Le détecteur de mensonges: Obama a planifié un «coup d’État», selon Donald Trump


Gabriel Ouimet
VÉRIF — Donald Trump a accusé cette semaine Barack Obama de «trahison», accusant le démocrate d’avoir comploté pour tenter d’invalider sa première victoire à l’élection présidentielle de 2016. C’est faux.
Un peu de contexte
Depuis deux semaines, Donald Trump fait des pieds et des mains pour détourner l’attention du public américain, alors que des liens l’unissant à Jeffrey Epstein, l’ex-magnat de la finance accusé d’avoir opéré un réseau de trafic sexuel impliquant des mineurs, refont surface.
Le 12 juillet, le locataire de la Maison-Blanche a publié un long message dans lequel il a accusé la gauche d’avoir inventé cette histoire.
Il en a ajouté une couche, quatre jours plus tard, en s’en prenant à ses propres partisans.
«Leur nouvelle arnaque est ce que nous appellerons à jamais le canular Jeffrey Epstein, et mes anciens partisans ont gobé cette “connerie” sans réserve», a-t-il écrit sur son réseau Truth Social.
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Quelques jours plus tard, le 20 juillet, le président a abordé une panoplie de sujets sur ses réseaux sociaux. Il a milité pour qu’une équipe de football revienne à son ancien nom, il a célébré des sondages favorables et il a attaqué ses adversaires politiques, tout en évitant de parler d’Epstein.
Le Wall Street Journal venait alors de publier une lettre bizarre que Trump aurait envoyée à Epstein à l’occasion de son 50e anniversaire.
Mensonge: Obama a tenté d’orchestrer un «coup d’État» contre Trump
Le républicain est revenu à la charge le 22 juillet en lançant des accusations contre Barack Obama.
«Ils ont essayé de voler l’élection [de 2016]», a lancé Trump lors d’une conférence de presse à la Maison-Blanche.
«Il est coupable. C'était de la trahison. C'était tout ce que vous pouvez imaginer», a-t-il poursuivi.
Le président faisait référence à un rapport publié la semaine dernière par la directrice du renseignement américain, Tulsi Gabbard, qui accusait Obama et certains de ses conseillers d'avoir mené «un coup d'État contre le président Trump pendant des années».
L’ancien président aurait tenté, selon Gabbard, de lier Trump aux actions prises par la Russie pour influencer l’élection de 2016 afin de le chasser du pouvoir.
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Les faits
Barack Obama n’a pas «comploté» ni organisé «un coup d’État».
Le 8 décembre 2016, peu de temps après la victoire de Donald Trump contre Hillary Clinton, un rapport préliminaire des services de renseignements américains sur une potentielle ingérence russe dans l’élection a été rendu à Barack Obama, qui servait toujours comme président.
Ce rapport indiquait que «les acteurs russes et criminels n'ont pas influencé les résultats des récentes élections américaines en menant des cyberactivistes malveillantes contre les infrastructures électorales».
La police fédérale (FBI), qui avait participé à la rédaction du rapport, a toutefois contesté les conclusions de l'enquête à la lumière de nouvelles informations.
Les services secrets américains ont ainsi demandé une nouvelle évaluation détaillant «les outils utilisés par Moscou et les mesures prises pour influencer les élections de 2016».
Un mois plus tard, en janvier 2017, il a été conclu que la Russie avait cherché à nuire à la campagne de Hillary Clinton et à aider celle de Donald Trump lors du scrutin.
Un rapport bipartisan publié en 2020 par la Commission du renseignement du Sénat est arrivé à la même conclusion.
Deux enquêtes spéciales déclenchées dans les années suivantes ont aussi confirmé que la Russie avait tenté de s’ingérer dans cette élection.
Ces enquêtes ont cependant précisé qu’aucune preuve ne permettait de confirmer que l’équipe de Trump avait participé aux tentatives de manipulation de l’électorat américain.
Le président républicain affirme aujourd’hui que ces enquêtes sont la preuve qu’un complot a été organisé après sa première élection pour tenter d’invalider sa victoire.
Donald Trump multiplie les mensonges à un rythme effréné depuis son retour à la Maison-Blanche. Pour vous aider à départager le vrai du faux, notre reporter Gabriel Ouimet décortique chaque semaine des affirmations trompeuses du président dans le cadre de sa série «Le détecteur de mensonges».