Championnat de la PGA: Jason Day revient de loin
Le champion du trophée Wanamaker en 2015 a traversé des périodes sombres depuis cinq ans

François-David Rouleau
ROCHESTER | Jason Day a traversé de sombres passages au fil des dernières années. Enivré par la soif de victoires et la domination mondiale de 2014 à 2018, il a bien failli baisser les bras et mettre un terme à sa carrière il n’y a pas si longtemps. Sa victoire au Texas le week-end dernier lui a confirmé qu’il avait fait le bon choix. Celui de continuer de se mesurer à l’élite mondiale.
• À lire aussi: LIV Golf:«Un modèle non viable et durable», estime le patron de la PGA d’Amérique
• À lire aussi: Des joueurs de LIV Golf à la coupe Ryder?
Il n’avait pas gagné depuis le Championnat Wells Fargo de mai 2018, à Quail Hollow, en Caroline du Nord. Quasi cinq ans plus tard, jour pour jour, il a savouré à nouveau la victoire. L’Australien de 35 ans pouvait la visualiser, sans toutefois savoir qu’elle viendrait un jour.
Depuis mai 2018, l’athlète qui comptait alors 12 titres professionnels en carrière a surmonté des épreuves personnelles et souffert de blessures.
Sa mère adorée, celle qui l’a toujours épaulé dans une adolescence marquée par l’absence de son père, l’a incité à se démarquer. Elle a poussé son dernier souffle à l’aube du printemps 2022 après une longue bataille contre le cancer.
Survivre aux tournois
Day, ralenti par de sévères douleurs au dos tentait durant ce temps de garder la cadence. En fait, jusqu’à ce qu’il décide d’écouter son corps plutôt que de continuer à pousser la machine. Pour la deuxième fois de sa carrière, il a songé à tout arrêter.
«J’essayais de traverser et de survivre aux semaines de compétition. Je ne jouais pas les rondes d’entraînement du lundi et mardi. Je participais au pro-am du mercredi et je tentais ensuite de tenir le coup lors des deux premières rondes, a raconté l’athlète qui tentait d’en faire le minimum en vertu de ses ententes contractuelles.
«Si je résistais au couperet, je me disais “tant mieux”, sinon, ma formule n’était pas tout à fait gagnante, a-t-il enchaîné. C’est mon état psychologique.
«Je n’éprouvais pas qu’une détresse psychologique, mais aussi physique. Je doutais énormément en mes capacités de revenir un jour au sommet de ma forme et d’être en mesure de gagner.»
Avec l’aide de professionnels de la santé, de la préparation physique et mentale, Day a cheminé au fil des années. Son travail, sa patience et sa résilience ont été récompensés le week-end dernier par son triomphe à la Classique Byron Nelson.
Gérer les attentes
Hier, en racontant ses déboires des dernières années en point de presse quelques jours après sa victoire, à l’aube du Championnat de la PGA d’Amérique, Day a expliqué ne pas vouloir se projeter trop loin. Un signe d’expérience et de maturité. Il reste dans le moment présent, car il était de nature à s’emballer et s’attendre à de grandes choses autrefois.
«J’essaie de refroidir le moteur un peu alors que je me retrouve dans un tournoi majeur cette semaine. Je dois revoir mes attentes. Je dois voir le portrait général et continuer le travail accompli depuis deux ans. C’est un marathon et non un sprint.»
Justement, fatigué depuis son arrivée à Rochester, il ne s’est pas élancé sur le parcours East d’Oak Hill en rondes d’entraînement. Il a préféré se reposer afin d’être prêt mentalement pour le test.
Ayant remporté le trophée Wanamaker en 2015 sur les allées du redoutable parcours de Whistling Straits qu’il a dominé, le sympathique Australien s’est pointé à Rochester avec un dossier de six tops 10 à ses 10 dernières sorties.
Un bond de 20 rangs
Sa victoire au TPC Craig Ranch l’a fait bondir au 20e rang du classement mondial. Ses bonnes performances de 2023 l’ont d’ailleurs fait gagner près d’une centaine de positions alors qu’il occupait le 112e échelon à la fin de 2022.
«Je suis satisfait de mon jeu depuis l’automne dernier. Je coche les cases sur mon long chemin après avoir connu de profondes difficultés. Ce fut probablement les années les plus dures de ma carrière.
«Constater à la sortie du tunnel que je travaillais sur les bonnes choses, que j’avais trouvé une constance et une confiance, c’est très bien.
«C’est agréable de savoir que je peux encore bien jouer et rivaliser sur le circuit professionnel. Je veux continuer et si je peux remonter au sommet du classement mondial, j’espère être en mesure d’y figurer plus longtemps.»
105e CHAMPIONNAT DE LA PGA D’AMÉRIQUE
- Parcours : Oak Hill Country Club, East Course
- Architectes : Donald Ross (1925)
- Rénovation : Andrew Green (2019)
- Champion en titre : Justin Thomas
- Bourse totale (2,7 M$ au champion) : 15 M$
- Verges: 7394
- Normale: 70
- Nombre de fois où le vainqueur du Masters a ensuite gagné le second majeur de la saison : 1953 (Ben Hogan), 1960 (Arnold Palmer), 1972 (Jack Nicklaus), 2002 (Tiger Woods), 2015 (Jordan Spieth)
- Seul golfeur ayant terminé dans le top 20 à chacun des quatre derniers tournois du Grand Chelem : Xander Schauffele
- Plus longue séquence active pour accéder aux rondes finales : 12 par Francesco Molinari
- Dernier champion à avoir survolé la compétition de bout en bout : Brooks Koepka (2019)
- Plus longue séquence de rondes sous 70 : 9 (Dustin Johnson de 2018 à 2020)
8 h 33
- Jon Rahm
- Matt Fitzpatrick
- Cameron Smith
13 h 25
- Cameron Young
- Tommy Fleetwood
- Hideki Matsuyama
2015
Dernière édition où la victoire a échappé aux Américains qui ont dominé depuis 2016. L’Australien Jason Day avait alors soulevé le trophée à Whistling Straits. La plus longue séquence américaine date de 1989, moment où un 10e Américain de suite avait gagné le Wanamaker.
4
Coups de pénalité imposés à Woody Austin pour avoir mis trop de bâtons dans son sac lors de la 2e ronde du championnat de 2013 ici, à Oak Hill. Il avait raté le couperet par 2 coups.
XANDER SCHAUFFELE
29 ans | États-Unis

- Présence : 7e
- Meilleur résultat : 10e (2020)
- Tops 10 cette saison : 8
- Taux d’oiselet sur par 4 : 19,67 % (22e)
- Taux pour sauver la normale autour du vert : 65,3 % (27e)
JON RAHM
28 ans | Espagne

- Présence : 7e
- Meilleur résultat : 4e (2018)
- Victoires cette saison : 4
- Taux d’oiselet sur par 4 : 24,18 % (1er)
- Moy. approches 175 à 200 verges : 29,4 pi (3e)
BROOKS KOEPKA
33 ans | États-Unis

- Présence : 11e
- Meilleur résultat : vainqueur 2018 et 2019
- Tops 10 cette saison : 4 (9 tournois)
- Meilleures rondes au championnat PGA : 63 (2 fois)
PATRICK CANTLAY
31 ans | États-Unis

- Présences : 7e
- Meilleur résultat : 3e (2019)
- Tops 10 cette saison : 6
- Taux d’oiselet sur par 4 : 23,38 % (3e)
- Score moy. au championnat : 70,86
Rochester express
DJ SIGNE UN MOMENT COCASSE
Il y a de ces perles dans les points de presse des golfeurs. Hier, Dustin Johnson en a lâché une qui a fait éclater de rire les scribes, nous laissant ensuite sans mot. Racontant son lent début de saison, DJ a expliqué vaguement qu’il s’était blessé au dos durant l’hiver. Un collègue a cherché à trouver la raison en énumérant deux choix: un élan douloureux ou la prise d’un enfant dans ses bras.
Esquissant un sourire, DJ a dévoilé une troisième option sans en préciser le nom: «disons que j’ai soulevé un enfant un peu plus costaud».
On peut donc en déduire que l’enfant en question est plutôt âgé de 34 ans et elle est très active en tenue aguichante sur les réseaux sociaux: sa conjointe Paulina Gretzky!
Même s’il n’a pas toujours été le plus intéressant devant la presse depuis quelques années, Johnson a toujours montré beaucoup de classe. Hier, il n’a pas dérogé à son habitude.
DES SOULIERS FORCENT CASEY À DÉCLARER FORFAIT
Ils étaient 18 représentants de LIV Golf dans le plateau officiel du championnat. Ils sont maintenant 16 à prendre le départ ce matin. Après le forfait de Martin Kaymer la semaine dernière, Paul Casey s’est aussi désisté, citant une blessure à un orteil et au genou.
L’Anglais essaie de nouveaux souliers depuis quelque temps, ce qui aurait aggravé sa blessure. Il rate donc le tournoi pour la deuxième année de suite alors que des maux de dos l’avaient forcé à rester sur les lignes de côté l’an dernier à Tulsa. En 2021 et 2022, il avait terminé dans le top 5.
Le golfeur de 45 ans avait reçu une invitation du comité de compétition en vertu de ses performances au championnat, lui qui soulignait sa 20e participation.
UN «ROAD TRIP» À ROCHESTER?
Des billets sont encore disponibles pour les quatre rondes du championnat. Pour voir à l’œuvre la crème du golf mondial sur un spectaculaire parcours, Oak Hill n’est qu’à 5 h 30 de route de Montréal. Pour les intéressés, les billets varient entre 195 $ et 210 $ américains. La 20 et la 401 au Canada nous amènent au poste frontalier de Thousand Islands offrant de superbes points de vue sur le fleuve. Le trajet se poursuit sur l’Interstate 81 jusqu’à l’échangeur de la 90 à Syracuse. Le spectacle vaut ce tour de «machine», comme disaient les ancêtres.