«C'est leur faute»: la mère de Norah et Romy déplore «l’inaction» de la SQ
Amélie Lemieux est toujours furieuse de ne pas avoir été prise au sérieux

Nicolas Saillant
Loin d’apaiser sa douleur, la mère de Norah et Romy Carpentier croit que les conclusions du rapport de la coroner viennent mettre en évidence « l’inaction » de la Sûreté du Québec, qui a eu 18 heures pour sauver ses filles.
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« On avait une chance, je suis persuadée de ça », lance Amélie Lemieux, la mère de Norah, 11 ans, et de Romy, 6 ans, tuées par Martin Carpentier le 9 juillet 2020 à Saint-Apollinaire. La mère de 37 ans avouait ne pas « en mener large » en cette journée où la coroner, Me Sophie Régnière, présentait officiellement les conclusions du rapport d’investigation rendu public la semaine dernière.
- Écoutez l'entrevue de la coroner Sophie Régnière avec Benoit Dutrizac sur QUB Radio:
Mme Lemieux se dit particulièrement blessée par « l’inaction » de la Sûreté du Québec lors de la disparition.
« Ils peuvent se backer tant qu’ils veulent, c’est leur faute », lâche-t-elle.
Selon la coroner, la SQ aurait pu « maximiser » ses chances de retrouver les fillettes en faisant appel au public rapidement. « Moi, je vis avec le constat », répond Amélie Lemieux, la voix cassée.

18 heures pour les trouver
La mère est particulièrement troublée par le délai entre l’accident survenu vers 21 h le 8 juillet et le décès de ses filles, tuées d’un coup de branche par leur père dans l’après-midi du 9 juillet.
« Il a donné 18 heures à la SQ », lâche-t-elle en parlant de Martin Carpentier. « Il avait besoin d’aide et il nous a donné 18 heures pour l’aider et on n’a pas été capables », dit la mère qui n’entretient aucune haine envers son ex-conjoint.
Avec colère, elle déplore ne pas avoir été prise au sérieux le soir du drame alors que les policiers cherchaient Martin Carpentier et les enfants. « Les enfants n’étaient pas en sécurité, je le savais », affirme Mme Lemieux qui a tenté, sans succès, de faire valoir ce point aux enquêteurs.
Le délai avant que l’alerte Amber ne soit diffusée heurte particulièrement la mère. « Il était déjà trop tard quand elle a été déclenchée », rage-t-elle.

La « visibilité énorme » offerte par l’alerte Amber aurait permis à des témoins de sortir plus tôt, est-elle persuadée, faisant ainsi écho à la coroner. « Ce n’est pas normal qu’ils me ramènent mes enfants dans une urne », souffle-t-elle en sanglots.
Amélie Lemieux « n’exclut rien » quant à la possibilité d’une éventuelle poursuite contre la SQ, bien qu’elle ne se dit pas en mesure de prendre une décision pour le moment. « J’essaye juste de gérer la nouvelle, de garder la tête hors de l’eau », répond-elle, blessée.
La SQ réagit
La SQ dit prendre « acte des recommandations du Bureau du coroner ». Elle ajoute accueillir « favorablement » celles-ci en disant avoir agi « proactivement », notamment en révisant le plan d’opération des alertes Amber pour lui donner « plus de flexibilité ».
Ce qu’ils ont dit :
« Faites ce que vous voulez, appelez ça une alerte Amber, appelez ça juste un avis de disparition, faites n’importe quoi, mais faites-le et à 6 h du matin, c’était là qu’il fallait que ça se fasse. »
– La coroner, Me Sophie Régnière
« Avec le recul, avec la connaissance du dossier, on est quand même d’avis que nous aurions pu diffuser de l’info un peu plus rapidement le matin du 9 juillet 2020. »
– Patrice Cardinal, inspecteur-chef, Sûreté du Québec
« Mes premières pensées vont à la mère des petites filles, à la famille et tous ceux qui les entouraient. »
– Geneviève Guilbault, ministre de la Sécurité publique
- Écoutez l’entrevue de Patrice Cardinal, inspecteur-chef de la Sûreté du Québec