Le pasteur Paul Mukendi continue de clamer son innocence et de narguer les autorités québécoises, convaincu qu’il est inatteignable à Kinshasa, la capitale de la République démocratique du Congo, où il aurait fui il y a maintenant un an. 

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« Ils ont fait de moi un paria. Aujourd’hui, je suis un homme libre ! » a scandé le fugitif dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, vendredi dernier, pour souligner le premier anniversaire de sa « victoire ».

Il y a un an, Paul Mukendi a quitté le pays alors qu’il devait purger une peine d’emprisonnement de huit ans pour avoir agressé sexuellement, et à plusieurs reprises, une ex-fidèle qui était mineure aux moments des faits.  

Toujours en cavale depuis, celui qui se décrit comme « l’apôtre de Québec » n’hésite pas à comparer son parcours à celui de Jésus et à tourner au ridicule les accusations qui ont été portées contre lui.  

« Vous me voyez agresser une fille ? Franchement ! Et quand vous regardez seulement sa face, ça peut même vous énerver. Vous vous dites que ce n’est pas possible à moins qu’on m’ait envoûté », a-t-il lancé dans sa dernière capsule, dénigrant sa victime.

Inatteignable 

Pourtant, même s’il dit ouvertement où il se trouve et que le Service de police de la Ville de Québec (SPVQ) affirme qu’une enquête est toujours en cours pour le retrouver, Paul Mukendi demeure inatteignable pour le moment. 

« Contrairement à plusieurs autres pays, le Canada n’a pas d’entente d’extradition avec la République démocratique du Congo, dont le système judiciaire est souvent douteux », explique l’ex-enquêteur du SPVQ Roger Ferland. 

« Nos pouvoirs d’agents de la paix n’ont aucune juridiction dans ce pays, on ne peut pas aller le chercher nous-mêmes », poursuit-il.

Bien conscient de sa position, le fugitif a d’ailleurs nargué les autorités canadiennes de venir lui mettre le grappin dessus, vendredi.

« Je suis bien, ici à Kinshasa. [...] Je ne me cache pas. Qu’ils viennent me chercher s’ils l’osent », a défié le pasteur déchu. 

Écoutez Roger Ferland, enquêteur à la retraite du Service de Police de la Ville de Québec SPVQ avec Alexandre Dubé sur QUB radio : 

Jurisprudence 

Pour Roger Ferland, le cas de Paul Mukendi, qui a été condamné une nouvelle fois pour agression sexuelle sur une seconde victime quelques mois après sa fuite, a eu un grand impact sur le système judiciaire québécois. 

« Ce cas-là a montré que, malheureusement, les mailles du filet au Québec sont très larges. Ce qui fait en sorte qu’il y a plusieurs poissons qui peuvent s’échapper », image-t-il.

« Mais il a créé une sorte de jurisprudence. Sa fuite a donné du gaz à la Couronne pour demander plus régulièrement l’incarcération d’accusés dans l’attente de leur procès », conclut l’ex-enquêteur. 

Une saga qui n’en finit plus 

• 3 OCTOBRE 2017 | Paul Mukendi est arrêté par le SPVQ et doit faire face à de multiples accusations à caractère sexuel.
• 30 JUIN 2019 | Paul Mukendi est reconnu coupable de neuf chefs d’accusation, dont agression sexuelle, voies de fait avec lésions et menaces de mort. La victime avait 14 ans au début de la période des infractions échelonnées sur 12 ans.
• 17 DÉCEMBRE 2019 | Revenu Québec dépose huit chefs d’accusation de fraude fiscale contre Paul Mukendi et le Centre évangélique.
• 27 FÉVRIER 2020 | Paul Mukendi est condamné à une peine d’emprisonnement de huit ans pour l’agression sexuelle.  
• 3 MARS 2020 | La Cour d’appel remet en liberté Paul Mukendi d’ici à ce que l’appel soit entendu.
• 29 JUILLET 2020 | La Cour supérieure indique que Paul Mukendi devra subir un autre procès pour des accusations d’agression sexuelle sur deux autres personnes.
• 11 JUIN 2021 | La Cour supérieure rend sa décision sur la faillite de Paul Mukendi. Ses dettes en créances non garanties s’élèvent à 432 597,63 $, dont 391 897,97 $ en dettes fiscales.
• 16 AOÛT 2021 | La Cour d’appel maintient le verdict de culpabilité de Paul Mukendi. Il a jusqu’à 15 h le 20 août pour se rendre aux autorités carcérales et commencer sa peine.
• 18 AOÛT 2021 | Paul Mukendi a fui. Il sera retrouvé plus tard en République démocratique du Congo, d’où il ne peut être extradé.
• 10 DÉCEMBRE 2021 | Paul Mukendi est condamné, en son absence, à deux ans supplémentaires de prison pour une autre agression sexuelle.
• 18 AOÛT 2022 | Voilà un an que Paul Mukendi a fui la justice québécoise. Le lendemain, il célèbre son année de « victoire » en narguant les autorités sur les réseaux sociaux.