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L'article provient de Le Journal de Montréal
Affaires

Quand la Banque du Canada appauvrit les ménages au profit des mieux nantis

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Photo portrait de Michel Girard

Michel Girard

2023-07-15T04:00:00Z
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Le gros problème avec la forte hausse des taux d’intérêt? On appauvrit les pauvres et les gens endettés au profit des ménages non endettés qui ont beaucoup d’épargne à investir.  

Selon les banques centrales, comme la Banque du Canada ou la Réserve fédérale américaine, le meilleur remède de cheval pour combattre l’inflation, c’est le resserrement de la politique monétaire. 

Face à une inflation tenace, les bonzes de la Banque du Canada, sous la direction du gouverneur Tiff Macklem, ont jugé bon d’augmenter le taux directeur d’un niveau plancher de 0,25% en février 2022 à son niveau le plus élevé en 22 ans, soit 5,0% cette semaine. Par ricochet, toutes les institutions bancaires ont été forcées d’emboîter le pas à la Banque du Canada et ont ainsi ajusté leurs taux lors de chacune des 10 hausses survenues en l’espace des 16 derniers mois. 

Ainsi, les taux sur toute la gamme des prêts ont bondi d’autant ou presque, que ce soient les prêts hypothécaires, les prêts personnels, les prêts auto, les prêts aux entreprises, les prêts commerciaux et autres crédits à la consommation. 

Par voie de conséquence, les ménages et les entreprises se retrouvent (ou vont se retrouver) plus endettés que jamais alors que tout coûte énormément plus cher en raison de l’inflation. 

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LES VICTIMES HYPOTHÉCAIRES

Au nombre des plus mal pris, il y a tous les ménages qui ont misé sur les prêts hypothécaires à taux variable. En février 2022, juste avant le début de la série d’augmentations du taux directeur de la Banque du Canada, la fourchette des taux d’intérêt variables était de 1,47 à 1,87%, selon Statistique Canada. Aujourd’hui, la fourchette des taux hypothécaires variables va de 6,3 à 7,2%.

Par tranche d’hypothèque de 100 000$, amortie sur 25 ans, le ménage dont le taux hypothécaire variable a augmenté de 1,85% à 6,60%, soit de 4,75 points de pourcentage (comme le taux directeur) de février 2022 à aujourd’hui, se retrouve aux prises avec une hausse de mensualités hypothécaires de 62,4%. 

Par tranche de 100 000$, le ménage aura vu sa mensualité de 416,25$ en février 2022 atteindre maintenant 675,90$. Sur une base annuelle, on passe ainsi d’un débours de 4995$ à 8110$, soit une augmentation de 3115$ par tranche de 100 000$ d’hypothèque. Dans le cas d’une hypothèque de 300 000$, le supplément à payer annuellement s’élève à 9345$. Pour une hypothèque de 400 000$, c’est 12 460$. 

Les ménages détenant des hypothèques à taux fixe vont eux aussi se faire royalement éplucher le portefeuille lorsqu’ils renouvelleront leurs hypothèques respectives. 

Il y a à peine une quinzaine de mois, il était courant de se négocier une hypothèque à taux fixe sous la barre des 3%, même aussi bas que 2,5%. Aujourd’hui, le terme d’un an joue de 6,8 à 7,0%; celui de 3 ans de 5,90 à 6,54%; celui de 5 ans de 5,30 à 6,49%.

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UN TIFF MACKLEM INFLATIONNISTE

Voici un fait très important à souligner. Le grand manitou Tiff Macklem de la Banque du Canada laisse entendre que le taux directeur pourrait monter davantage si l’inflation continue de résister à son remède de cheval. 

Le hic? Il faut savoir que le principal facteur ayant contribué à la variation sur 12 mois (mai 2022 à mai 2023) de l’Indice des prix à la consommation, c’est le coût de l’intérêt hypothécaire, lequel a bondi de 29,9%. À cause de qui? Eh oui! De Tiff Macklem et sa politique de resserrement monétaire. 

Qui plus est, comme autre principal facteur inflationniste repéré par Statistique Canada, il y a l’entretien et les réparations effectués par le propriétaire avec un bond de 8,2% en l’espace de 12 mois.

Il va sans dire qu’à eux seuls, ces deux facteurs mettent dans le gros trouble des centaines de milliers de propriétaires de maisons et brisent carrément le rêve de milliers de jeunes ménages qui aspirent à accéder à la propriété. 

LES MIEUX NANTIS

Les ménages aux comptes d’épargne bien garnis, eux, sont les grands gagnants du resserrement de la politique monétaire de la Banque du Canada.

Il y a un an à peine, les certificats de placement garanti rapportaient des pinottes, du genre de 1 à 2,5% comme rendement. Aujourd’hui, vous pouvez obtenir du 5% pour les différents termes. Et même un peu plus chez les petites institutions bancaires, comme la Banque Laurentienne et ses filiales B2B Bank et LBC Trust, laquelle banque québécoise est à vendre. 

C’est également le pactole pour les investisseurs qui misent sur l’achat d’obligations municipales, provinciales ou fédérales, lesquelles présentent peu ou pas de risques si on les conserve jusqu’à échéance. 

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