Championnat de la PGA: Jon Rahm surfe sur une énorme vague de succès en 2023
Il domine avec ses quatre victoires en poche et ses huit tops 10


François-David Rouleau
ROCHESTER | Jon Rahm n’est pas un surfeur. Ni sur l’eau ni dans l’âme. N’empêche, avec ses quatre victoires en 2023, l’Espagnol chevauche avec aplomb et domination une déferlante vague de succès.
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Le champion du récent Tournoi des Maîtres glisse seul sur cette vague pour l’instant. Bien que Scottie Scheffler, Max Homa et Tony Finau tentent de le suivre, «Rahmbo» semble inatteignable tant il est en contrôle de son jeu et de sa destinée.
Depuis une dizaine d’années, plusieurs de ses rivaux ont aussi connu leur vague de gloire. Il suffit de penser à Jordan Spieth, qui a disputé une saison du tonnerre en 2015, gagnant cinq tournois, dont deux titres majeurs. À son grand ami Justin Thomas en 2016. À Dustin Johnson, Brooks Koepka et Rory McIlroy, qui se sont démarqués de 2017 à 2020. Et à Patrick Cantley ainsi que Scheffler, qui ont chacun signé quatre victoires en 2021 et 2022.
Ils ont ainsi tous surfé sur leur vague de succès. Certains plus longtemps que d’autres.
Toujours en construction
En marge du Championnat de la PGA d’Amérique à Oak Hill où il figure évidemment parmi les grands favoris pour remporter le trophée Wanamaker, le golfeur de 28 ans a modulé les attentes à son endroit. Il sait qu’il connaît une saison exceptionnelle, mais son travail n’est pas terminé, loin de là.
Il a cité le grand Arnold Palmer pour expliquer ses exploits.
«La route du succès est toujours en construction», a lâché le golfeur aux 11 titres en carrière.
«C’est la nature du sport. Ce n’est pas linéaire ou constant. Il y a des hauts et des bas. C’est aussi la vie. Le jour suivant n’est pas toujours meilleur que le précédent. Il faut savoir jongler avec ça.
«Il serait ridicule de penser qu’on peut toujours augmenter son niveau de performance. C’est impossible. Il y a des baisses. Même Tiger [Woods] en a traversé. Les siens étaient peut-être plus courts», a-t-il exprimé à propos de celui qui a dominé le monde du golf professionnel durant plus d’une décennie dans les années 2000.
Le total prime
Maintenant qu’il possède deux championnats majeurs en poche, celui de l’Omnium des États-Unis de 2021 et du Masters de 2023, Rahm ne veut pas se faire casser les oreilles avec l’achèvement du Grand Chelem.

«Ce serait incroyable. Si je peux gagner ce championnat ou l’Omnium britannique en juillet, ce serait un rêve devenu réalité. Mais remporter deux titres majeurs n’est pas facile. Choisir ceux à gagner pour compléter un exploit, c’est ridicule.
«Je préfère m’attarder au nombre de victoires en tournoi du Grand Chelem, a-t-il ajouté. Il suffit de se mettre en bonne position pour être en mesure de gagner. Très peu de joueurs ont réussi l’exploit d’un Grand Chelem. Le dernier, c’est Tiger.»
En effet, cet attentif étudiant de son sport voit juste. Seuls Bobby Jones, Jack Nicklaus, Tiger Woods, Gary Player, Gene Sarazen et Ben Hogan font partie de ce sélect groupe. Nicklaus et Woods en comptent trois chacun. Du lot, Jones est l’unique golfeur à avoir aligné les quatre gains dans la même saison, celle de 1930. À l’époque, les omniums américain et britannique ainsi que leurs championnats amateurs respectifs représentaient les épreuves du Grand Chelem.
Définition du succès
Il y a quelques semaines, la super vedette des Bucks de Milwaukee dans la NBA Giannis Antetokounmpo a livré un vibrant plaidoyer sur la définition des échecs en vertu des résultats dans le monde du sport. Les Bucks, champions de la saison régulière, venaient d’être éliminés en cinq matchs en première ronde éliminatoire.

Rahm ne peut être aussi d’accord avec les propos du joueur de basket.
«On ne peut définir une bonne saison par la conquête du championnat, spécifiquement au basket. Au golf, si on ne gagne pas, cela ne signifie pas qu’on dispute une mauvaise saison. Bien des facteurs peuvent expliquer les succès. Si on n’accomplit pas un objectif, une saison ne veut pas nécessairement dire que le travail ne paiera pas dans le futur.»
Chaque semaine, plus de 120 golfeurs lorgnent la victoire. Une poignée d’entre eux sont dans le coup en ronde finale.
«On ne gagne pas si souvent. Il faut porter l’attention sur les aspects positifs. Ce n’est pas parce qu’on ne gagne pas que c’est un échec», a rappelé Rahm.
Justin Thomas a exprimé une opinion similaire lundi. Parfois, suer et travailler avec ardeur pour le septième rang peut devenir une petite victoire en soi.
Dans cette première moitié de saison déjà couronnée de succès, on ne pourra pas dire que Rahm a vécu un échec s’il ne remporte pas le Championnat du circuit de la PGA à East Lake à la fin août. Il aura au moins soulevé quatre trophées et figuré huit fois dans le top 10.
Rien n’indique que sa vague s’apprête à casser.