Le journaliste et professeur Philip Lee offre un portrait magistral de la rivière Ristigouche dans son nouveau livre
Paysages merveilleux et préoccupations environnementales


Marie-France Bornais
Journaliste, professeur à l’Université Saint-Thomas de Fredericton et écrivain de talent, Philip Lee raconte l’histoire de la Ristigouche, une rivière majestueuse qui coule entre le Québec et le Nouveau-Brunswick, dans son nouveau livre. Le récit qu’il fait de cette rivière aux eaux transparentes où foisonne une population de saumons de renommée mondiale donne envie de partir tout de suite à la découverte et d’agir concrètement pour qu’elle soit protégée pour les futures générations.

Dans son livre, Philip Lee raconte la Ristigouche qu’il parcourt en canot depuis son enfance. Une rivière parcourue depuis des millénaires par les hommes, qui ont créé et emprunté d’anciennes routes de portages, de sa source jusqu’à son estuaire dans la baie des Chaleurs.
La célèbre rivière – reconnue comme l’une des plus belles du Canada – est fréquentée depuis longtemps par les pêcheurs, les amateurs de plein air, les bûcherons, les Mi’gmaq, les Acadiens, les francophones, les anglophones... Des gens riches et célèbres comme les Irving, les Vanderbilt et Teddy Roosevelt y sont passés.
«À force de voyager sur la Ristigouche pendant plusieurs années, d’y faire du canot et de la pêche, j’ai pu constater que c’est une rivière spectaculaire où il y a de très beaux paysages», dit Philip Lee, en entrevue.
«J’avais l’idée qu’en explorant une rivière, j’allais pouvoir examiner comment on regarde les milieux naturels et les milieux sauvages. Devrait-on considérer la valeur de ces espaces pour ce qu’ils sont, pas nécessairement en les considérant comme une destination pour la pêche ou pour le canot? Devrait-on trouver des façons de préserver ces espaces?» Il souhaitait montrer ainsi le côté universel des espaces naturels.
De la source
«J’avais aussi l’idée de naviguer sur la rivière à partir de sa source, en empruntant les anciens chemins de portage, et écrire à ce sujet. J’allais pouvoir écrire mon voyage à travers tout cela.»
«Le haut de la rivière était vraiment intéressant, note-t-il. J’avais lu au sujet des anciennes routes de portage qui connectaient le fleuve Saint-Jean (Wolastoq) avec la Ristigouche. Ces chemins étaient parcourus de façon intensive par les populations autochtones, mais aussi par les premiers aventuriers.»
«J’ai lu à ce sujet dans de vieux documents et je trouvais que c’était l’endroit parfait pour commencer le parcours. J’ai découvert que la piste Waagansis traverse des terres qui appartiennent à la compagnie J.D. Irving Limited, donc il a fallu que j’obtienne des permissions.»
La première partie de son aventure pouvait commencer. «Mon compagnon de voyage et moi, nous avons déposé nos canots à l’eau dans un ruisseau, Waagansis Brook et nous sommes partis, à travers les buissons d’aulnes et les barrages de castors.»
«Nous avons atteint la Little Main Ristigouche. Je me souviens du sentiment qui m’habitait à cet instant: il pleuvait, mais c’était de toute beauté. Nous avons pagayé et campé sur la Little Main Ristigouche, et continué notre trajet.»
Deux autres expéditions
Il a parcouru le second segment de son trajet, qu’il connaissait déjà, avec sa famille, puis le troisième en solo, au début du mois de septembre.
«C’était une expérience extraordinaire. En approchant l’estuaire, il y a plusieurs dizaines d'îles et c’est de toute beauté. Les paysages changent tout le temps. J’ai beaucoup appris sur le trajet des rivières, sur les méandres, jusqu’à la mer.»
Ses constats
En voyageant sur toute la Ristigouche, Philip Lee a pu mesurer davantage l’importance du bassin versant, constater l’impact des coupes forestières et avoir une meilleure idée de la faune qui vit sur le territoire.
«On voyait des aigles, plusieurs espèces de poissons, des ours, des orignaux. On voit qu’il y a une connexion complexe, mystérieuse, qui va au-delà de tout ce qu’on peut comprendre.»
Ristigouche
Philip Lee
Éditions du Boréal
328 pages
- Philip Lee est journaliste, professeur et écrivain.
- Il enseigne à l’Université Saint-Thomas de Fredericton, au Nouveau-Brunswick.
- Il a été rédacteur en chef du Telegraph-Journal, le principal quotidien anglophone de la province.
- Il est l’auteur de plusieurs livres, dont un essai sur le déclin du saumon de l’Atlantique.
- Il a remporté le New Brunswick Book Award 2020 dans la catégorie «Non-fiction».
«Au fil des ans, mon père et moi avons poussé plus au nord, vers la région frontalière entre le Nouveau-Brunswick et le Québec, dans la vallée de la Ristigouche, et après notre première saison sur cette rivière, nous y sommes retournés chaque fois que l’occasion se présentait. Pendant plus de vingt ans, d’abord avec mon père, puis avec mes amis et d’autres membres de ma famille, j’ai suivi les courants limpides de la Ristigouche au pied de berges escarpées, franchissant des rapides impétueux pour déboucher sur des fosses profondes. À la fin de longues journées d’été, nous avons sorti nos canots du courant, nous les avons tirés dans les hautes herbes du rivage et avons campé dans un splendide isolement sur des îles sauvages.»
- Philip Lee, Ristigouche, Éditions du Boréal
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