L’accusée affirme être la victime dans son procès


Antoine Lacroix
La chercheuse universitaire qui aurait voulu pourrir la vie de son ex-amant a livré un témoignage émotif et complètement à l’opposé de celui du plaignant, mardi, affirmant que c’est elle qui a été victime d’abus.
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« L’emprise qu’il avait sur moi était psychologique. [...] J’étais une femme faible et vulnérable, facile à manipuler, a soutenu en pleurs Ann Letellier. J’en ai jamais parlé, j’avais trop peur des conséquences. »
La femme de 56 ans subit son procès au palais de justice de Sorel pour des accusations de harcèlement et d’extorsion envers son ancien amant, qu’on ne peut identifier en raison d’une ordonnance de non-publication.
Descente aux enfers
Ce dernier avait témoigné la semaine dernière de la « descente aux enfers » qu’il aurait vécue en raison de son ancienne maîtresse. Afin de détruire sa réputation, elle aurait envoyé des courriels à plus d’une trentaine de personnes, disant avoir été victime de sévices sexuels violents.
Or, la Couronne a affirmé au jury que ces allégations étaient sans fondement.
Devant le jury de 14 personnes, l’accusée a plaidé que c’est plutôt elle la victime dans cette affaire.
Lors de son témoignage, elle a ajouté avoir été dès le début dans une « relation obligée » avec le plaignant, qui, au départ, était dans une position d’autorité face à elle.
À plusieurs reprises, Ann Letellier a contredit le témoignage de son ex-amant, réprimant avec difficulté des sanglots.
« J’avais pas confiance en moi, j’avais aucune estime de moi, a-t-elle insisté, ajoutant que le plaignant avait profité de cet état d’esprit. Il avait le pouvoir sur mes études, sur mes revenus, je ne pouvais pas le contredire, je ne pouvais pas lui dire non. »
Forcée au silence
Elle a dit avoir été forcée de se livrer à plusieurs relations sexuelles, et que l’homme la forçait à garder le silence.
« J’étais à genou, en train de nettoyer [...] Il m’a mis un couteau sur la gorge, et il a dit : “tu vois que t’as pas ben le choix de faire ce que je te dis”. J’étais ambivalente, je n’étais pas sûre que c’était une blague. En réalité, j’ai compris qu’il était sérieux avec ce qui est arrivé par la suite », a-t-elle aussi raconté.
Il serait allé jusqu’à lui créer des postes à l’université, lui permettant d’avancer dans sa carrière, pour la garder « en otage », a-t-elle rapporté.
◆ Le témoignage d’Ann Letellier se poursuit mercredi.