«Je ne pensais pas que ce serait difficile de même»: des Québécois privés d'Ozempic craignent de reprendre le poids perdu
La pénurie et les coûts élevés font en sorte que plusieurs ont cessé de prendre ce populaire médicament pour la perte de poids

Hugo Duchaine
Des Québécois désormais privés du médicament Ozempic pour perdre du poids en raison de la pénurie ou des coûts trop élevés vivent difficilement l’arrêt du traitement et craignent de regagner les livres perdues.
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« Je trouve ça épeurant [...] Je ne pensais pas que ce serait difficile de même. L’appétit est vraiment revenu », souffle Marie-Pier Paquet, âgée de 41 ans.
La femme de Québec a perdu 85 livres après avoir pris le médicament Ozempic pendant un an. Mais elle a arrêté il y a un mois quand son régime d’assurances collectives a cessé de le rembourser. « Et mon médecin m’avait dit que ce ne serait pas éternel », ajoute-t-elle.
C'est quoi l'Ozempic ?
- Médicament approuvé contre le diabète de type 2, appelé sémaglutide
- Une injection, une fois par semaine
- Son effet coupe-faim permet aussi une perte de poids
- Il a connu une popularité énorme dans la dernière année, devenant viral sur les réseaux sociaux
- La forte demande a aussi entraîné une pénurie ces derniers mois et plusieurs assureurs privés ont arrêté de le rembourser pour la perte de poids
- L'Ozempic n'est remboursé par la RAMQ et les assurances seulement s'il est prescrit pour le diabète. Selon la dose, le médicament peut coûter de 200 à 500 $ par mois.
Mme Paquet se réjouit d’avoir retrouvé une meilleure qualité de vie avec l’Ozempic. Grâce au poids perdu, elle a plus d’énergie, elle est plus active et ses risques de développer le diabète ont disparu. Avec de meilleures habitudes de vie, elle pensait que « l’après-Ozempic » serait facile.
Mais il lui faut énormément de contrôle pour ne pas s’empiffrer. « Une de mes amies m’a dit “ben, ça fait un an que tu ne manges pas, c’est sûr que tu as faim” », lance-t-elle.

Poids repris
Une situation qui est loin d’être unique. Sur les réseaux sociaux, des internautes s’inquiètent de se voir reprendre du poids. Plusieurs ont arrêté l’Ozempic ou réduit leur dose, car ils devaient maintenant payer de leur poche le médicament coupe-faim.
« Les derniers mois n’ont pas été faciles. Nous avons eu beaucoup d’appels, de la détresse et des questionnements », souligne la Dre Marie-Philippe Morin, spécialiste en médecine interne et bariatrique à l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec (IUCPQ).
Elle voit un regain progressif du poids chez plusieurs des patients qu’elle suit et qui prenaient l’Ozempic. Une situation que les études sur le médicament avaient laissé présager.
- Écoutez la chronique de la journaliste à la recherche Florence Lamoureux suivi de l'entrevue avec Dre Julie St-Pierre, lipidologue et pédiatre spécialiste de l’obésité et des maladies cardiovasculaires au micro d'Alexandre Dubé via QUB radio :
La faim augmente
« Les signaux de faim augmentent et ceux de satiété diminuent », explique-t-elle, lorsque le traitement est arrêté.
La médecin plaide pour un « cadre clair » sur les médicaments pour la perte de poids, déplorant que le gouvernement ne se positionne pas sur la question et ne les rembourse pas chez une population à risque, comme celle en attente d’une chirurgie bariatrique, par exemple.
« La compagnie [qui produit l’Ozempic] amplifie le problème. Il y a déjà assez de controverse, il faut arrêter de faire de la publicité », dit la Dre Morin, qui déplore les mauvaises prescriptions et utilisations du médicament.

« Ce n’est pas pour perdre 20 livres et rentrer dans sa robe de mariée », ajoute-t-elle.
Surtout que les effets secondaires sont difficiles à vivre, comme l'a découvert Marie-Pier Paquet. « Le running gag, c’est que j’ai eu mal au cœur pendant un an », se rappelle-t-elle.
« Pour moi, l’Ozempic, c’est la même chose qu’une diète restrictive », souligne la médecin de famille Patricia Doucet. Un suivi en nutrition est « primordial » selon elle pour les patients.
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