«Je viens deux fois par semaine au lieu d’une seule»: les Québécois passent plus de temps à l’épicerie pour trouver des rabais


Julien McEvoy
Les Québécois continuent de s’adapter à l’indécence du prix des aliments. Ils cherchent les rabais plus qu’avant, ce qui les pousse à aller encore plus souvent à l’épicerie.
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«Je viens deux fois par semaine au lieu d’une seule», lance Mario Ethier, croisé dans les allées d’un Maxi de Montréal, mercredi. À 70 ans, on parle d’un habitué de la course aux rabais.
Le Montréalais se fait conduire par son meilleur ami chaque jeudi, car il n’a pas de voiture. L’autre fois, c’est son neveu qui l’amene au magasin.
«J’achète pas mal tout chez Maxi, sauf la viande, que je prends chez Metro», raconte ce retraité qui habite seul. Il économise «au moins 20$ par semaine» sur sa facture d’épicerie – qui va de 60$ à 75$ – grâce aux rabais.
Le septuagénaire, qui ne veut «rien savoir» d’Internet, paye de 26% à 33% moins cher grâce à raddar, le «nouveau» Publisac. La feuille de papier pliée en quatre combine les circulaires de quelques détaillants et est livrée à sa porte une fois semaine.
- Écoutez le segment économique d'Yves Daoust via QUB :
Super Mario
«C’est Super Mario! Il fait exactement la bonne affaire», s’exclame l’expert en alimentation Sylvain Charlebois.
Il faut être imaginatif et se créer de nouvelles habitudes de consommation face aux prix qui grimpent en flèche, dit-il. L’époque des circulaires est terminée, il faut se réinventer.
Le chercheur publie jeudi les résultats d’un sondage qui montre bien que les gens vont plus souvent à l’épicerie: de 1,29 fois par semaine en 2018 à 1,71 fois aujourd’hui.

Les opportunités pour économiser ne manquent pas, plaide le chercheur. On laisse de l’argent sur la table quand on ne les prend pas.
Les fruits et légumes sont ce que les gens achètent le plus souvent en spécial (59,9%). La viande (59,7%) ainsi que les produits emballés et en conserve (57,7%) suivent de près.
Le sondage montre que 6 clients sur 10 viennent à l’épicerie juste pour profiter des rabais. Ils sont aussi 56% à choisir le magasin où ils vont en fonction des rabais offerts.

Cuisiner à 88 ans
Line Larivière et Léonide Desgroseillers sont parmi les Québécoises qui ont modifié leurs habitudes. «C’est sûr qu’on visite plus qu’une épicerie, maintenant», reconnaît la plus jeune.
Sa mère de 88 ans lance un «oui» enthousiaste quand on lui demande si elle achète des fruits et légumes en spécial. «C’est la vaisselle qui me fatigue», rigole celle qui cuisine toujours malgré un bras amoché.
Courir les rabais lui permet de passer du temps avec sa fille de 57 ans, en plus d’économiser un bon 20% sur sa facture. Elle s’en sort souvent pour 50$ par semaine.
C’est plutôt 150$ pour Line et son mari, qui ont trois chats. «Même pour eux, je cherche les spéciaux. Je prends souvent leur nourriture chez Walmart, où c’est moins cher», dit-elle.
Sylvain Charlebois serait fier: elle se débrouille comme elle peut pour réduire sa facture de quelques dollars. «Il y a beaucoup de choses qu’on peut faire pour épargner et se protéger des aléas de l’inflation», dit l’expert.
Le sondage en bref
- 62,2% des gens ont changé de magasin principal pour bénéficier de meilleures offres
- 29,8% des gens choisissent une épicerie exclusivement en fonction des rabais
- 56,2% des gens privilégient les rabais quand ils choisissent où aller
- 59,2% des gens recherchent systématiquement des aliments en rabais
Méthodologie: L’enquête a compté 2880 répondants entre le 25 et le 27 janvier 2024. Sa marge d’erreur est d’environ 1,84%. Cela signifie que les résultats de l’enquête se situent dans une fourchette de ±1,84 point de pourcentage de ce qui aurait été obtenu si l’ensemble de la population avait été interrogé, 95 fois sur 100.
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