Des bâtons pour adolescents à 500$: «C’est la pire anarque», estime un intervenant du milieu du hockey
Jessica Lapinski
Plusieurs intervenants du milieu du hockey déplorent que les compagnies comme CCM ou Bauer s’en mettent plein les poches en vendant des bâtons destinés à des hockeyeurs adolescents à des prix pouvant atteindre près de 500$, comme le modèle Vizion de niveau intermédiaire, qui se détaille 429,99$ avant les taxes.
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«Les bâtons, c’est la pire arnaque», estime confidentiellement l’un d’eux, qui travaille dans le domaine de l’équipement.
«C’est un peu comme les souliers Nike, illustre Dany Chevalier, directeur général de Hockey Charlesbourg. Les jeunes voient les autres qui seront habillés avec une marque, alors ils veulent être habillés avec la même marque.»
«Ça me rend triste, ajoute-t-il, parce que des fois, les parents refusent de payer ce prix pour un bâton, alors le jeune va demander des cartes-cadeaux aux membres de sa famille pour se l’acheter à sa fête, par exemple.»
«Et comme ça casse, un bâton, il y a de bonnes chances que, six mois plus tard, son cadeau soit brisé.»
Ça n’achètera pas de buts
D’autant plus, pointe-t-il, que pour la plupart des jeunes adolescents, par exemple, il est inutile de dépenser autant pour un bâton. Notamment parce que leur poids n’est pas encore suffisamment élevé pour pouvoir tirer profit de la flexibilité offerte par ces modèles.
«Le petit gars, il ne scorera pas plus de buts parce qu’il a ce bâton-là», affirme M. Chevalier.
Pendant près de 20 ans, l’ancien hockeyeur du Canadien Alexandre Picard n’a pas eu à débourser pour son équipement, qui était fourni par les équipes pour lesquelles il évoluait. «J’ai fait le saut quand j’ai vu les prix», reconnaît-il.
Son fils joue aussi au hockey. «Il est en secondaire 1, alors on est en plein là-dedans, les bâtons», explique-t-il. S’il n’a jamais déplié 400$ ou 500$, il souligne tout de même que «350$, c’est pas mal la norme».
Alexandre Picard regrette surtout que certains parents déboursent des sommes colossales pour leurs enfants d’âge novice, soit 8 ou 9 ans. «À cet âge-là, un bâton à 30$ du Canadian Tire fait autant l’affaire», soulève-t-il.
Du marketing... de 30$ à 350$
Comme les autres intervenants, l’ex-défenseur estime qu’une large proportion du coût est lié à l’aspect marketing. Connor McDavid par exemple, joue notamment avec le CCM JetSpeed FT5 Pro. Le Journal a demandé une entrevue à la compagnie, mais n'a pas obtenu de réponse.
Ce modèle, dans l’intermédiaire (pour jeunes adolescents), se détaille 379,99$ au prix régulier.
«Les jeunes veulent un bâton comme celui de Connor Bedard, par exemple, explique Alexandre Picard. Ils associent l’équipement à ces joueurs. Il existe des solutions pour économiser, mais il y a une pression additionnelle [des jeunes].»
«Bien sûr qu’il y a de la recherche et du développement là-dedans, mentionne un travailleur du domaine de l’équipement de façon confidentielle. Mais leurs partenariats avec McDavid ou Sidney Crosby, il faut aussi qu’ils les paient.»
Aujourd’hui âgé de 39 ans, Alexandre Picard a lui-même déjà succombé à ce phénomène, plus jeune. Il se souvient encore très bien de son fameux bâton de bois blanc associé à la première saison dans la LNH de Teemu Selanne, en 1992-1993.
«Quand je l’ai eu, c’était le plus beau jour de ma vie! La différence, c’est qu’il coûtait 30$ dans le temps, pas 350$!»