Norme nickel: la hausse «envoie un signal» aux entreprises, admet le ministre Charette


Nicolas Lachance
Le ministre de l’Environnement Benoit Charette admet que l’augmentation de la norme de nickel a «des impacts» sur la venue du géant BAFS à Bécancour. Il refuse toutefois de juger le passé de cette entreprise qui a bafoué les lois environnementales aux États-Unis avec ses émissions.
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«C’est bien certain qu’il y a des impacts [avec] cette norme-là, on envoie un signal», a affirmé le ministre Charette lors d’une courte mêlée de presse mercredi matin à l’Assemblée nationale. «On confirme qu’on veut se fier sur les normes les plus probantes [...] Mais il ne faut pas faire un lien direct entre le changement de norme et l’annonce de BASF.»
Notre Bureau parlementaire dévoilait que le géant BASF, qui bâtira une usine de fabrication pour cathode et de recyclage de batterie à Bécancour, a violé durant plus d’un an la Loi sur la pollution du Michigan en y émettant trop de nickel. Québec veut justement multiplier cette norme d’émission quotidienne par cinq.
Même s’il y a un impact, il soutient que BASF se serait de toute façon installée au Québec avec la norme actuelle. «Mais c’est un environnement qu’on vient confirmer pour le nickel, oui. Et on sait que le nickel est fondamental pour la filière batterie, pour que l’on puisse électrifier nos transports et diminuer nos gaz à effet de serre.»
Pas inquiet
Le ministre refuse aussi de juger le passé pollueur de l’entreprise qui s’installera au Québec. «Je ne peux pas juger de ce qui s’est fait ailleurs. Je ne connais pas la réglementation de chacun des États américains», a déclaré le ministre Charette.
Ce dernier n’est pas inquiet du passé de l’entreprise. «En ce sens où nous avons nos propres règles environnementales», a-t-il mentionné.
En février 2021, le département de l'Environnement des Grands Lacs et de l'Énergie du Michigan a ordonné à BASF de verser à l'État une somme de 85 000$ US. Elle avait causé des dommages à l'environnement et à la santé publique.
«Je sais fort bien qu’au niveau du ministère, nous avons une direction du contrôle qui est très bien outillée et qui va s’assurer du respect de notre réglementation, alors, non, il n’y a pas d’inquiétude de notre côté», a dit M. Charette lors d’une courte mêlée de presse.
Préoccupée
La libérale Isabelle Melançon a attaqué le ministre en affirmant qu’il veut hausser le seuil de nickel dans l'air et compromettre la santé des citoyens et de l'environnement pour satisfaire une entreprise «Le chat sort du sac [...] Le vrai patron de l'environnement, c'est Fitzgibbon. Et ce n'est pas rassurant», a-t-elle écrit sur Twitter.
Le 🐱 sort du sac! Le ministre Charette veut donc ⬆️ le seuil de #nickel dans l'air et compromettre la santé des cit. et de l'envir. pour satisfaire une entreprise! Le vrai patron de l'#environnement, c'est Fitzgibbon. Et ce n'est pas rassurant! #polqc https://t.co/hAQlatA7nH
— Isabelle Melançon (@Isamelancon) March 16, 2022
«C'est extrêmement inquiétant de voir qu'il y a une nouvelle entreprise qui s'en vient sur le territoire du Québec et que cette entreprise-là ne semble pas être préoccupée de respecter les lois environnementales», a souligné la co-porte-parole de Québec solidaire Manon Massé.
Le chef du PQ, Paul St-Pierre Plamondon, espère qu’on «n'empoisonnera pas l'air des gens en fonction de l'intérêt d'une entreprise».