«Indéfendable»: L'idéatrice, Izabel Chevrier, pense savoir pourquoi la série touche autant le public
Équipe Salut Bonjour
Le verdict est unanime: le public adore Indéfendable. Diffusée sur TVA, la série judiciaire québécoise continue de captiver plus d’un million de téléspectateurs chaque semaine. Pour comprendre ce succès durable, on a rencontré Izabel Chevrier, autrice, idéatrice et productrice de la série, ainsi que Julie Trépanier, qui incarne Me Nolin au petit écran.
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Pour Izabel Chevrier, Indéfendable n’est pas qu’un projet de fiction: c’est une œuvre profondément personnelle. Au départ, tout est né d’une idée griffonnée par Richard, il y a plus de 25 ans. Ancien criminaliste, il rêvait d’écrire une série suivant un cabinet d’avocats de la défense. Izabel, alors documentariste judiciaire, a repris cette idée pour en faire une série humaine, ancrée dans la réalité du système de justice québécois. Le décès soudain de son conjoint a bouleversé tout le Québec.
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« Pierre Karl [Péladeau] a pris un risque, se souvient-elle. On proposait une série où les héros étaient... les avocats de la défense! Habituellement perçus comme les “méchants”, ils deviennent ici les gardiens de l’équilibre judiciaire. »
Indéfendable, une série ancrée dans la réalité
Les histoires racontées dans Indéfendable ne sortent pas de nulle part. Elles s’inspirent de vraies causes criminelles, analysées et revisitées pour l’écran.
Izabel Chevrier a passé 15 ans à décortiquer plus de 600 dossiers judiciaires; un bagage inestimable qui nourrit chacune de ses intrigues.
« Je pars toujours du crime pour construire le récit. Les personnages sont réinventés, mais jamais le crime. »
Cette approche réaliste explique sans doute pourquoi le public s’attache autant aux personnages. Pour beaucoup, Lapointe, Mcdonald et Nolin ne sont plus que des noms de fiction : ils font partie de leur quotidien.
« Les gens me parlent du cabinet comme si ces avocats existaient vraiment. »
Pourquoi la série touche autant le public
Si Indéfendable touche aussi profondément les téléspectateurs, c’est parce qu’elle parle avant tout des gens ordinaires confrontés à l’extraordinaire.
« Ce n’est pas une série sur des criminels sans empathie, explique Izabel. C’est une série sur des vies brisées, des drames humains. Quand un adolescent innocent se fait tirer, c’est bouleversant. »
Les causes choisies abordent des enjeux sociaux actuels : violence conjugale, dérives du système, quête de justice. Chaque épisode cherche à ouvrir le dialogue et à faire réfléchir, sans jamais tomber dans le manichéisme. Derrière le succès d’Indéfendable se cache aussi une façon de faire différente. Sur les plateaux, Izabel Chevrier voulait instaurer une culture de respect, de calme et de collaboration.
Le défi est immense : écrire, produire et superviser une série d’une telle ampleur, souvent sept jours sur sept. Après plusieurs années d’un rythme effréné, Izabel avoue avoir appris à ralentir et à s’entourer davantage.
« Je dois maintenant prendre soin de moi, et de mon deuil. »
Sur le plateau, Izabel ne se contente pas de produire : elle accompagne les comédiens dans leur jeu, particulièrement lors des scènes de procès. Cette implication directe contribue à l’authenticité et à la crédibilité de la série. Plusieurs personnages d’Indéfendable ont été imaginés spécifiquement pour certains comédiens.
« J’ai écrit pour Maude Guérin, pour Stéphane Demers. Quand l’acteur à qui tu penses incarne ton personnage, c’est magique. »
C’est aussi ce qui rend la série si forte : les acteurs ne «jouent» pas leurs rôles, ils les habitent.
