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L'article provient de Le Journal de Montréal
Affaires

L’effet domino des tarifs de Trump inquiète des entreprises du Québec

Serge Fraser, président d’Optimoule.
Serge Fraser, président d’Optimoule. Photo fournie par Optimoule
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Photo portrait de Louis Deschênes

Louis Deschênes

2025-03-05T05:00:00Z
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Même si elles ne sont pas directement dépendantes des États-Unis, des entreprises québécoises craignent l’effet domino que vont engendrer les tarifs douaniers américains.

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C’est le cas d’Optimoule à Thetford Mines, qui réalise 20% de ses ventes aux États-Unis, ce qui d’emblée n’est pas catastrophique.

Par contre, ce qui tourmente le président de l’entreprise, Serge Fraser, c’est que ses deux usines sont tributaires d’une clientèle canadienne qui exporte à la hauteur de 75% vers nos voisins du sud.

«Si les tarifs restent en vigueur plusieurs mois, je m’attends que ça ne sera pas joli», prévient-il.

Hécatombe en Ontario

L’homme d’affaires a également une pensée pour ses homologues ontariens qui vivent déjà l’enfer puisque plusieurs gagnent leur vie avec les constructeurs de véhicules.

«Les moulistes comme nous à Windsor c’est déjà l’hécatombe», affirme sans hésiter M. Fraser.

«Ils vendent des moules dans le secteur de l’automobile à Detroit [...] Pour nous ce n’est pas le fun, mais eux c’est une catastrophe.»

Photo fournie par Sollum Technologies
Photo fournie par Sollum Technologies
Investisseur prudent

Pour Sollum Technologies, la taxe de Donald Trump viendra certainement ralentir la volonté d’expansion aux États-Unis.

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Mais encore une fois, c’est l’effet domino des tarifs qui cause des remous au sein de la PME montréalaise.

Le président Louis Brun explique que si le producteur en serre avec qui il travaille exporte 50% de sa culture aux États-Unis, évidemment qu’il peut y avoir un impact sur de futurs investisseurs.

«Si le client se prépare à me donner un contrat pour mon système d’éclairage [...] mais que ses ventes à lui diminuent, il va falloir qu’il revoie ses priorités et il n’a peut-être plus les moyens d’investir dans mon produit», explique-t-il.

L’entreprise a d'ailleurs contacté tous ses clients afin de connaître l’ampleur de leurs exportations vers les États-Unis, ce qui permettra à Sollum de voir venir les coups.

Des entrepreneurs avec des réalités différentes

Photo courtoisie Guru
Photo courtoisie Guru
Moins d’incertitude

«Ce serait mieux s’il n’y avait pas de tarifs, mais au moins, maintenant, il y a moins d’incertitude, on sait plus à quoi s’en tenir», lance le PDG de la compagnie de boissons énergisantes naturelles Guru, Carl Goyette, en entrevue avec Le Journal.

Ces certitudes ont toutefois un prix: le cours de l’action de l’entreprise a chuté de plus de 10% mardi après l’entrée en vigueur des droits de douane de Donald Trump.

«Il y a des fluctuations en Bourse sur tout», relativise M. Goyette, tout en convenant que «les investisseurs ont raison d’être inquiets en général», dans le contexte actuel.

«Concrètement, pour nous, les tarifs ne changent rien aujourd’hui. On avait déjà envoyé cinq mois d’inventaire aux États-Unis, et on est prêt à lancer la production là-bas pour desservir le marché américain si ça devient nécessaire», rappelle-t-il.

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«On a changé nos plans»

«On était en percée du marché américain, mais on a changé nos plans et on redirige nos énergies vers le Canada», explique Tony Vachon, vice-président d’Omega, une entreprise qui fabrique des systèmes de filtration.

Les tarifs douaniers ont beau être entrés en vigueur mardi, la compagnie de Lévis ne freine pas ses élans commerciaux aux États-Unis pour autant. «On continue de chercher des clients là-bas. On ne sait pas si cette situation-là va durer longtemps ou non, il y a encore de l’incertitude», ajoute M. Vachon.

«En attendant, on regarde aussi pour exporter uniquement les composantes critiques aux États-Unis pour faire l’assemblage là-bas. C’est ce qu’on envisage présentement pour diminuer l’impact sur nos clients américains.»

Dans le noir

Beaucoup de propriétaires de PME sont dans le noir en ce moment, incertains de savoir si les tarifs américains ou les contre-tarifs canadiens les affecteront. C’est le cas de Guillaume Soumis,  propriétaire de la boutique RaquetteVille à Sainte-Thérèse, sur la Rive-Nord.

«Les articles de sport ne semblent pas faire partie des produits affectés, mais c’est difficile de trouver une liste détaillée, dit-il. On n’a pas encore reçu de consignes des compagnies avec qui on fait affaire à ce sujet.»

M. Soumis, qui vend tout ce qui touche aux sports de raquettes – tennis, badminton, pickleball –, ne craint pas des hausses de prix à court terme, mais ignore ce qui se passera dans quelques mois.

«La plupart des entreprises, même américaines, ont des entrepôts au Canada. Donc les raquettes sont déjà ici. Mais lorsque viendra le temps de renflouer les stocks, on ne sait pas ce qui va arriver...»

– Avec Gabriel Côté et David Descôteaux

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