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L'article provient de Le Journal de Montréal
Société

Le français en déclin: grillades in english only au RibFest du Plateau Mont-Royal

Un événement caritatif fait la controverse en raison de son affichage sans un seul mot de français

Photo Chantal Poirier
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Olivier Bourque

2022-08-20T04:00:00Z
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Vous entrez et rapidement la fumée des côtes levées vous accueille. Des affiches sans un mot de français vous proposent de manger les « Best Ribs », de goûter la « Best Sauce », le « Fabulous Mac and Cheese » et le « Corn Roasted ». « What would you want my friend ? » nous demande un cuisinier avec ses lunettes fumées, devant son gril. 

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Si vous pensez qu’il s’agit d’une scène dans le sud des États-Unis ou à Old Orchard Beach, détrompez-vous. Ça se passe ici, à la limite du Plateau Mont-Royal, lors d’un événement, le RibFest, qui se déroulera toute la fin de semaine. 

Photo Chantal Poirier
Photo Chantal Poirier

Le Journal s’est rendu sur place hier matin. Déjà plusieurs personnes se trouvaient sur le site situé sur le stationnement du Provigo, dans le secteur des Shop Angus. 

L’événement vise à amasser de l’argent pour l’organisation des Grands Frères et Grandes Sœurs du Grand Montréal (GFGSGM). 

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Le directeur de l’organisme avoue avoir été estomaqué lorsqu’il a vu les larges panneaux en anglais et l’environnement presque à 100 % dans la langue de Shakespeare. 

Entreprise ontarienne

« On a été sous le choc. On le leur a dit et on est tout à fait déçu de la situation », a affirmé Maxime Bergeron-Laurencelle. 

C’est une entreprise ontarienne, Ribs Royale BBQ, qui est responsable de ce déploiement. Elle faisait déjà affaire avec les GFGSGM de l’Ouest-de-l’Île qui ont tenu un événement similaire la semaine passée. 

« Ce sont eux qui nous ont conseillé de les embaucher, que la bouffe était bonne. C’est la première fois qu’ils viennent à Montréal et ils ne se sont pas ajustés. Habituellement, ils travaillent du côté anglophone, à Ottawa, Greenfield Park, etc. », a expliqué M. Bergeron. 

Rencontré par Le Journal, le propriétaire de l’entreprise s’est dit surpris de la controverse. 

Ils vont changer

« Nous sommes allés à plusieurs endroits au Québec, à Sherbrooke, à Mont-Saint-Grégoire, à Saint-Georges-de-Beauce, on nous a dit que tout était correct si on avait le menu en français aussi », a souligné Gus Sakellis. 

Le propriétaire de Ribs Royale BBQ, Gus Sakellis, s’est dit surpris de la controverse et a promis au Journal que des ajustements allaient être faits.
Le propriétaire de Ribs Royale BBQ, Gus Sakellis, s’est dit surpris de la controverse et a promis au Journal que des ajustements allaient être faits. Photo Olivier Bourque

De fait, une petite pancarte en français est installée à côté des comptoirs alimentaires. Mais, promesse de l’entrepreneur, il fera des changements à ses installations. 

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« Nous adorons le Québec. On veut rester ici. Nous allons faire des ajustements à notre affichage », a-t-il dit. 

C’est l’organisme Impératif Français qui a été alerté en premier de la présence de cette installation. 

« La cause en arrière de cela est bonne, mais tout le monde sait que c’est illégal face à la loi, mais ils le font quand même », s’est désolé son président Jean-Paul Perreault, en entrevue avec Le Journal.

Le français en déclin

Selon lui, cela arrive à un moment charnière où le français subit un déclin inexorable. Les données du recensement 2021 de Statistique Canada publiées cette semaine démontrent l’accélération de ce recul.

« Près de 50 ans après l’adoption de la Charte de la langue française, il y a encore des gens qui posent des gestes culturellement agressants et inacceptables », a déploré M. Perreault.

De son côté, l’Office québécois de la langue française (OQLF) a reçu une plainte et fera des vérifications. 

« La Charte prévoit que l’affichage public et la publicité commerciale doivent se faire en français », a rappelé le porte-parole Nicolas Trudel. 

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