L'autrice Jean Hegland revient avec «Le temps d’après», la suite de son roman culte «Dans la forêt»
Le temps d’après
Marie-France Bornais
L’écrivaine américaine Jean Hegland, autrice du livre culte Dans la forêt, revient presque 30 ans plus tard avec une suite qui suscite beaucoup d’intérêt, Le temps d’après. Elle raconte ce qui arrive au jeune Burl, 15 ans, après l’effondrement de la société technologique, alors qu’il vit au cœur de la forêt, isolé, avec ses deux mères, Eva et Nell. Près d’une souche énorme, la famille s’est construit une vie, en marge du monde d’Avant. Mais Burl brûle de curiosité pour ces autres humains qu’il ne connaît qu’à travers les histoires.
Jean Hegland, une écrivaine au style inimitable, s’est plongée dans la suite de son roman à succès il y a environ sept ans. «Après avoir écrit Dans la forêt, je continuais toujours de penser aux personnages, de m’inquiéter pour eux», dit-elle en entrevue, lors de son récent passage au Québec.
«C’est très gratifiant de réaliser que plusieurs lecteurs ont eu la même réaction et m’ont demandé si je considérais écrire une suite. Pendant un quart de siècle, j’ai dit non, parce que j’étais occupée à écrire d’autres livres et aussi parce que je ne voulais pas écrire le même livre deux fois.» Puis elle a changé d’idée et s’est mise au travail.
Une réflexion sur le monde technologique
En explorant des questions qui la préoccupaient, Jean Hegland a longuement réfléchi sur la société technologique, le monde vivant et les valeurs humaines profondes.
«Les êtres humains aiment la technologie, et la technologie vient en toutes sortes de versions, de l’IA jusqu’aux pierres et aux pointes de flèches. Je pense que le danger, avec le monde technologique dans lequel plusieurs d’entre nous vivons maintenant, c’est qu’il nous permet d’oublier temporairement que toutes les technologies nous parviennent grâce au monde vivant.»
«Le problème avec la technologie, c’est que ce n’est pas durable. Nous passons à travers les cadeaux du monde naturel beaucoup trop vite. Je pense qu’il faut repenser à ce qui est le plus important et ce qu’on peut faire qui ne causerait pas autant de dommage.»
S’intéresser au monde vivant
Jean Hegland, une adepte de camping et de randonnée, adore passer du temps en nature. «Quand j’ai décidé d’écrire Dans la forêt, mon mari et mes deux filles, qui étaient très jeunes, venions de nous installer dans une forêt du nord de la Californie qui ressemble beaucoup à celle que je décris dans ces deux livres. Un des grands plaisirs d’écriture a été d’en apprendre davantage sur cet endroit, en passant beaucoup de temps dans la forêt et en faisant beaucoup de recherches.»
«J’ai appris comment faire la cueillette de nourriture sauvage, j’ai appris beaucoup aux côtés d’un pisteur professionnel qui allait dans la forêt pour voir les pistes des animaux. Tout mon travail d’écriture est nourri par ma volonté d’en savoir plus, d’expérimenter plus.»
Sa maison détruite par les feux
Cette écrivaine engagée est également très préoccupée par les dérives de la société actuelle et par les changements climatiques. Elle a elle-même perdu sa maison – et sa bibliothèque de 7000 ouvrages – lors des incendies qui ont ravagé le nord de la Californie il y a quatre ans.
Elle a de l’espoir, malgré tout. «Ça a été inspirant de voir qu’en dépit de tout ça, les plantes ont recommencé à pousser et les animaux reviennent. Quand on lui en donne la chance, la Nature veut continuer.»
«En dépit de toute la cruauté et la façon monstrueuse qu’ont certaines personnes d’agir les unes envers les autres, beaucoup de gens sont généreux et aimables et veulent travailler ensemble pour les bonnes choses. On n’a pas de garantie... mais on ne devrait pas cesser d’espérer.»
Le temps d’après
Jean Hegland
Éditions Gallmeister
352 pages
- Jean Hegland est née en 1956 dans l’État de Washington.
- Son premier roman, Dans la forêt, a été publié en 1996. Il a connu un succès exceptionnel aux États-Unis.
- Il a été traduit en français en 2017 et est devenu depuis un livre culte.
- Elle vit au cœur des forêts du nord de la Californie et partage son temps entre l’écriture et l’apiculture.
«Notre vie a été une formidable expérience», c’est ce que Nell dit parfois. Sans les anciens pour nous guider et nous apporter la sagesse, et les réflexions et les coutumes des autres peuples pour façonner nos journées, on a dû se débrouiller tout seuls, essayer et essayer encore de trouver ce qui allait le mieux. Eva dit que tout le savoir dont nous aurons jamais besoin croît autour de nous dans la Forêt, et Nell qu’on attraperait bien mieux ce savoir si seulement on pouvait vivre nos vies au rythme des arbres.»
– Jean Hegland, Le temps d’après, Éditions Gallmeister
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