L'État, c'est lui: retour sur l'étourdissante première semaine de Trump

AFP
Son allié Elon Musk s'est félicité du «retour du roi», Donald Trump a repris le pouvoir à un rythme étourdissant, et de manière très méthodique.
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Sa prestation de serment a eu des allures de sacre, lundi sous la coupole du Capitole - la cérémonie a traditionnellement lieu en plein air, mais a dû être rapatriée à l'intérieur pour cause de froid glacial.
Dans ce décor de cathédrale, le 47e président a invoqué une forme d'onction divine, en lançant: «Dieu m'a sauvé (d'une tentative d’assassinat l'été dernier) pour que je rende sa grandeur à l'Amérique.»
Une scène résumant bien la première semaine du second mandat, Trump s'est déroulée lundi soir dans le Bureau ovale.
Devant des journalistes, le républicain signe à tour de bras avec d'épais feutres noirs des décrets, dont l'un porte sur la lutte contre l'immigration clandestine.
Une journaliste interroge le républicain sur un possible blocage des mesures par les tribunaux, il lance: «Je ne crois pas qu'ils peuvent.»
Puis l'ancien animateur de télévision demande à un photographe de changer de place et d'angle de vue: «Allez vous mettre là-bas.»
«Transparence»
En quelques minutes, Donald Trump a montré sa volonté d'étendre le pouvoir présidentiel ; illustré le formidable degré de préparation de ce retour à la Maison-Blanche, avec une montagne de décrets et de circulaires déjà imprimés ; et rappelé sa capacité à saturer l'espace médiatique tout en contrôlant son image.
En direct sur le tarmac d'un aéroport ou à la Maison-Blanche, en visioconférence avec les grands patrons de Davos ou en interview sur Fox News, dansant en smoking une épée à la main le soir de l'investiture: depuis lundi, Donald Trump occupe les écrans de télévision, partout, tout le temps.
Là où son prédécesseur Joe Biden fuyait la presse, le républicain a déjà répondu à des dizaines, si ce n'est des centaines de questions.
«Bienvenue à la Maison-Blanche, où la vérité et la transparence comptent!», a clamé sa porte-parole Karoline Leavitt.
Elle n'a toutefois pas repris la pratique du «briefing» quotidien avec les journalistes accrédités.
Difficile donc de glaner des précisions sur les premières décisions de Donald Trump.
Toutes visent à assoir son autorité: face aux juges, face au Congrès, face aux puissants États américains, face au reste du monde.
«Pas un roi»
Il a remis en cause dans un décret le droit du sol, garanti par la Constitution, déclenchant immédiatement une salve d'actions en justice.
«Le président a du pouvoir, mais n'est pas un roi», s'est insurgé Matthew J. Platkin, un procureur du New Jersey cité par le New York Times.
Donald Trump a aussi menacé de supprimer les aides versées à la Californie, bastion démocrate, pour lutter contre les feux de Los Angeles.
Il a ignoré les réticences de certains élus conservateurs pour accorder sa clémence à quelque 1600 assaillants du Capitole le 6 janvier 2021, y compris les plus violents.
Il a fait passer aux forceps au Sénat la nomination de son ministre de la Défense, Pete Hegseth, malgré les réticences de ténors républicains.
Et il a adressé aux grands patrons réunis à Davos un message clair: produisez en Amérique ou préparez-vous à payer des droits de douane.
Son premier mandat avait laissé une impression d'improvisation permanente.
Cette fois, son équipe prend en main l'appareil d'État de manière implacable et minutieuse.
Une sénatrice démocrate, Elizabeth Warren, a dénoncé une «purge» en apprenant dans la presse le renvoi de nombreux inspecteurs généraux, des fonctionnaires indépendants chargés de lutter contre la corruption au sein de l'administration.
Au sommet
De notes discordantes de ce type, il n'y en a pas eu beaucoup depuis lundi, ou plutôt elles ont été étouffées dans le fracas incessant des déclarations et des annonces.
Une voix a résonné cependant, celle de l'évêque épiscopalien de Washington, Mariann Budde.
Pendant un service religieux auquel Donald Trump assistait mardi, elle l'a exhorté à faire preuve de «miséricorde» pour les migrants et les enfants transgenres.
Le républicain a régi avec colère, parlant d'une «pseudo-évêque» qui serait une «extrémiste de gauche».