Des Montréalais divisés face au déclin du français
Les opinions divergent beaucoup face aux nouvelles données sur la langue


Olivier Faucher
Des Montréalais sont divisés face à l’important déclin du français dans la région métropolitaine dévoilé aujourd'hui dans le recensement de Statistique Canada.
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«C’est quand même alarmant de manière générale», lâche Alexandre Beaudet, un travailleur de 51 ans du milieu de l’informatique.
«Ça ne me dérange pas. Ça ne veut pas dire qu’ils ne parlent pas en français non plus, quand ils sont au travail, à l’école ou autre», mentionne quelques minutes plus tard Christine Landry, 42 ans, qui travaille à l’Université McGill.
Les personnes croisées par Le Journal aujourd'hui à Montréal avaient des perceptions bien différentes de ce que signifiait l’importante baisse de l’utilisation du français à la maison dévoilée aujourd'hui par Statistique Canada.
Cette proportion a chuté de 2,4 % à Montréal entre les recensements de 2016 et 2021.
Résident du Plateau-Mont-Royal depuis son enfance, Alexandre Beaudet est à même d’observer ces changements statistiques dans sa vie de tous les jours.
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L’anglais s’entend plus
«Je n’entendais jamais d’anglais à l’est de Saint-Denis quand j’étais jeune, dans les années 70-80. Maintenant, on dirait que c’est presque 50/50.»
De son côté, Cassandra Berger ne voit pas de recul du français dans sa vie quotidienne et estime qu’il vaut mieux de ne pas être préoccupé par la situation.
«J’espère bien que [le déclin] va freiner, tient d’abord à dire la Française vivant à Montréal depuis six ans. Mais j’ai l’impression que s’inquiéter sur le sujet, devenir assez rigide et imposer le français absolument et exclusivement ne va pas inviter beaucoup de gens à l’apprendre.»
Christine Landry répond pour sa part qu’elle n’est «pas tant» inquiète de la situation.
«Je suis bilingue et ça ne me dérange pas qu’il y ait d’autres langues. [...] Je pense que c’est bien et que ça nous ouvre des portes dans la vie», pense celle qui parle surtout en anglais à la maison.
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Des touristes inquiets
Des touristes croisés par Le Journal n’ont pas aimé apprendre que la langue faisant la spécificité du Québec était de plus en plus mal en point.
«C’est pour les Québécois que je m’inquiète», explique Dominique Romanet, qui visite le Québec chaque été avec son mari depuis dix ans. Les deux viennent de la France.
«Il y a plus d’anglophones, poursuit-elle. On en entend plus dans la rue. À long terme, s’ils laissent faire, ça va disparaître [le français].»
«Je pense que le déclin de n’importe quelle langue est une mauvaise nouvelle et que c’est important de préserver la culture autour de la langue française», exprime Stephan Mount, qui vient de Vancouver et qui a grandi en Écosse.
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