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L'article provient de Le Journal de Québec
Monde

La difficile avancée des droits des peuples autochtones à travers le monde

Photo AFP
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Agence France Presse

2023-10-12T13:59:22Z
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Existence légale, rétrocession de terres, indemnisations... Les droits des peuples autochtones dans le monde ont connu dernièrement des avancées erratiques. Voici quelques exemples au moment où l'Australie se prononce sur une reconnaissance constitutionnelle des Aborigènes.

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Après plus de 20 ans de débat, les peuples autochtones ont été officiellement reconnus par la «Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones» en 2007: ils représentent 6% environ de la population mondiale, mais 19% des personnes vivant dans une extrême pauvreté, selon la Banque mondiale. Sur leurs terres, cruciales pour leurs ressources et constitutives de leur identité, est aussi concentrée 80% de la biodiversité mondiale.

Canada

Le Canada, qui n'a adhéré qu'en 2021 à la Déclaration des Nations unies, a accordé ces dernières années des milliards de dollars de dédommagement aux descendants des premiers habitants du pays pour les "préjudices" subis pendant un siècle. La découverte récente de nombreuses tombes anonymes d'enfants, internés de force dans des pensionnats, a provoqué une onde de choc.

Les populations autochtones du Canada continuent d'être plus pauvres, davantage victimes de crimes violents et d'avoir une espérance de vie plus faible que les autres Canadiens.

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Japon

Tokyo ne reconnaît légalement qu'en 2019 les Aïnous comme «peuple indigène», après des décennies de discriminations et d'intégration forcée. En 1869, l'empire du Japon annexe leurs îles et bannit leurs pratiques jugées «barbares». Il y a quelque 13 000 Aïnous, selon un recensement en 2017.

Il est encore plus difficile de dénombrer la population du peuple ryukyu, autre principal peuple autochtone du Japon dont le royaume - une chaîne d'îles au sud du pays annexée en 1879 - a subi le même sort. La plupart des 1,5 million d'habitants d'Okinawa sont d'ascendance ryukyu. Ils n'ont aucun statut ethnique officiel.

Guyane française

En Guyane, l'attribution de 400 000 hectares aux peuples autochtones, soit 6% du territoire, a été promise par les «Accords de Guyane», signés en 2017 après une longue crise sociale paralysant la région française d'Amérique du Sud. Six ans après, cette rétrocession est encore à la peine.

Un organe représentatif des peuples amérindiens et Bushinengues a aussi été créé en 2018 mais il est très décrié pour son manque d'indépendance vis-à-vis de l'État.

Brésil

Au point mort sous le mandat du président d’extrême droite Jair Bolsonaro, l'homologation de réserves (près de 14% du pays), cruciale pour les 1,7 million d'autochtones (0,83% de la population), a repris sous son successeur de gauche Lula, avec huit homologations depuis avril.

La Cour suprême brésilienne vient de conforter le droit inaliénable des autochtones à occuper leurs terres ancestrales. Cette décision leur garantit l'usage exclusif des ressources naturelles et la protection de l'État contre trafiquants de bois et orpailleurs. Mais une loi adoptée dans la foulée au Sénat va à l'encontre de cette reconnaissance. Le débat politique et juridique n'est pas clos.

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Europe du Nord

Norvège, Suède et Finlande se sont lancées dans un tardif travail d'introspection - avec des commissions dédiées - sur les violences et tentatives d'assimilation imposées par le passé aux Samis, peuple d'éleveurs et de chasseurs des contrées arctiques considéré comme la dernière population autochtone d'Europe.

En Norvège, les Samis éleveurs de rennes, dont l'activité est menacée par le réchauffement climatique et les activités industrielles, multiplient les actions contre le maintien d'éoliennes sur la péninsule de Fosen, pourtant jugées illégales en 2021. Oslo espère parvenir à une coexistence entre éoliennes et éleveurs.

Équateur

En août, les Équatoriens ont approuvé la fermeture du bloc pétrolier de Yasuni, sur le territoire ancestral des Waorani. Une «décision historique» pour les défenseurs de l'environnement et les communautés amazoniennes.

Après une révolte historique en 1990, le gouvernement avait cédé 2,3 millions d'hectares de terres aux peuples autochtones du pays, l'un des rares où ils constituent un véritable contre-pouvoir. Entre 1997 et 2005, trois présidents ont ainsi été renversés à la suite de soulèvements auxquels participait la puissante Confédération des nationalités indigènes.

Botswana

Très marginalisés, les Bushmen ont été évincés en trois vagues (1997, 2002 et 2005) de la réserve du Kalahari central au Botswana, où se trouvent des gisements de diamants.

Pourtant la justice botswanaise a jugé en 2006 leur éviction «illégale et inconstitutionnelle» et en 2011, ils obtiennent le droit d'accéder à l'eau de cette réserve.

Mais, selon l'ONG Survival International, le gouvernement botswanais continue de les persécuter, comme en interdisant la chasse en 2014. Confinés dans des camps de relocalisation, ils dépendent de rations alimentaires.

Il ne resterait que 100 000 Bushmen répartis entre Botswana, Namibie, Afrique du Sud (où ils sont appelés Xhoï-Sans) et Angola.

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