Interdiction de TikTok au Canada : «on n’en est pas là», dit Champagne

Raphaël Pirro | Agence QMI
Les préoccupations entourant la sécurité de TikTok suscitent des «enjeux de vigilance», admet le ministre fédéral de l’Innovation, François-Philippe Champagne, mais le gouvernement n’est pas près de bannir la populaire application.
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En entretien avec Philippe-Vincent Foisy à Qub radio vendredi, M. Champagne a justement souligné qu’il n’avait pas de compte sur TikTok par souci de «vigilance», puisqu’on «sait que certaines de ces applications-là peuvent avoir ce qu’on appelle des “backdoors”, en anglais», a-t-il dit.
Les «backdoors» font référence à des lignes de code informatique cachées dans les algorithmes qui permettent à des entités, comme des États, de soutirer de l’information sur les utilisateurs sans leur consentement.
Face à cette réalité, le ministre demande aux gens d’approcher les grandes applications comme TikTok avec «les yeux grands ouverts», a-t-il dit au journaliste.
Jeudi, Justin Trudeau a révélé que TikTok, sans mentionner le nom de l’application directement, était «surveillé de très près» par le Centre de la sécurité des télécommunications (CST), une agence de renseignement sous l’égide du ministère de la Défense.
François-Philippe Champagne a brièvement abordé son projet de Charte canadienne du numérique à travers lequel il souhaite instaurer une poignée de «droits» aux gens face aux géants du web, devenus omnipotents et indispensables à la vie de tous les jours.
«Aujourd’hui, vous, vous n’avez pas le droit de demander qu’on efface par exemple certaines choses de votre vie numérique. [...] Moi je pense que c’est anormal», a-t-il déclaré.
Le fameux «droit à l’oubli» auquel fait référence M. Champagne est déjà une réalité en Europe depuis 2014, où la Cour de justice de l'Union européenne a rendu possible aux individus de demander le retrait de résultats de recherche «inadéquats, non pertinents ou qui ne le sont plus, ou excessifs» sur Google ou à travers d’autres moteurs de recherche.
Des «inquiétudes» sur la loi 96
Questionné par Philippe-Vincent Foisy quant à sa perspective sur la loi 96, qui renforce la loi 101 de plusieurs manières, le ministre a dit qu’elle suscitait chez lui certaines «inquiétudes».
Lesquelles? Difficile à savoir, puisque M. Champagne s’est gardé d’entrer dans les détails. Puis, de toute façon, «le débat sera fait à Québec», un débat qui se doit d’être «serein».
Même s’il «faut être conscient qu’au Québec ça se passe en français», le ministre a maintenu qu’il fallait «respecter les droits des minorités linguistiques au Québec aussi».