«Juliette à Berlin»: faire tomber les murs

Marie-France Bornais
Romancière extrêmement populaire – la série Juliette s’est vendue à plus de 600 000 exemplaires –, Rose-Line Brasset invite ses jeunes lecteurs à suivre les aventures de sa jeune héroïne au cœur de Berlin, en Allemagne. Faisant référence à l’Histoire, elle saisit l’occasion de parler du Mur de Berlin... mais aussi des murs qui se dressent parfois entre les gens, au sens propre comme au figuré. La communication à tous les niveaux, même par les arts visuels, est ainsi au cœur de ce nouveau roman.
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Dans cette nouvelle aventure, déjà la 18e d’ailleurs, Juliette et sa mère s’envolent vers l’Allemagne. À Berlin, le voyage prend une tournure inattendue puisque deux amis rencontrés lors d’un voyage précédent viennent les rejoindre.
Juliette devra apprendre à partager son temps et son espace avec un garçon et rencontrera également un jeune Berlinois avec qui elle fera son apprentissage dans les arts de la rue.
Rose-Line Brasset s’est passionnée pour cette nouvelle histoire de Juliette.
« C’est le roman dont je suis le plus fière, parce que j’ai l’impression que c’est celui qui est le plus maîtrisé au niveau des thèmes que je voulais aborder avec des jeunes », révèle-t-elle en entrevue.
« Oui, on parle de la vie de famille parce que Juliette, dans les 17 tomes précédents, se plaint souvent qu’elle n’a pas de “vraie” famille. Elle dit tout le temps : j’ai juste ma mère et ma grand-mère. Même si maman dit qu’on forme une pizza à trois pointes, c’est pas beaucoup comme famille et j’envie un peu mes copains de classe qui ont des frères, des sœurs, des tantes, des grands-parents, des papas, tout ça. »
Cette fois, Juliette fait l’expérience de la vie de famille.
« Dans Juliette en Australie, il y avait une petite idylle entre sa maman et un anthropologue en Australie qui avait un fils. Ils se sont liés d’amitié et là, on les retrouve à Berlin. C’est une surprise ! Ils vont devoir cohabiter, car ils ont deux lofts dans un quartier de Berlin. Juliette va s’apercevoir ce que c’est, d’avoir un frère ! »
Rose-Line Brasset voulait aussi faire découvrir le Mur de Berlin, érigé en 1961 et démoli en 1989, symbole d’une Europe divisée.
« J’avais envie de parler de l’histoire du mur, et ça me permettait de parler des murs dans la communication. Parfois, les gens essaient de communiquer et il y a un mur qui se dresse entre eux. Parfois, quand la mère de Juliette s’adresse à elle, elle a l’impression de parler à un mur... »
Certains membres d’une même famille ont aussi du mal à se parler et s’écouter.
« On retrouve ça dans le roman, quand Juliette essaie de communiquer avec son “demi-frère”, elle a aussi l’impression de parler à un mur. »
Un mur construit en 1961
La romancière s’est plongée dans l’histoire du fameux « mur de la honte » et explique le contexte dans lequel il a été érigé, séparant tout d’un coup Berlin-Ouest et Berlin-Est.
« En 1961, quand le mur a été érigé en pleine nuit, il y a des travailleurs, des papas, des mamans, des grands frères, qui étaient allés travailler du côté Est. Quand ils ont voulu rentrer, au matin, c’était pas possible. Il y a des familles qui ont été séparées. Ils n’ont plus été capables de communiquer, mais leur amour pour les membres de leur famille, qu’ils n’ont pas vus depuis presque 30 ans, était intact. »
« Ça nous permet de comprendre à quel point la communication est importante au sein d’une famille et avec les gens qu’on aime. Et en même temps, c’est normal qu’il y ait certains écueils à la communication. C’est universel. Tout le monde vit ça. »
♦ Rose-Line Brasset est auteure, journaliste et globe-trotteuse.
♦ Elle est née à Alma et habite maintenant à Québec.
♦ Elle partage son temps entre ses deux enfants, les voyages, le yoga et l’écriture.
♦ La bande dessinée Juliette à Hawaii a également été publiée cet automne.
♦ Rose-Line Brasset travaille sur les prochains tomes de la série, qui feront voyager ses lecteurs en Floride et à Boston.
EXTRAIT

« On raconte que des personnes habitant à l’Ouest, mais ayant passé la nuit du côté Est pour une raison ou pour une autre, ne purent jamais rentrer chez elles, et vice-versa. Des papas partis travailler de nuit à l’autre bout de la ville ne purent pas revenir auprès de leurs enfants. Des grands-parents ne revirent jamais leurs petits-enfants de leur vivant. Toute personne surprise en train de tenter de traverser de l’autre côté sans autorisation était invariablement la cible de coups de feu. C’était effroyable ! »
– Rose-Line Brasset, Juliette à Berlin