La Cour autorise la vente de Lion Électrique à Vincent Chiara
Les acheteurs ne paieront presque rien pour mettre la main sur le constructeur d’autobus


Sylvain Larocque
La Cour supérieure a donné son aval, jeudi, à la vente de Lion Électrique à un groupe mené par l’investisseur immobilier Vincent Chiara.
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La transaction donne des «résultats mitigés», a reconnu le juge Michel Pinsonnault, en faisant allusion au très faible prix offert par les acheteurs et au fait que les salariés licenciés ne récupéreront probablement pas toutes les sommes que le constructeur d’autobus scolaires leur doit. C’était toutefois la seule voie possible pour permettre à l’entreprise de survivre, a-t-il constaté.
Rappelons que depuis 2020, environ 230 millions $ de fonds publics ont été investis dans Lion, qui a été fondée en 2008 par Marc Bédard.
«Particulièrement modeste»
La somme précise que verseront M. Chiara et son partenaire, Pierre Wilkie, pour mettre la main sur les actifs de Lion n’a pas été divulguée, mais il s’agit d’un montant symbolique.

«Le recouvrement [...] est particulièrement modeste dans ce cas-ci, tellement modeste qu’ils [Lion] ne sont même pas capables de verser [les bonis] aux employés qui ont travaillé à la restructuration, dont les membres de la direction. Les employés-clés qui ont travaillé au dossier n’obtiendront pas ce qu’on leur avait promis au début du processus», a déclaré au tribunal l’un des avocats de l’entreprise, Guy Martel.
On ne sait pas encore si les centaines d’ex-travailleurs de Lion seront admissibles au Programme de protection des salariés, qui pourrait leur permettre de toucher les payes de vacances et les indemnités de départ que l’entreprise ne leur a pas versées.

Ils perdront tout
Lion, qui s’est placée à l’abri de ses créanciers en décembre, n’a presque plus d’argent dans ses coffres. Les actionnaires de l’entreprise, parmi lesquels on comptait Power Corporation (34,1%), Investissement Québec (0,7%) et des centaines de petits investisseurs, perdront tout dans la restructuration.
Les nouveaux propriétaires promettent de relancer la production de véhicules aux installations de l’entreprise à Saint-Jérôme. Ils ne reprendront toutefois pas l’usine de batteries de Mirabel, construite à grands frais avec l’aide de Québec et d’Ottawa.
Lion pourra à nouveau bénéficier du Programme d’électrification du transport scolaire, qui a récemment été bonifié et qui est doté d’une nouvelle enveloppe de près de 500 M$. Les subventions provinciales pour l’achat d’un autobus sont passées de 175 000$ à 240 000$ par unité.
«Nous sommes soulagés de voir que les [1300] autobus électriques Lion qui sont sur nos routes en ce moment ne se retrouveront pas orphelins et qu’ils auront droit à la garantie et au service après-vente qui leur est dû», a réagi le PDG de la Fédération des transporteurs par autobus, Luc Lafrance.
«Nous sommes contents de voir qu’un groupe d’investisseurs a pu s’ajuster pour que son projet de relance soit accepté», a quant à lui affirmé Éric Rancourt de l’Association internationale des machinistes et des travailleur de l’aérospatiale, qui représente les salariés de l’usine de St-Jérôme.
AIDES PUBLIQUES À LION ÉLECTRIQUE
Gouvernement du Canada
- Août 2021: 50 M$ (prêt en partie pardonnable)
Gouvernement du Québec
- Mars 2020: 5 M$ (débenture)
- Juillet 2021: 50 M$ (prêt)
- Juillet 2023: 46,3 M$ (débenture)
Investissement Québec
- 2021-2022: 18,9 M$ (actions)
- 2023-2024: 19,8 M$ (actions)
Caisse de dépôt et placement du Québec
- Novembre 2022: 15 M$ (facilités de crédit)
Fonds de solidarité FTQ
- 2023: 25 M$ (prêt)
TOTAL: 230 M$
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