un terme lancé en l’air ou une anecdote. J’ai vraiment l’impression d’avoir défendu ma Alice malgré son code de valeurs, qui était souvent bien loin du mien. Il faut accepter les travers, les torts et les revers de nos personnages. Au départ, c’est une femme tellement différente de moi! Ç’a été très intéressant de jouer une femme avec des valeurs si fermes, avec une grande loyauté, une droiture et des convictions. Elle n’abandonne jamais, elle fonce et va jusqu’au bout. Elle ne craint pas de se mettre en danger, et j’ai beaucoup d’admiration pour ce genre de tempérament et de personnalité. Aussi, ce que j’ai aimé de cette expérience, c’est que j’ai pu jouer avec tellement d’acteurs! Ils avaient tous des façons de travailler différentes et c’était fascinant pour moi de voir que, dans le jeu, tous les chemins mènent quelque part.
Est-ce que c’est un deuil de quitter un tel personnage?
Oui, c’est certain que je vais m’ennuyer de ma Alice. J’ai toujours su que ce serait une aventure de cinq saisons, alors j’ai pu voir venir le coup. Mais déjà, jouer le même rôle pendant cinq ans, c’est un privilège qui n’arrive pas si souvent. Doute raisonnable, ç’a tellement été un beau plan de série! C’est un peu comme dans une relation amoureuse, quand l’autre arrive pour te dire que c’est fini et que ça te prend par surprise: le choc est plus grand. Mais heureusement, je n’ai pas vécu ça avec cette série. Le dernier épisode sera une vraie conclusion et les choses vont bien se fermer.
Justement, que dirais-tu au sujet de cette dernière saison?
À travers les différents cas, on a pu aborder différents sujets, dont la notion de consentement, la parole de l’un contre celle de l’autre, la recherche de preuves... On a mis tout ça en lumière. À travers ça, il y avait aussi le drame d’Alice, qui l’a probablement menée à travailler comme enquêtrice aux crimes majeurs et à caractère sexuel. Le spectre de l’agression d’Alice a toujours été omniprésent dans l’émission et les détails sur le viol collectif qu’elle a subi ont été dévoilés peu à peu. Aussi, comme Alice n’a pas eu le choix de faire face à la mort de Fred, joué par Marc-André Grondin, elle s’est retrouvée face à son propre drame.
Julie, je n’entends que de bons mots de la part des comédiens sur ton travail de réalisation de STAT. Comment vis-tu cette expérience à la réalisation?
Merci de partager ça avec moi. Ça me fait plaisir de recevoir ces bons mots. Sérieusement, je me pince encore tellement je n’arrive pas à croire que je réalise une série comme STAT. Il y a cinq ans, pendant la pandémie, si tu m’avais dit comment les choses allaient se dérouler pour moi, je ne l’aurais pas cru. Les choses ont tellement basculé dans le bon sens pour moi, et j’ai vraiment pu évoluer dans le métier de réalisatrice. Ce qui me surprend le plus, c’est qu’on m’a ouvert les portes de la réalisation. Ça, je le dois à Fabienne Larouche, qui m’a fait confiance. Ç’a été une belle surprise et je travaille fort pour bien faire les choses. J’avance rapidement là-dedans, et comme je suis actrice, j’ai à cœur d’avoir un plateau qui est respectueux et qui laisse de la place aux acteurs et à l’équipe technique. Tout ça est cohérent pour moi.
Dis-moi, as-tu peur que la réalisatrice prenne toute la place au détriment de la comédienne?
C’est un risque que je suis prête à prendre. Ça se peut que ça arrive, mais je suis plutôt débrouillarde dans ce métier. Cependant, je ne suis pas calculatrice, j’y vais une opportunité à la fois et je ne m’ennuie pas du jeu quand je réalise. Être sur un plateau avec les camarades, j’adore ça et c’est un défi fantastique qui me comble pour l’instant. Je le dis sincèrement: j’ai été tellement privilégiée et rassasiée avec de beaux rôles, il se pourrait que ce soit maintenant au tour des autres. Je n’ai rien à l’horaire pour la comédienne dans les prochains mois et c’est bien correct.
Penses-tu ralentir un peu bientôt?
Oui, assurément. Ma dernière journée de congé, c’était 21 avril, et j’enchaîne les tournages depuis. Je réalise STAT jusqu’au 5 décembre et ensuite, ce sera vraiment une période plus calme. Stéphane et moi venons de nous acheter une maison à la campagne et nous voulons nous y installer. Décorer tout ça et y passer la période des fêtes avec nos enfants, ce sera super!