Tuerie à Ottawa: «Ça reste une hypothèse qu’une maladie se soit développée à bas bruit», analyse un psychiatre
TVA Nouvelles
L’un des pires actes de violence est survenu mercredi soir à Ottawa lorsqu’un étudiant de 19 ans aurait présumément mis fin à la vie de six personnes, dont une mère et ses quatre enfants.
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La tuerie de masse est d’autant plus troublante qu’elle n’a pas été perpétrée, comme c’est fréquemment le cas, par un homme d’âge mûr.
Le suspect, Febrio De-Zoysa, était récemment arrivé au Canada, et aurait été hébergé chez la famille qu’il a présumément décimée.
«On sait qu’il était proche de la famille. Les hypothèses qu’on pourrait avoir malheureusement, c’est qu’une maladie comme la schizophrénie, ça débute habituellement à cet âge-là, 19-20 ans, chez les hommes», détaille en entrevue à l’émission Le Bilan le psychiatre Gilles Chamberland.

«Ça reste une hypothèse qu’une maladie se soit développée à bas bruit», ajoute-t-il, indiquant que l’entourage «n’avait pas l’air de se douter de quoi que ce soit».
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La mère Darshani Banbaranayake Gama Walwwe Darshani Dilanthika Ekanyake, 35 ans, a été retrouvée aux côtés de ses quatre enfants, Inuka, 7 ans, Ashwini, 4 ans, Rinyana, 2 ans, et la petite Kelly, âgée de seulement 2 mois et demi.

La sixième victime est Ge Gamini Amarakoon, 40 ans, une connaissance de la famille qui vivait temporairement chez eux. Ils sont tous des ressortissants du Sri Lanka, ont confirmé les autorités.
Les attaques auraient été perpétrées à l’arme blanche.
Aucun antécédent
Le Dr Chamberland explique qu’en règle générale, un tel crime est souvent précédé de signes annonciateurs, ce qui ne semble pas être le cas dans la présente tuerie.
Febrio De-Zoysa n’avait pas d’antécédent criminel ni de dossier médical concernant sa santé mentale au Canada.
«L’hypothèse selon laquelle le meurtrier était intoxiqué ne peut pas être exclue non plus, mais on ne veut pas non plus exclure que c’était quelqu’un qui aurait été très fâché par quelque chose, qui aurait un motif qu’on ne connait pas encore, qui aurait une cause à défendre ou quelque chose du style, tout est pas mal ouvert comme hypothèse», énumère le spécialiste.

Le psychiatre explique que sous l’effet d’un quelconque psychotrope, un individu peut se sentir menacé par des personnes qui ne le menacent pas du tout, «même par des enfants».
«Une des caractéristiques quand c’est malheureusement un patient psychiatrique ou quelqu’un qui est intoxiqué, c’est souvent des proches sur lesquels on va délirer, donc les gens qui vont être agressés, c’est souvent malheureusement des proches», prévient-il.
Le père des enfants, qui a été blessé, a survécu à la tuerie. Il aurait même crié afin d'obtenir de l'aide. Ce sont ses voisins qui ont appelé la police un peu avant 23h mercredi.

Selon le psychiatre Gilles Chamberland, il lui sera particulièrement difficile de composer avec cette tragédie.
«Le deuil d’un proche, c’est déjà difficile, de faire le deuil de toute sa famille, je ne suis pas sûr que ça ne laisse pas des traces indélébiles, et d’avoir assisté à ça, d’avoir été présent, c’est presque insurmontable», déplore-t-il.
«Ne pas développer un trouble de stress post-traumatique, c’est presque impossible, en plus d’affronter la réalité selon laquelle on a perdu sa famille au complet, ça va être extrêmement difficile pour cette pauvre personne-là», ajoute-t-il.
Febrio De-Zoysa est accusé de six chefs d’accusation de meurtre au premier degré et d’un autre chef d’accusation pour tentative de meurtre. Il demeure détenu jusqu’à sa prochaine comparution.
Écoutez l’entrevue complète avec le psychiatre Gilles Chamberland dans la vidéo au début de l’article.