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L'article provient de Le Journal de Montréal
Culture

Une intense expédition en traîneau à chiens au cœur des monts Torngat racontée dans un livre jeunesse signé Isabelle Larouche

Isabelle Larouche a vécu au Nunavik et habite maintenant à Saint-Eustache.
Isabelle Larouche a vécu au Nunavik et habite maintenant à Saint-Eustache. © Courtoisie Éditions Les Z'Ailées
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Photo portrait de Marie-France Bornais

Marie-France Bornais

2025-02-08T08:30:00Z
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Née au Saguenay–Lac-Saint-Jean, Isabelle Larouche a toujours été fascinée par les aventures et le Grand Nord. Elle a poursuivi ses rêves et commencé sa carrière en enseignant au Nunavik. Puis elle s’est mise à raconter des histoires, à écrire de plus en plus et à être lue par beaucoup de jeunes. Elle lance cette année Entre les crocs des Torngat, un roman jeunesse palpitant qui fournit un éclairage sur le destin des chiens de traîneau dans le Grand Nord et montre comment les gens se réapproprient l’art d’être un musher, un meneur de chiens de traîneau.

Isabelle Larouche publie le roman jeunesse «Entre les crocs des Torngat» aux Éditions Z'ailées.
Isabelle Larouche publie le roman jeunesse «Entre les crocs des Torngat» aux Éditions Z'ailées. © Éditions Les Z'Ailées

Isabelle Larouche raconte l’histoire d’Anuri, un adolescent du Nunavilk, né d’un père inuit et d’une mère qui vient du sud. Dans son village, les jeunes se moquent de lui. Son père lui propose de renouer avec la culture inuite et de l’accompagner dans une expédition en traîneau à chiens au cœur des mythiques monts Torngat.

Son oncle, chargé des préparatifs, a glissé un jeune husky clandestin dans les bagages... Anuri le découvre et tisse avec son chien un lien très profond, pendant un périple intense.

Intriguée par les chiens errants...

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Isabelle Larouche a longtemps habité au Nunavik, y a enseigné dans les années 90 et connaît très bien les sujets dont elle parle dans son roman. «Souvent, il y a des chiens errants dans les villages. Souvent, il y en a trop et ça pose problème parce que ce sont des chiens qui ne sont pas tenus en laisse, qui n’ont pas d’éducation avec des humains. Je trouvais ça triste parce que je voyais les Inuits qui ne semblaient pas apprécier ces beaux toutous-là.»

«Je voyais très peu d’équipes de chiens de traîneau. Déjà là, J’étais curieuse de savoir pourquoi. J’ai commencé à poser des questions. C’est là qu’on m’a parlé du fameux drame des chiens de traîneau, qui avaient été tués par la GRC pour sédentariser les Inuits. J’étais là dans les années 90, et ça, ça s’était passé dans les années 50. Ça ne fait pas si longtemps que ça.»

L’écrivaine se souvient que les adultes avaient encore ces événements en mémoire. «Ils m’en parlaient avec tellement d’émotion... je trouvais que ce qui s’était passé était incroyablement triste.»

L’art d’être un musher

L’art de voyager avec des traîneaux à chiens s’était perdu, mais Isabelle Larouche ajoute que de plus en plus de gens se réapproprient l’art d’être un musher – un meneur de chiens – dans le Grand Nord.

«Je suis retournée au Nunavik dans les années 2010. J’ai fait la tournée de 14 villages en tant qu’autrice et conteuse. Et là, je voyais déjà une amélioration: les gens se réappropriaient cet art-là. J’y ai vu le symbole de se réapproprier sa culture: c’était leur moyen de transport à l’époque.»

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«Les gens qui ont maintenant des équipes de chiens disent que c’est beaucoup plus fiable qu’un ski-doo. Si on va sur la glace, les chiens vont sentir si la glace n’est pas assez épaisse, par exemple. Ils ont des informations qu’une simple machine n’aurait pas. En refaisant des équipes de chiens de traîneau, ils ont retrouvé une autre relation avec le territoire. Ils ont récupéré des notions qui leur avaient été enlevées, tout ce nomadisme.»

La course Ivakkak

L’écrivaine rappelle qu’au mois de mars, la grande course Ivakkak se fait entre les villages – un parcours périlleux de plusieurs centaines de kilomètres.

«À chaque année, c’est un événement. Quand j’étais là en 2020, juste avant la pandémie, la course se terminait drette devant chez moi, dans le village de Kangiqsualujjuaq, le village le plus à l’est, là où se déroule l’histoire. J’ai vu toute l’énergie et l’enthousiasme de ces jeunes.»

Entre les crocs des Torngat

Isabelle Larouche

Éditions Z'ailées

226 pages

En librairie le 5 février

  • Isabelle Larouche est originaire du Saguenay–Lac-Saint-Jean.
  • Grande voyageuse, enseignante et conteuse, elle poursuit ses rêves tout en continuant d’écrire.
  • Elle s’est établie à Saint-Eustache après avoir vécu à Kangiqsualujjuaq au Nunavik, en Ontario, à Kanesatake et à Montréal.
  • Elle lance également cet hiver Un délicieux voyage, un livre jeunesse illustré par Olga Urbanowicz, conçu par et pour la communauté de Saint-Eustache dans le cadre du projet Racines plurielles.
«Les paysages s’évanouissent avec la noirceur qui s’installe. Les chiens ont la langue pendante. Le froid fait grincer la neige sous le poids du traîneau. Au-dessus de leurs têtes dansent les aurores boréales. Un moment magique.»
- Isabelle Larouche, Entre les crocs des Torngat, Éditions Z'ailées

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