«Indéfendable»: Qui sera le personnage de Léa Roy
Alicia Bélanger-Bolduc
À seulement 27 ans, Léa Roy affiche un parcours remarquable. Des rôles mémorables à la télévision aux voix pour d'importantes campagnes publicitaires, elle s'est imposée dans l'industrie et ne cesse de confirmer son talent. Elle nous a reçus dans son nouveau logement pour échanger sur ses projets actuels.
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On te verra dans Indéfendable dès ce soir. Que peux-tu me dire sur ton rôle?
Mon personnage s’appelle Laurence Vachon. C’est une créatrice de contenu sur les réseaux sociaux. Elle est bien appréciée par sa communauté, jusqu’au jour où une de ses vidéos sort et provoque sa chute. Après, elle sera aussi accusée de meurtre et sera en procès pendant un certain moment. C’est quand même quelque chose de gros à défendre. C’est un personnage délicat qui vit beaucoup de choses, et on en apprendra plus sur elle et sa personnalité complexe.
Est-ce que tes tournages sont terminés?
Oui. C’est vraiment arrivé rapidement tout ça. Dans un revirement de situation, j’ai eu le rôle, donc je n’ai pas eu beaucoup de temps pour me préparer. J’étais très contente, car je n’avais pas encore touché à la quotidienne. C’est plutôt rare et j’étais très heureuse d’avoir enfin ma chance.
Quels autres projets s’en viennent pour toi?
J’ai quand même une belle rentrée télévisuelle automnale. Je fais partie de la distribution de Doute raisonnable avec un personnage complètement différent de ce que je fais habituellement. Je serai la femme d’un podcasteur masculiniste. On me verra aussi dans Alertes: Pelletier et j’ai tout récemment terminé une websérie qui s’appelle Avant qu’on m’oublie, qui sera diffusée cet hiver et qui parle de l’avènement de YouTube. Je suis aussi en tournage pour la deuxième saison de Libre dès maintenant. Je serai un peu l’antagoniste de cette saison. À la rentrée, je vais faire partie de la pièce Faire le bien au Théâtre du Rideau Vert, qui est la dernière mise en scène de Claude Poisson, qui vient malheureusement de nous quitter. Ça porte un poids encore plus grand.

À 27 ans, tu as déjà une feuille de route impressionnante. T’arrêtes-tu parfois pour regarder ton beau parcours?
Honnêtement, c’est rare que je m’y attarde et que je constate le travail accompli. Au contraire, on dirait que je suis tellement dans un processus de travailler sur ma carrière et mes projets futurs. Je regarde tellement vers l’avant que c’est vrai que je pourrais prendre le temps d’apprécier mon parcours. J’en suis très fière, ça c’est sûr!
Tu es finissante du Conservatoire d’art dramatique de Montréal. Pourquoi c’était important pour toi de faire des études dans ce domaine malgré une carrière déjà bien établie?
Pendant trois ans, j'ai jonglé entre mes études et le travail à temps plein, en me donnant à fond pour réussir à l'école. J'ai un grand respect pour les acteurs qui ont fait d'autres choix. De mon côté, j’ai toujours été studieuse. Après mon bac en communication et littérature française, j'ai dû me rendre à l'évidence: ce qui me passionne vraiment, c'est être actrice. Puisqu’il existe une telle formation, je me suis permis de foncer. C'était le moment d'assumer ce que je voulais vraiment faire, pour ne pas prendre la chance de me retrouver dans 10 ans à me sentir comme une imposteure. J’avais peur de ne pas être capable de me renouveler assez sans avoir assez d’outils. Cette période, ç’a été un vrai tournant dans ma vie, des années super précieuses que je ne regrette pas du tout.
Tu as dû assumer ton choix de métier. Est-ce que ç’a été difficile pour toi de prendre cette décision?
J'ai toujours beaucoup aimé l'école et j'y excellais. En entrant au cégep, j'ai naturellement considéré les sciences, mais l’art a toujours fait partie de mon identité, et au fond de moi, je savais que c'était la bonne décision. Il a juste fallu que je plonge à fond, et les études m’ont permis de le faire. C’est un métier qui peut être insécurisant pour plein de raisons, surtout en 2025, où la culture ne va pas très bien. J’ai dû y réfléchir, mais la dernière année a vraiment été généreuse avec moi et je suis bien heureuse d’avoir pris cette décision.
Qu'est-ce qui t’as donné la piqûre de ce métier à un si jeune âge?
J’ai débuté à l’âge de 10 ans en faisant beaucoup de doublage. Mon premier rôle à la télévision était dans Tactik. J’écoutais déjà énormément de télévision quand j’étais enfant. On était une famille qui s’assoyait devant l’écran au souper et on aimait discuter de ce qu’on regardait. On écoutait autant de la fiction que Tout le monde en parle. J’étais aussi enfant unique. Je suis convaincue que mon esprit créatif a fait en sorte que j’ai découvert mon talent d’actrice en inventant des personnages. Mes parents ne sont pas du tout dans le milieu, mais ils m’ont beaucoup soutenue.
Après tant d’années, qu’est-ce qui t’accroche encore à ce domaine?
J’ai vraiment un grand amour pour la culture québécoise et pour la langue française, tout simplement. J’adore ce qu’on crée au Québec. La culture, c’est une façon de garder notre histoire en vie, c’est l’héritage qu’on porte. Sans culture, je ne crois pas que nous aurions une mémoire collective. C’est une mission qui me parle vraiment. Elle a aussi été importante dans mon cheminement comme enfant. C’était une façon de me sentir représentée. Si je peux inciter les jeunes à vouloir y œuvrer, ce sera un pari réussi.
Dans les dernières années, tu as joué des personnages très forts. Est-ce que le jeu est une belle façon pour toi de passer des messages et être un moteur de changement?
Avec L’Académie, Sarah-Maude Beauchesne portait vraiment un magnifique message de sororité et de féminisme, des sujets importants qui préoccupent la femme du XXIe siècle. Faire partie d’un tel projet a été un honneur, et j’ai ressenti la responsabilité qu’on portait. De même pour L’empereur, où j’interprétais une victime d’agression sexuelle qui décide de porter plainte. C’est un enjeu qui me touche particulièrement et j’ai reçu tellement de témoignages de femmes qui se sont reconnues. Je vois bien que nous ne faisons pas que du divertissement. Je pense que la culture est absolument essentielle pour amener les gens à communiquer et à parler des sujets qui nous habitent. Je joue souvent des personnages de femmes fortes et je suis bien heureuse qu’on me confie de tels projets.
Ta grande amie Milya Corbeil Gauvreau vient de déménager en France. Y aura-t-il des visites de ta part prochainement?
Certainement! Ce n’est pas l’endroit le plus plate à visiter en plus! Elle s’en va étudier pendant trois ans dans un programme de réalisation. Ça ne l’empêche pas de rester disponible pour des projets au Québec. Elle ne fait pas un X sur sa carrière d’actrice, mais à 22 ans, c’est un bon moment pour vivre un tel projet. Je suis bien contente pour elle, mais je suis vraiment triste de ne pas la voir autant, parce que c'est une amie très précieuse. Elle a cinq ans de moins que moi, mais c’est comme ma petite sœur. Au début de l’année, on a fait un grand voyage d’un mois et demi en Asie, donc on s'est encore plus rapprochées. Malheureusement pour Montréal, je pense que je vais tromper ma ville à maintes reprises dans les trois prochaines années! (rires)
L’anglais fait aussi partie de ta carrière. Est-ce que tu as le désir de voir où l’international pourrait te mener?
Ça fait 10 ans que j’auditionne en anglais et c’est tellement difficile de se démarquer, même si je suis parfaitement bilingue. Le bassin de gens qui auditionnent au Québec est vraiment plus petit que celui des États-Unis. Je pense que je fais trois self-tapes par semaine! C’est du travail non rémunéré constamment. Mais je ne lâche pas, j’ai confiance que ça va débloquer un jour, ce n’est qu’une question de timing. J’ai aussi l'ambition de travailler en Europe. On me dit souvent que je ressemble à Charlotte Gainsbourg; ça pourrait m’aider à décrocher des rôles.

Tu as récemment déménagé dans ce très bel espace. Qu’est-ce qui a motivé ce choix?
Je suis revenue de voyage et c’est fou comment ça peut nous donner des idées de grandeur. Je me suis dit que j’étais une femme de 27 ans qui travaille à temps plein et que j’étais en mesure de m’octroyer plus d’espace. Mon ancien appartement était celui de l’époque où j’ai fait mon conservatoire, c’était une période d’étudiante. Là, j’avais envie d’un espace de femme professionnelle. J’habite seule, ce qui est mon rêve. C'est vraiment une joie, un privilège et une chance dans ma vie de me sentir bien chez moi, parce que ce n’est absolument pas donné à tout le monde.

Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour le futur?
Je me suis vraiment découvert une envie de voyager cette année, et je me dis que ça serait un vrai privilège de tourner à l’étranger. Je fais le souhait chaque jour de me trouver un tel projet. Par exemple, obtenir un rôle qui pourrait me permettre d’aller à Vancouver pour tourner, mais en profiter pour faire du ski. Je souhaite aussi que les projets auxquels je prends part continuent d'inspirer les gens et continuent d'être à la hauteur des messages que je veux porter dans la vie. J’aimerais aussi décrocher plus de rôles au théâtre, puisque c’est un médium que je désire explorer davantage.