Ingérence chinoise dans les élections: le NPD et le Bloc Québécois demandent une enquête publique

Anne Caroline Desplanques
Le NPD et le Bloc Québécois réclament tous deux une enquête publique sur l’ingérence de la Chine dans les élections.
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«Les graves allégations selon lesquelles des candidats individuels ont pu être affectés par l'ingérence étrangère méritent une enquête approfondie, transparente et indépendante», a déclaré le chef du NPD Jagmeet Singh.
Le chef néo-démocrate s’était jusqu’à présent gardé de prendre position dans ce dossier explosif.

«Nous sommes en faveur d’une enquête publique», a déclaré en écho, Joanie Riopel, la porte-parole du chef bloquiste, Yves-François Blanchet.
M. Singh et M. Blanchet joignent ainsi leur voix à celle de l'ex-chef du Service canadien du renseignement et de sécurité (SCRC) Richard Fadden et à celle de l'ex-directeur général des élections Jean-Pierre Kingsley, qui ont réclamé une telle enquête ces derniers jours.
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L’ex-directeur général des opérations de renseignement au Centre de la sécurité des télécommunications (CST), Artur Wilczynski, a lui aussi réclamé une enquête publique dimanche afin de «restaurer la confiance envers les processus démocratiques du Canada» à l’abri de toute partisanerie.
Le premier ministre Justin Trudeau y a cependant fermé la porte vendredi, indiquant que les parlementaires avaient suffisamment d’outils pour étudier le dossier en comité à la Chambre des communes. Il a ajouté aujourd’hui que sa conseillère en sécurité et en renseignements, Jody Thomas, témoignera cette semaine publiquement en comité.

Député libéral suspect
Brandissant l’épouvantail du racisme envers les Canadiens d’origine chinoise, M.Trudeau en a profité pour se porter à la défense du député libéral Han Dong, élu dans Don Valley North à Toronto en 2019 puis réélu en 2021, et qui aurait bénéficié de l’ingérence chinoise, selon Global News.
D’après la chaîne, le Service des renseignements a avisé le Parti libéral de ses inquiétudes à l’égard de M.Dong, trois semaines avant le scrutin. Mais cet avertissement aurait été ignoré.
«Dans une démocratie libre, ce n’est pas à des agents non élus des services de renseignement de dicter aux partis politiques qui peut ou non se présenter à une élection», a critiqué M.Trudeau.
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Le député Dong a quant à lui nié en bloc bénéficier du soutien chinois. Il a déclaré soutenir «tous les efforts factuels des parlementaires» pour enquêter sur cette affaire. Pas un mot toutefois en faveur d’une enquête publique indépendante.
M.Singh juge l’opposition du gouvernement à une telle enquête «injustifiée et déconcertante».
«La façon de mettre fin à la prétendue ingérence secrète de la Chine est de refuser de garder leurs secrets pour eux, a-t-il déclaré. Une enquête publique totalement indépendante et non partisane est le moyen de faire la lumière dans l'ombre.»
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Signes avant-coureurs dès 2018
M. Wilczynski a rappelé que le CST, un des principaux organismes de sécurité et de renseignement du pays, avait averti avant les élections de 2019 qu’il était «très probable» que les électeurs canadiens feraient face à «une forme quelconque d’activité d’ingérence étrangère en ligne» liée à ce scrutin.
«En 2018, des cybermenaces ont ciblé le processus démocratique de la moitié de toutes les démocraties avancées qui tenaient des élections nationales. Le nombre de cybermenaces a donc presque triplé depuis 2015 et nous nous attendons à ce que cette hausse se poursuive en 2019», indiquait l’organisation dans un rapport.
«L’ingérence étrangère en ligne, soit les activités d’ingérence menées au moyen de cyberoutils, qui cible les électeurs représente maintenant le type de cybermenace le plus courant contre les processus démocratiques à l’échelle mondiale. Les auteurs de cybermenace manipulent l’information diffusée en ligne, souvent au moyen de cyberoutils, pour influencer l’opinion et le comportement des électeurs», poursuivait l’analyse.