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L'article provient de TVA Nouvelles
Affaires

Une première dans l'histoire: les ventes dans les épiceries ont chuté au Québec en 2023, alors que la population augmentait

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Photo portrait de Julien McEvoy

Julien McEvoy

2023-12-28T05:00:00Z
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Les Québécois mangent moins, et moins bien, depuis 12 mois. Pour le meilleur et pour le pire, leur budget pour l'alimentation devient plus modeste devant des prix qui montent en flèche.  

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«Les gens sont devenus de purs nomades, ils ne sont plus loyaux pour deux cennes», résume Sylvain Charlebois, de l’Université Dalhousie. 

Aucune marque ni aucun magasin ne résiste à la tendance, observe le chercheur. Les Québécois recherchent maintenant les meilleures aubaines, quitte à se nourrir au magasin à 1$ s’il le faut. 

«Le marché est devenu archiéconome, on va à l’épicerie à reculons», illustre l’expert, qui qualifie la diminution des achats de nourriture «d’exceptionnelle». 

Une donnée en particulier démontre le phénomène: en février 2022, le Canadien moyen dépensait 255$ par mois à l’épicerie. Un an plus tard et malgré une hausse de 10,6% des prix, c’était toujours environ 255$. 

Même chose au Québec, où habitent aujourd’hui environ 150 000 personnes de plus qu’en 2022, mais où les ventes au détail en alimentation stagnent, pourtant. 

«La valeur de ce qu’on achète n’a pas bougé. Ça veut dire qu’on mange moins», ne peut s’empêcher de répéter le chercheur. 

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Inflation à l’épicerie au Québec en 2023

  • 11,4% en janvier
  • 10,2% en février
  • 10,6% en mars
  • 9,6% en avril 
  • 9,2% en mai
  • 10,1% en juin
  • 10,1% en juillet
  • 8,1% en août
  • 6% en septembre
  • 5,3% en octobre
  • 4,3% en novembre 

Source: Statistique Canada


Toujours plus cher

Les hausses de prix ont encore été fortes en café en 2023. L’année a débuté en trombe, au Québec, avec un bond de 11,4% à l’épicerie, en janvier.

On a dû attendre novembre pour voir l’inflation alimentaire descendre sous les 5%. Elle a alors atteint 4,3%. 

«Ça fait beaucoup à absorber en même temps», constate Sylvain Charlebois, en soulignant les 10 hausses de suite des taux d’intérêt par la Banque du Canada en 2023. 

Comme les Québécois consacrent davantage d’argent à l’habitation, «ils ramassent ce qu’il reste pour l’épicerie et advienne que pourra». 

Les gens essayent d’acheter ce qu’ils peuvent, voilà tout. «C’est pas mal ça qui s’est passé au Québec en 2023», lance le chercheur. 

Faire l’épicerie en 2023: cinq choses qui ont changé

L’enseigne jaune et vert

Jamais n’avait-on autant parlé des aliments vendus chez Dollarama qu’en 2023: même les politiciens s’y sont mis! 

L’été dernier, Gabriel Nadeau-Dubois a accusé le premier ministre, François Legault, d’être déconnecté de la réalité, car il ne rencontre «pas souvent des gens qui font leur épicerie au Dollarama». 

Une chose est certaine: tout le monde court après ses sous et veut acheter les biscuits, céréales ou boîtes de conserve du détaillant à l’enseigne jaune et vert, dont les ventes sont en hausse de 20%. 

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L’enseigne bleu et blanc

Une tendance déjà amorcée en 2022 s’est poursuivie cette année: la transformation d’épiceries en enseignes au rabais. Seulement au Québec, 

Loblaw a converti 36 magasins Provigo en magasins Maxi au cours des 24 derniers mois. Le géant compte en transformer 20 autres en 2024, en plus de construire cinq nouveaux Maxi. 

Cela s’inscrit dans un désir de «mieux répondre aux besoins changeants de la clientèle», dit-on. Chez Metro, un seul magasin est devenu un Super C en 2023, en plus de la construction de quatre nouveaux magasins de l’enseigne au rabais. 

Des PDG au Parlement

Ottawa n’est pas resté les bras croisés devant la hausse des prix des aliments, en 2023, même si Sylvain Charlebois qualifie ces efforts de coups d’épée dans l’eau. 

Justin Trudeau a retiré le dossier des mains de son ministre de l’Agriculture pour le confier à celui de l’Industrie, François-Philippe Champagne. Rapidement, les patrons de Metro, Loblaw, Sobeys, Walmart et Costco ont été convoqués à Ottawa

À la suite de la rencontre, le soldat de Trudeau a déclaré que les prix en circulaire étaient à la baisse, ce qui était inexact. On a tous bien ri et on se demande encore ce que fume le ministre pour dire de telles bêtises. 

Les gens mangent moins bien

Bien manger – et manger assez – coûte maintenant 9,68$ par jour aux Québécois

La hausse est de 25% en deux ans, calcule le Dispensaire diététique de Montréal, maintenant appelé Alima. 

L’organisme mesure la réalité grâce à un panier composé de 68 aliments sélectionnés en fonction de leur valeur nutritive, de leur coût abordable et des habitudes de consommation des Québécois. 

En deux ans, le prix des céréales pour bébés a bondi de 66%, celui des légumes de 23% et celui des produits céréaliers de 45%.

Les plus fortes hausses de 2023

Faire ses courses, plus que jamais, est l’occasion de piquer une colère, en 2023. Qui n’est pas insulté par la livre de beurre à 8,99$? 

Ce n’est même pas l’aliment qui a le plus augmenté cette année: le prix des pâtes alimentaires, par exemple, a bondi de 14% entre novembre 2022 et novembre 2023. Celui de l’huile, de 13,6%. 

Les viandes ne sont pas en reste: 9,9% pour le bœuf et 7% pour le poulet. On pourrait remplir toute une édition du Journal avec les témoignages de la part de Québécois choqués devant le prix des denrées à l’épicerie.

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