Ingérence chinoise: le Bloc réitère son appel à une enquête publique
Raphaël Pirro
Le Bloc québécois réitère son appel à une enquête publique pour lever le voile sur les zones d’ombre qui persistent au lendemain du dépôt d’un rapport affirmant que l’ingérence chinoise dans les élections fédérales de 2021 n’a pas menacé l’intégrité des résultats.
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«Je pense que le gouvernement n’a rien à perdre à faire cet exercice», a déclaré Yves-François Blanchet en point de presse mercredi.
Une telle enquête indépendante, dont il aimerait qu’elle soit présidée par une personne choisie des parlementaires, permettrait de «rétablir la confiance des gens envers le système électoral» et de «prémunir l’État» contre toute tentative d’ingérence future, selon le chef bloquiste.
Le rapport, préparé par un groupe de hauts fonctionnaires et d’experts chargés d’évaluer les menaces d’ingérence étrangère, explique que de l’ingérence étrangère a bel et bien eu lieu, mais «pas suffisamment» pour que le public en soit informé.
Le degré d’ingérence qui justifierait une intervention publique reste toutefois ambigu, les auteurs du rapport ne précisant pas de seuil ou de critère spécifique pour ce faire.
«À partir d’ingérence réussie dans combien de circonscriptions qu’on intervient ? Une ? Cinq ? Douze ? Quatorze ?», a demandé M. Blanchet.
- Écoutez l'entrevue avec Yves-François Blanchet à l’émission de Richard Martineau diffusée chaque jour en direct 9 h 23 via QUB radio :
«J’en pense que dès qu’il y a une circonscription qui est de façon démontrable ou démontrée l’objet d’un changement ou d’une altération vraisemblable du résultat, bien c’est déjà grave», a-t-il dit, et «c’est d’autant plus grave dans une composition de la Chambre des communes qui est minoritaire».
La semaine dernière, le premier ministre Justin Trudeau avait écarté la tenue d’une enquête publique indépendante sur le sujet.
Depuis, d’anciens hauts placés de son gouvernement, incluant son ancien proche conseiller Gerald Butts, se sont prononcés en faveur d’une éventuelle enquête.
M. Trudeau avait aussi laissé entendre que les doutes soulevés par les experts et les partis d’opposition sur l’ingérence chinoise ouvraient la voie à du racisme contre les Canadiens d’origine chinoise, une affirmation rejetée du revers de la main par M. Blanchet.
«Il y a comme un réflexe à tout vent de placer le mot racisme, comme si le mot racisme était le glutamate de la politique : si ça ne goute rien, on va dire le mot racisme, si c’est vide, on va dire le mot racisme», a-t-il ironisé.
«C’est comme si c’était raciste de dénoncer les Russes qui envahissent l’Ukraine.»
Le NPD de Jagmeet Singh soutient également la tenue d’une enquête publique, alors que les conservateurs n’en veulent pas pour l’instant.