La Semaine fête ses 20 ans: le jour où Anick Lemay parle de son cancer
François Hamel
Pratiquement un an, jour pour jour, après avoir appris qu'elle souffrait d'un cancer du sein — et avoir, du même coup, commencé à témoigner de son expérience sur le site Urbania —, Anick Lemay fait le point avec La Semaine.
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Anick Lemay apprend qu’elle souffre d’un cancer du sein le 5 mars 2018. Un mois plus tard, elle subit une double mastectomie. Mais, la veille de son opération, elle croit momentanément qu’elle a rendez-vous avec la mort. «Le 10 avril est une date significative: je pensais vraiment que j’allais mourir. C’était les derniers scans... Les médecins craignaient que mon foie, ma colonne et ma moelle épinière soient atteints. Si c’était le cas, ils ne m’opéraient plus, et je m’en allais en chimio palliative. Ça n’allait plus bien du tout.»
Heureusement, cette option est écartée assez vite. «J’étais dans un état pas possible, avec ma chum de fille, dans une petite salle, derrière un petit rideau. Je ne sais pas comment te décrire ça... On riait un peu, on pleurait un peu. Puis, après une heure et demie, on est venu me dire: “C’est correct, Anick. On t’opère demain.” Je n’ai jamais été aussi contente de ma vie... Là, j’étais sûre de m’en sortir.»
L’expérience de la maladie ravive son goût pour la vie. «Après le cancer, tu sais comment vivre et tu veux vivre. Mais le sens de la vie, c’est ma fille, Simone, mes parents; c’est l’amitié et l’amour. Ç’a toujours été ça. Mes valeurs n’ont pas changé, mais ce goût de vivre, il est gigantesque. Même quand je suis toute seule chez moi — j’adore la solitude —, cet amour du silence et le fait de juste prendre conscience que je suis bien prennent une dimension beaucoup plus grande. Tout a une saveur plus intense. Je ne m’ennuierai plus jamais, moi, dans la vie.»
L’opération qu’elle a subie aurait même aiguisé sa sensibilité face au danger et aux indésirables. «Aussitôt qu’on m’a ouvert la poitrine, il y a quelque chose qui ne s’est jamais refermé. Un homme avec qui j’ai travaillé, qui s’était aussi fait ouvrir la poitrine pour une opération au cœur, m’avait déjà dit: “J’espère que tu ne passeras jamais par là, mais tu vas voir qu’il y a quelque chose qui ne se referme pas.” Comme un canal ou je ne sais quoi. On dirait que j’ai le sensor plus allumé. Il y a quelque chose qui me dit: “Attention, change de trottoir, ne va pas là.”»
Tout au long de cette épreuve, Anik Lemay a la chance d’être particulièrement bien entourée. «Il y a Lyne, ma “wonder fée”, qui est passée par là elle aussi. Ma première chronique Urbania était destinée à mes chums de filles les plus proches, et c’est Lyne qui était là, avec moi, le 10 avril. Quand on a su que je me faisais opérer, elle est venue me reconduire chez moi, et on a bu du champagne. Je me suis couchée, puis elle est retournée chez elle et elle a écrit un courriel à toutes les filles: “Demain, elle se fait opérer, voici ce dont elle va avoir besoin.” Elle a fait la même chose la semaine avant la chimio... Elle a chapeauté tout ça. Les petites abeilles sont toutes arrivées, elles ont écrit leur nom, à telle heure, à telle date. Moi, je n’étais pas toute là. J’étais droguée — les antidouleurs, c’est fort. Mais je m’endormais sur Annie Brocoli et je me réveillais sur Geneviève Brouillette... Et ainsi de suite. Elles se sont organisées pour ne jamais me laisser toute seule.»