Attentat du Métropolis: quatre techniciens intentent une poursuite
Michael Nguyen | Journal de Montréal
Près de 10 ans après l’attentat meurtrier au Metropolis, des techniciens de scène présents ce soir-là ont commencé à témoigner dans un procès civil contre la police, à qui ils réclament plus de 600 000 $ pour les dommages qu’ils disent avoir subis en raison d’une sécurité défaillante.
« Il n’y avait pas de policiers en arrière du Metropolis malgré le contexte politique. Zéro policier. Finalement, on a été de la chair à canon », a déploré Audrey Dulong Bérubé, ce mardi au palais de justice de Montréal.
Mme Dulong Bérubé, avec Guillaume Parisien, Jonathan Dubé et Gael Ghiringelli, a décidé de poursuivre la police de Montréal et la Sûreté du Québec en lien avec la sécurité lors de la soirée électorale du 4 septembre 2012.
Pauline Marois du Parti québécois célébrait alors sa victoire avec ses partisans au Metropolis quand Richard Henry Bain a gâché la fête.

Armé jusqu’aux dents, il s’est présenté par la porte d’en arrière. Bloqué par les techniciens Denis Blanchette et Dave Courage, il a fait feu, tuant le premier et blessant le second.
Et avant de prendre la fuite, Bain a eu le temps de mettre le feu à cette entrée. Il a été arrêté peu après, alors qu’il portait une robe de chambre et un bonnet de bain.
« Les Anglais se réveillent », avait-il lancé.

Sécurité
Or, selon le cabinet Arsenault Dufresne Wee avocats, cet événement aurait pu être évité si la police avait bien fait son travail.
« Elle savait ou aurait dû savoir qu’il n’y avait aucune sécurité à l’arrière du Metropolis, ni dans la rue ni à l’extérieur de la scène où Mme Marois tenait son discours », peut-on lire dans la requête à la cour.
Et pour les quatre techniciens qui ont instigué la poursuite civile, les conséquences ont marqué leur vie.
Traumatisme
« Je n’ai plus l’énergie de combattre et de continuer d’exister, a déploré Mme Dulong Bérubé, qui a subi un choc post-traumatique. C’est pas normal d’être en état de survie pendant tant d’années. »
Lors de son témoignage, la femme a raconté que juste après les événements, des policiers s’étaient moqués de la réaction d’un technicien témoin de l’attentat. Puis, après avoir fait sa déposition, elle a été laissée à elle-même.
« C’était un état de rêve éveillé, le stress récurrent a duré des années », a-t-elle dit, ajoutant n’avoir jamais été informée des ressources habituellement mises à disposition des victimes.
Le procès, devant le juge Philippe Bélanger, est prévu pour une durée de 15 jours.