L’arbre qui cache la forêt: l’inflation baisse, les prix restent élevés
Le taux d’inflation atteint 3,6% au Québec et 2,8% au Canada


Julien McEvoy
L’inflation diminue au Québec, mais elle reste plus élevée que dans l’ensemble du Canada. Et à l’épicerie, elle augmente encore et toujours, passant le cap des 10%.
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Au Canada, l’inflation est maintenant de 2,8%, un chiffre si bas qu’il cache un peu la réalité, qu’il rend la nouvelle meilleure qu’elle l’est vraiment.
Pour le mois de juin, au Québec, le chiffre est d’ailleurs plus élevé, à 3,6%, indique le plus récent bilan publié mardi par Statistique Canada.
Les chiffres pour le mois de mai étaient de 3,4% au Canada et de 4% au Québec.
Pour Jolianne Anctil, comme pour bien d’autres, la montée des prix ne semble pas ralentir.
«Je la sens beaucoup plus pour mon deuxième enfant malgré la hausse de mon salaire», raconte la manucure de 31 ans, rencontrée avec son bébé de 6 mois, mardi.
La mère de famille ne peut que constater que «le prix de l’épicerie est élevé». «Mais tout autour, en parallèle, ça augmente aussi, alors c’est difficile», dit-elle.
Avec son conjoint, ils sont «en cheminement» pour acheter une maison, mais elle constate que «même les petites maisons valent 250 000$ de plus qu’avant».
En voilà une pour qui le 2,8% d’inflation – ou plutôt 3,6% au Québec – n’est que théorique.
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Un répit grâce à l'énergie
Au Québec, en excluant l’énergie, le taux d’inflation est aujourd’hui de 5,4%.
Le prix l’essence (-21,6%) a tellement diminué en juin qu’il fausse le bilan. Les consommateurs ont un répit cette année, alors que le prix du litre d’ordinaire atteignait plus de 2$ en juin 2022.
«Ça s’en va dans la bonne direction. Par contre, si on enlève l’énergie, il reste quand même 4,4% d’inflation dans le système», illustre David Dupuis, de l’Université de Sherbrooke.
Il a été surpris que ça ne remonte pas à plus que 3,4% au Canada. «En grattant à la surface, on se rend compte que le prix du logement, des aliments et de toutes les affaires qu’on fait quotidiennement, ça augmente encore», ajoute le responsable du baccalauréat en économique à Sherbrooke.
Au Québec, l’inflation à l’épicerie est passée de 9,2% en mai à 10,1% en juin, par exemple.
Pour l’ensemble du pays, le coût de l'intérêt hypothécaire est en hausse de 30,1%. La hausse de février, à 23,9%, était déjà la pire en 40 ans. C’était 28,5% en avril et 29,9% en mai.
De la vague dans le lac
David Dupuis est optimiste malgré tout, et ce, même «s’il y a de la vague dans le lac» présentement.
Pour s’en convaincre, il faut regarder du côté de la consommation, «qui n’a pas décroché, sauf pour un trimestre à la fin de 2022».
- Écoutez l'entrevue de Marie Montpetit avec Béatrice Bernard-Poulin, entrepreneure et auteure via QUB radio :
En avril, indique Statistique Canada, les ventes au détail ont bondi de 1,1% au Canada, pour une valeur de 65,9 milliards $. La hausse a été de 0,9% au Québec.
Son scénario le plus idéaliste est une normalisation d’ici un an, avec finalement un taux directeur de 2% à 3% et une progression des salaires de 3%.
«On va être capable de faire du paddleboard dans le lac sans trop se faire brasser», illustre-t-il.
− Avec la collaboration de Francis Halin
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