Le gouvernement finance-t-il les hausses de salaire éventuelles avec les économies issues de la grève?
TVA Nouvelles
La Fédération autonome de l’enseignement (FAE) y est allée le tout pour le tout très tôt dans ses négociations avec le gouvernement en déclenchant une grève générale illimitée, une stratégie que d’aucuns peinent aujourd’hui à justifier.
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Interrogée par Alain Laforest quant à savoir si son syndicat n’avait pas pris la rue trop tôt dans les négociations, la présidente de la FAE, Mélanie Hubert, a assuré que c’était la «volonté des membres», et qu’il importait désormais de «sortir de la crise».
M. Laforest a interrogé une seconde fois la présidente afin de lui demander si, avec ce qu’il y a présentement sur la table de négociations, ses membres récupéreront le mois de salaire qu’ils ont perdu depuis le début de la grève.
Rappelons que la FAE en était jeudi à sa 19e journée de grève.
«Si on parle en termes financiers, sur le long terme, oui sans doute ils le récupéreront, mais ça ne se chiffre pas seulement en salaire. Ça se chiffre aussi en reconnaissance, en autonomie... ça a quel prix être capable de rentrer en classe et d’enseigner correctement avec une composition de classe rééquilibrée?», a détaillé Mme Hubert.
Selon l’animateur de l’émission La Joute, Paul Larocque, la question se pose de savoir si, avec la grève, le gouvernement n’a pas réalisé des économies qui, au fond, financeront éventuellement les hausses de salaire consenties.
Le jouteur Gaétan Barrette reconnait que c’est une possibilité, même si les sommes non versées par le gouvernement depuis le début de la grève ne dépassent pas selon lui 100 millions $, ce qui ne constitue qu'une petite part des sommes revndiquées. M. Barrette nuance par ailleurs la question.
«Dans ces négociations-là, à la fin, ça arrive qu’il y ait des arrangements pour atténuer la perte de salaire – ça arrive qu’au fil d’arrivée d’une entente il y ait un aménagement pour ce genre de choses», explique-t-il en ajoutant que ces arrangements sont rarement publicisés.
Yasmine Abdelfadel analyse quant à elle que les moyens de pression préconisés par la FAE sont non seulement au désavantage de ses membres, mais aussi au désavantage des élèves.
«La vérité, c’est que Mme Hubert, il va falloir qu’elle regarde ses membres dans le blanc des yeux et qu’elle leur dise pourquoi elle a proposé cette stratégie-là si elle n’avait pas la certitude que ça pouvait se régler en bas de deux semaines. Là, on est rendu à la quatrième semaine : les enfants en pâtissent, ses membres en pâtissent. Qui gagne là-dedans? Absolument personne», déplore la jouteuse.
Elsie Lefebvre ne peine pas pour sa part à s’expliquer la décision de la FAE et de ses membres, qui selon elle ont été acculés par le système.
«Imaginez comme elles sont déterminées [les enseignantes] et imaginez comment ça va mal dans les écoles si elles sont rendues à se dire qu’elles sont prêtes à perdre trois semaines de salaire», fait-elle valoir.
Pour connaitre l’avis complet des jouteurs, écoutez la vidéo au début de l’article.