Julien Lacroix toujours boudé par des diffuseurs: «C’est plate parce que le public de certaines régions demande de voir le show et que je ne peux pas le présenter»


Guillaume Picard
Bien qu’il ait vendu 40 000 billets et donné 150 représentations de son plus récent spectacle, Le temps au temps, l’humoriste Julien Lacroix est encore boudé par des diffuseurs à la suite des dénonciations d’inconduite sexuelle l’ayant mis à l’index en juillet 2020.
Des salles dans différentes régions de la Belle Province refusent encore de l’accueillir malgré la demande du public, dit-il, alors que sa tournée entamée en 2023 doit se conclure en décembre prochain.

«C’est sûr qu’il y a une petite déception quand je vois que des salles refusent encore de recevoir mon spectacle. C’est plate parce que le public de certaines régions demande de voir le show et que je ne peux pas le présenter dans des salles adéquates», a-t-il dit en entrevue avec NumériQ, mercredi, ajoutant au passage qu’on se désolait souvent que les jeunes ne consomment pas de culture québécoise et que lui pourrait les rejoindre.
«Ce qui est spécial, c’est qu’on n’est pas capable de me donner de réponses concrètes à savoir pourquoi on refuse de m’accueillir. Je comprends un peu la pression aussi qu’ils ont parce que je ne suis pas allé en cour, il n’y a pas eu de plainte, il n’y a pas eu de procès, et ça devient un petit peu délicat parce qu’après ça, sans nommer de noms, comment fait-on pour faire la part des choses avec les gens qui, eux, ont eu des procès? Les diffuseurs ne sont pas des juges. Ils répondent à la demande du public et je pense que parfois on devrait écouter le public, justement.»
Celui qui a cru que sa carrière était terminée après ces dénonciations d’inconduite sexuelle faites par Le Devoir a travaillé sur lui et est devenu sobre. Le fait de devenir père de deux garçons aujourd’hui âgés de 4 ans et de 19 mois l’a aussi fait évoluer vers une meilleure version de lui-même, en quelque sorte.
«Je suis fier du résultat de mon spectacle, car ça a commencé tranquillement et je ne savais pas à quoi m’attendre. D’avoir réussi à faire mon petit bonhomme de chemin et d’avoir monté ça tout seul, même si aujourd’hui je suis entouré d’une petite équipe. Je l’avais dit à ma blonde: "Si les gens ne sont pas au rendez-vous, je vais arrêter ça!"»

Et, au sein de l’industrie, les gens continuent-ils de détourner le regard en sa présence?
«Il y a plein de gens avec qui je suis allé faire des rencontres pour des projets, mais après ça, il y a un blocage à la minute où ça doit devenir public. Les gens ont peur d’avoir peur... On me dit: "On aimerait ça travailler avec toi, mais on ne veut pas être les premiers, qu’est-ce que vont dire les autres?" C’est pour ça que j’ai décidé de monter ma propre équipe autour de mon show et de produire le prochain spectacle aussi.»
Une nouvelle série de capsules dès jeudi
Avant le prochain spectacle, Julien Lacroix, qui est toujours actif sur le web et avec son balado Projet pilote, lancera ce jeudi, vers 8h, une nouvelle série de capsules baptisée Les collectionneurs.
Collectionneur de livres depuis l’enfance – il en compte des centaines qui sont réparties dans plusieurs bibliothèques à la maison –, l’humoriste va à la rencontre de passionnés comme lui qui accumulent toutes sortes de trucs.
Il rencontre d’abord Jean-Guy, qui collectionne depuis les années 1970 des billets de loterie non gagnants, ce qui lui a valu de figurer dans le livre Guinness des records.
Chaque vendredi, Jean-Guy recueille les billets que des clients du dépanneur près de lui ont jetés. Après avoir fait un tri, il les classe par date, par jeu et par couleur. Imaginez, cet homme a accumulé dans sa «grotte», située dans son sous-sol, plus d’un million de billets de Loto-Québec! Il peut consacrer de 40 à 50 heures par semaine pour satisfaire sa passion.
Ce projet est l’occasion pour Julien Lacroix de faire de l’humour autrement et de demeurer sur les écrans.
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