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L'article provient de Le Journal de Montréal
Culture

La naturaliste française Élise Rousseau raconte dans son livre son expédition au cœur de la Mongolie pour tenter de voir le très rare ours de Gobi

«Mazaalai: aux confins du silence, sur la piste de l'ours de Gobi»

Élise Rousseau s'est rendue au cœur du désert de Gobi avec un groupe de naturalistes français et mongols pour tenter de voir le très rare ours de Gobi.
Élise Rousseau s'est rendue au cœur du désert de Gobi avec un groupe de naturalistes français et mongols pour tenter de voir le très rare ours de Gobi. © Philippe J. Dubois / Éditions Albin Michel
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Photo portrait de Marie-France Bornais

Marie-France Bornais

2024-07-20T07:30:00Z
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Naturaliste passionnée d’ornithologie, grande voyageuse et écrivaine remarquable, Élise Rousseau raconte sa formidable expédition effectuée en 2016 au cœur d’une réserve naturelle reculée du désert de Gobi, en Mongolie. Objectif: voir des oiseaux rares, comme la fauvette babillarde... et peut-être le très rare ours brun de Mongolie, appelé mazaalai par les Mongols, dont il reste très peu d’individus.

Élise Rousseau raconte son expédition dans Mazaalai, publié aux Éditions Albin Michel.
Élise Rousseau raconte son expédition dans Mazaalai, publié aux Éditions Albin Michel. © Éditions Albin Michel

Le livre Mazaalai nous entraîne sur les pistes ensablées du désert de Gobi, dans un monde minéral et silencieux que très peu de gens ont eu la chance de parcourir. Les défis ont été nombreux et Élise Rousseau, en entrevue, confirme qu’elle se souviendra de cette expédition toute sa vie.

Impossible de prédire s’ils allaient réussir à observer ce fameux petit ours. «Même les Mongols disent qu’ils ne le voient quasiment jamais, dit-elle. Donc on était plutôt partis pour chercher une espèce de fauvette babillarde dans une oasis.»

Quand elle est arrivée là-bas, en 2016, elle s’est rendu compte que le voyage ne serait pas ordinaire. «La Mongolie, c'est déjà toujours un peu une aventure. J’y suis allée plusieurs fois, et c'est vrai que même quand on va dans la steppe, même quand on va juste autour d’Oulan-Bator, c'est toujours un peu l'aventure. Ça a un peu changé, mais quand j'ai commencé à y aller, on n’avait pas encore vraiment des téléphones portables aussi performants qu'aujourd'hui. Il y a essentiellement des pistes, pas beaucoup de routes, donc il faut partir avec des conducteurs mongols pour ne pas se perdre.»

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Une réserve naturelle

Cette expédition les conduisait tout droit dans le cœur du cœur du désert de Gobi: un endroit où même les Mongols ne vont pas. «C’est ce qu'on appelle le Gobi A: c'est une réserve naturelle mongole. On a vraiment l'impression d'arriver sur la Lune ou sur Mars. C'est vraiment un endroit très minéral où il y a très peu de vie.»

En plus de la rencontre avec les Mongols, «des gens extrêmement chaleureux et qui ont une façon de vivre nomade», Élise Rousseau a été marquée par la rencontre avec le silence du désert.

«C’est un silence que je n'avais jamais ressenti. Ça a été quelque chose de très fort que j'ai trouvé très serein et très apaisant, mais que certains compagnons de voyage ont pu ressentir comme un peu angoissant, parce que c'était un silence auquel on n'était pas habitués.»

La beauté du désert

«C’était très beau comme endroit, si on aime les pierres bien sûr. Il y avait quand même une poésie, il y avait des arcs-en-ciel parfois. Il y avait quand même une beauté, des lumières et les pierres du désert qui étaient là depuis des centaines de milliers d'années, très polies et très douces. Il suffit qu’il y ait un petit point d'eau pour que la vie explose. On se dit que la vie est capable de s'adapter à des conditions assez incroyables!»

L’ours de Gobi

Le fameux ours de Gobi, qu’ils ont finalement eu la chance d’observer, est une sous-espèce d’ours brun qui est plutôt petite et qui s’est adaptée au désert.

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«Les Mongols sont très investis et en ont fait une priorité de conservation: 2024 est l'année de la conservation de l’ours de Gobi en Mongolie. C'est mon ami Terbish qui m'a raconté ça, le Mongol qui nous a emmenés là-bas. Ils sont vraiment à fond pour protéger l’ours de Gobi. Il en reste une cinquantaine et c'est un animal qu'on voit peu, qui vit dans un milieu très hostile.»

Mazaalai

Élise Rousseau

Éditions Albin Michel

Environ 272 pages

  • Élise Rousseau est naturaliste, ornithologue et cavalière.
  • Après des études de littérature et de philosophie, elle s’est tournée vers la protection de la nature avant de se consacrer à l’écriture et à l’illustration.
  • Autrice prolifique, elle a notamment publié Petite Philosophie des animaux avec son conjoint, Philippe Dubois. L’ouvrage a été traduit en 21 langues.
  • Sur le chemin des oiseaux vient également de paraître chez Grasset, fruit de ses observations en Bretagne, où elle vit.
  • Elle rêve de venir au Québec pour observer le harfang des neiges.
«Nous reprenons la route tandis que, satisfait d’avoir pu nous montrer tous ces passereaux dans un milieu aussi aride, content de lui et grisé de liberté, Philippe devise de bon cœur sur les trésors cachés du Gobi. Soudain, il sursaute, pris de répulsion:
«Ahhh, mais c’est quoi, ça?»
À fourrager dans les buissons, il a ramené dans le camion un hôte fort indésirable: une bête plate, munie de huit pattes crochues, de la taille d’une pièce de un centime, qui escalade méthodiquement son bras. Nous peinons à croire ce que nous voyons: cette bestiole répugnante est... une tique!
«Elle est énorme! s’écrie Philippe.»
- Élise Rousseau, Mazaalai, Éditions Albin Michel

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