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L'article provient de Clin d'oeil
Style de vie

L'application Tea, qui permet d'échanger des informations sur des hommes, subit une deuxième fuite de données

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Juliette de Lamberterie

2025-07-31T11:00:00Z
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Cette application, qui existe depuis 2023, est devenue virale dans les dernières semaines: à la manière des groupes Facebook tels Are We Dating the Same Guy? (Sortons-nous avec le même homme?), Tea permet aux femmes de faire des recherches et de publier de l'information sur des hommes pour vérifier leur passé. Vendredi dernier, l'application subissait une grave fuite de données. Lundi, une deuxième fuite, encore plus grave, a été déclarée.

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Tea App / Page Facebook
Tea App / Page Facebook

En quoi consistent ces fuites?

«Il est difficile de surestimer la sensibilité de ces données et la manière dont elles pourraient mettre en danger les utilisatrices de Tea si elles tombaient entre de mauvaises mains», écrit-on dans 404 Media, qui rapportait la nouvelle du deuxième bris de sécurité de Tea, le lundi 28 juillet.

Cette application, qui permet aux femmes de publier des informations sur les hommes qu’elles ou leurs proches auraient fréquentés dans le passé, de manière anonyme, avait déjà subi une fuite importante vendredi dernier.

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72 000 photos avaient été piratées, incluant surtout des photos d’identification des utilisatrices. Car pour se connecter à Tea, uniquement réservée aux femmes, toutes les utilisatrices doivent au préalable présenter une photo pour «prouver» leur genre, traitée par l'IA. Cela pose d'ailleurs déjà des questions: comment l'IA détermine-t-elle ce qu'est une femme?

Tea App / App Store
Tea App / App Store

Peu après la fuite, certaines de ces images se retrouvaient déjà sur des pages du forum 4chan, connu pour sa prolifération de contenu sexiste et raciste. On ignore encore qui est responsable du piratage.

Avant la fuite, lorsque Tea est devenue virale il y a quelques semaines, des hommes s’encourageaient déjà à signaler l’app, sur des subreddits comme Men’s rights ou unpopular opinions, rapportait Glamour. On y disait que les femmes «laides» utilisaient l’app pour «mentir».

Lundi, 404 Media rapportait que c’était cette fois des millions de conversations privées qui étaient à risque de se faire pirater. Ces messages incluent notamment des informations sur les avortements d’utilisatrices, leur numéro de téléphone, leur identité ou celle d’hommes qu’elles accusent. Et contrairement à la première fuite, qui n'incluait que des bases de données s'arrêtant à février 2024, les messages pouvant être piratés sont aussi récents que la semaine dernière.

Tea App / App Store
Tea App / App Store

De plus, bien que les utilisatrices aient pour la plupart utilisé des pseudonymes, 404 Media rapporte qu’il n’est pas difficile de retracer leur identité, et l’ont fait avec succès pour plusieurs d'entre elles pour le montrer. 

Tea se voulait un safe space pour les femmes

L'application Tea a été fondée par Sean Cooks, un entrepreneur de la tech qui a eu l'idée après avoir vu sa mère traverser de mauvaises expériences en dating, comme fréquenter des hommes sans savoir qu'ils avaient un casier judiciaire ou être victime de catfishing (cyberimposture).

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En partenariat avec la podcasteuse et influenceuse Danielle Szetela, il a développé Tea, qui offre trois fonctions principales pour faire une sorte de background check. Premièrement, une recherche d'image inversée pour identifier des faux profils ou du catfishing. Deuxièmement, une recherche de numéro de téléphone, pour déceler un mariage ou une relation amoureuse secrète. Troisièmement, un outil pour vérifier si l'homme en question a un casier judiciaire ou se trouve sur le registre des délinquants sexuels. 

Tea App / App Store
Tea App / App Store

L'application offre aussi un forum pour s'échanger des conseils ou des questions, et même attribuer des évaluations et des «drapeaux rouges ou verts» à des hommes. En date du 30 juillet, Tea trône encore au premier rang des applications lifestyle les plus téléchargées, avec plus d'un million de femmes s'étant inscrites la semaine dernière. 

Sécurité ou surveillance?

Dans un contexte de misogynie ambiante de plus en plus décomplexée, les communautés comme celles de Tea ont explosé en popularité. On l'a vu avec les groupes Facebook Are we dating the same guy?, où les femmes peuvent afficher des hommes abusifs ou qui auraient trompé leur partenaire. Ces groupes, comme Tea, sont vendus comme un espace où les femmes peuvent reprendre leur pouvoir et leur sécurité. 

Capture d'écran du groupe "Are We Dating The Same Guy?" via Facebook
Capture d'écran du groupe "Are We Dating The Same Guy?" via Facebook

Bien que des hommes sentent que leur vie privée a été envahie en découvrant que des photos d'eux circulent sur l'application, CNN détermine que tout ce qui est posté sur Tea est généralement légal; souvent, ces photos ont été autopubliées volontairement ailleurs sur le Web. Il serait aussi difficile de poursuivre l'app pour diffamation pour toutes sortes de raisons.

Toutefois, elle soulève quand même des questions complexes: Tea est-elle le dernier exemple de la culture de surveillance dans laquelle on vit? Favorise-t-elle un climat qui nous pousse à sans cesse exposer les autres, peu importe la gravité des actes? Il y a aussi la subjectivité de l'affaire: tout le monde ne vit pas les mêmes situations de la même manière. Bref, Tea nous force à faire face aux grandes questions légales, éthiques et sociales de notre ère digitale, qui devront continuer à être explorées dans les années à venir.

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