Joseph-Armand Bombardier sera intronisé au National Inventors Hall of Fame pour célébrer l’invention de la motoneige
L’événement aura lieu le 9 mai au campus Walt Disney Imagineering à Glendale, en Californie.
Martin Landry
Le 18 janvier dernier, le National Inventors Hall of Fame a dévoilé la liste des personnalités intronisées lors de l’événement The Greatest Celebration of American Innovation, dont fait partie un inventeur bien de chez nous, Joseph-Armand Bombardier.
L’événement aura lieu le 9 mai au campus Walt Disney Imagineering à Glendale, en Californie. Cet événement annuel, l’un des plus attendus dans l’industrie de l’innovation, intronisera quinze pionniers dont les inventions vont des traitements contre le cancer aux effets spéciaux, en passant bien sûr par la motoneige.
Un petit gars de Valcourt
Joseph-Armand Bombardier est né en 1907. Il est l’aîné d’une famille de huit enfants. Très jeune, il fait preuve d’une grande curiosité pour ce qui touche à l’univers de la mécanique. Dès l’âge de 13 ans, il crée un premier modèle réduit propulsé avec des petits engrenages d’horloge. Il monte et démonte les objets avec grand intérêt. Il patente même un petit moteur à vapeur pour accélérer la vitesse de rotation du rouet d’une tante et modifie un vieux fusil tout rouillé en canon format réduit. À 15 ans, il défait un vieux moteur Ford modèle T qu’il attache à une hélice en bois et qu’il fixe tant bien que mal à deux traîneaux. Son premier modèle de véhicule sur neige venait d’être inventé.

Son père aimerait bien qu’il porte la soutane, mais il voit bien que Joseph-Armand préfère revêtir la salopette du mécanicien.
Après avoir appris le métier au garage Gosselin à Stukely-Sud, puis le génie mécanique et électrique à Montréal, il se lance en affaires dans son premier atelier de Valcourt. Entre deux réparations de moteur, il travaille avec ses frères sur un prototype d’autoneige. Il faut savoir que dans les années 30, les routes du Québec n’étaient pas tellement déneigées, ce qui isolait évidemment les communautés rurales quelques mois par année.

Moment charnière
En 1934, après la perte de son fils de deux ans, décédé parce que l’enneigement des chemins avait rendu impossible son transport d’urgence vers l’hôpital, Joseph-Armand redouble d’efforts pour créer une autoneige efficace. Aidé de son équipe, il essaye d’imaginer un véhicule robuste qui remplacerait peut-être un jour les automobiles durant les hivers québécois.
L’année après le décès de son petit Yvon, il réussit à créer une roue d’engrenage recouverte de caoutchouc pour faire avancer son autoneige efficacement. Eurêka! une réelle révolution des déplacements à l’échelle de la planète venait de naître.
Le Garage Bombardier se transforme alors en une véritable usine qui amènera la prospérité dans la région de Valcourt. Si les premiers véhicules de Bombardier sont vendus à des gens fortunés, rapidement les médecins et ceux qui offrent des services en zone éloignée vont l’adopter. Le succès de l’autoneige est tellement important qu’on doit agrandir l’usine pour répondre à la demande.

Deuxième Guerre mondiale
Durant le conflit armé, pour contrer le rationnement du matériel et la mobilisation de la main-d’œuvre qui aurait pu freiner l’entreprise, Bombardier propose ses véhicules au ministère des Munitions et des Approvisionnements. On lui confie le mandat d’inventer une autoneige militaire pour transporter les soldats en zone nordique, comme en Norvège.
Les commandes de l’armée le forcent à construire ses autoneiges en partie à Montréal. On met en service la B1, puis des modèles blindés. Plus de 1900 de ces véhicules créés à des fins militaires vont être produits jusqu’en 1946.

Ski-Doo
Après la guerre, la production de véhicules destinés à des fins civiles reprend de plus belle. Bombardier met en marché des autoneiges servant d’ambulances, pour le transport en commun, pour les écoliers, pour la livraison, pour le service postal ou les sauvetages dans l’arrière-pays.

Dans les années 50, quand l’État réussit enfin à mettre en place un système plus efficace de déneigement des routes de campagne, encore une fois, le génie créatif de Bombardier l’amène à concevoir de nouveaux véhicules tous-terrains adaptés à d’autres besoins tels que pour l’industrie minière ou forestière, et même un tracteur à chenilles pour les fermiers. L’entreprise crée également une plus petite motoneige à une ou deux places, le Ski-Dog. Le monocoque ultraléger est chaussé de petits skis de bois et peut atteindre 40 km/h. L’engin sera rapidement rebaptisé le Ski-Doo. Cette motoneige changera de façon durable la vie des communautés du Grand Nord.
Joseph-Armand Bombardier décède bien jeune, à l’âge de 56 ans, le 18 février 1964. Entrepreneur remarquable et inventeur de génie, il invitera ses enfants, dans une lettre bien personnelle, à poursuivre son œuvre.
