«Ils sont venus au Canada avec tellement de rêves»: la famille décimée à Ottawa victime de sa générosité


Jonathan Tremblay
OTTAWA | Le rêve canadien d’une famille sri lankaise ayant bûché dur pour s’établir ici a été anéanti, mercredi soir, par un jeune étudiant qu’elle hébergeait par pure générosité.
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«Ils sont venus au Canada avec tellement de rêves, pour survivre et soutenir leur famille et leur communauté. Ils sont tellement de bonnes personnes», a soufflé le moine Bhanté Suneetha jeudi après-midi, quelques heures après avoir appris la tragique nouvelle.
L’épouse et les quatre jeunes enfants de Dhanushka Wickramasinghe, un membre de sa communauté bouddhiste d’Ottawa, ont été sauvagement tués mercredi soir dans l’ouest de la ville.
Vêtu de son kesa orange, Bhanté Suneetha a confié calmement au Journal que l’immigrant était arrivé ici, déterminé, en pleine pandémie de 2020, à titre d’étudiant.

Après l’obtention de son visa de travail, le père de famille de 35 ans a réussi à rapatrier sa femme enceinte et ses enfants au Canada. Ils espéraient y trouver une vie meilleure.
Jeune entrepreneur
M. Wickramasinghe se serait d’ailleurs lancé en affaires, il y a quelques mois, en ouvrant une petite entreprise de nettoyage.
«Il travaillait pour lui-même en faisant des nettoyages dans quelques restaurants et des maisons privées», a précisé le moine.
La famille s'était donc finalement réunie au pays il y a environ un an, dit M. Suneetha, et n’avait aucun parent proche ici.
Elle s’était installée sur le chemin Berrigan, dans le paisible quartier de Barrhaven.
Puis, elle s’était également ralliée à la communauté sri lankaise locale, dans laquelle elle était impliquée, a affirmé celui qui siège aussi au conseil du temple.
Famille engagée
Tout en discutant avec Le Journal, M. Suneetha faisait défiler sur son cellulaire des photos du baby shower qui a été organisé au cours des derniers mois pour la venue de la petite Kelly, elle aussi sauvagement assassinée. Elle n'avait que 2 mois.

«Ils s’engagent dans la communauté du temple, ils sont aidants», a-t-il témoigné, en continuant tristement à parler de la famille entière au présent.
Preuve de la générosité des Wickramasinghe, les nouveaux arrivants avaient récemment accepté d’accueillir pour quelques mois sous leur toit deux hommes de 19 et 40 ans afin de les aider.
Le premier est le suspect et le second, l'une des victimes.
«Ils ne les connaissaient pas beaucoup. Ils avaient accepté de les héberger», a expliqué M. Suneetha, disant n’avoir jamais rencontré celui qui aurait commis le pire.
«On ne voit aucune raison d’avoir fait cela, a-t-il assuré. On est tous sous le choc. On va avoir une rencontre pour voir comment on peut aider le père et les autres personnes affectées.»

Par ailleurs, une vigile a été organisée, dans un parc à proximité, pour rendre hommage aux victimes.
Noëlle Wood y a d'ailleurs assisté, comme une centaine de personnes, avec sa fille de 7 ans et son fils de 5 ans. Son enfant était dans la classe de l’enfant de 7 ans et le petit à la garderie avec un des autres.
«Je les ai assis sur le divan en fin d’après-midi pour leur annoncer que quelque chose de très triste était survenu. C’est encore frais pour ma fille. On est venu ici pour qu’elle puisse comprendre l’information». a-t-elle raconté.

«C’était mon ami. Il était gentil et joyeux, a dit la petite. C’est beaucoup de pression pour moi», a dit la petite.
– Avec Frédérique Giguère
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