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L'article provient de Bureau d'enquête

Il abandonne le pays après 6 mois à attendre son permis de travail

Un demandeur d'asile qui ne demandait qu'à travailler en a eu assez de vivre misérablement sur l'aide sociale

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Photo portrait de Nora T. Lamontagne

Nora T. Lamontagne

2023-09-25T04:00:00Z
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Avant de traverser la frontière vers les États-Unis, Óscar, un demandeur d'asile, a attendu plus de 6 mois un permis de travail qui n’est jamais arrivé, le condamnant à une extrême pauvreté.

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« Ça coûte cher, imprimer un permis de travail, ou quoi ? Si les migrants sont raisonnables, ils viennent ici pour travailler, pour payer des taxes. C’est de la main-d’œuvre », s’emporte celui qui a attendu en vain plus de six mois l’autorisation de travailler. 

Originaire du Venezuela, Óscar a travaillé plus de 10 ans en cuisine et a enseigné à des enfants du primaire par le passé. Il n'avait qu'un souhait : être embauché le plus rapidement possible à Montréal.
Originaire du Venezuela, Óscar a travaillé plus de 10 ans en cuisine et a enseigné à des enfants du primaire par le passé. Il n'avait qu'un souhait : être embauché le plus rapidement possible à Montréal. Photo Chantal Poirier

Durant tout ce temps, il s’est refusé à travailler au noir et a compté ses dépenses au dollar près pour survivre à Montréal avec les 770 $ de l’aide sociale : 400 $ pour son studio délabré, 97 $ pour une passe de métro, 110 $ pour son cellulaire. Le reste – des miettes – pour la nourriture et la pharmacie du mois. 

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Sans four fonctionnel et sans frigo, Óscar avait l'habitude de faire durer son repas de riz et de poulet pendant trois jours pour économiser sur la nourriture.
Sans four fonctionnel et sans frigo, Óscar avait l'habitude de faire durer son repas de riz et de poulet pendant trois jours pour économiser sur la nourriture. Photo Chantal Poirier

« J’ai acheté des fruits laids au rabais, presque tous mes vêtements sont de seconde main, et je ne peux rien dépenser », confiait Óscar avec un soupir, quelques jours avant de sauter les lignes pour retourner aux États-Unis

Fils d'agriculteurs et habitué à l'abondance des plaines du Venezuela, Óscar a dû se rabattre sur des fruits et des légumes abîmés vendus au rabais à l'épicerie.
Fils d'agriculteurs et habitué à l'abondance des plaines du Venezuela, Óscar a dû se rabattre sur des fruits et des légumes abîmés vendus au rabais à l'épicerie. Photo Chantal Poirier
Impossible d'aider sa famille

À ce triste constat s’ajoutait l’impossibilité totale pour lui d’envoyer un peu d’argent à sa famille au Venezuela, comme il le faisait par le passé. 

« Ma sœur vient d’avoir un bébé. Elle a dû vendre l’air climatisé et son téléphone pour acheter les choses de base. Si j’avais pu travailler, je lui aurais envoyé 500 $ », regrette-t-il, les yeux humides. 

Le petit bagage d'Óscar était déjà bouclé trois jours avant son départ, quand notre Bureau d'enquête l'a rencontré.
Le petit bagage d'Óscar était déjà bouclé trois jours avant son départ, quand notre Bureau d'enquête l'a rencontré. Photo Chantal Poirier

Même sa mère se demandait ce qu’il fabriquait dans un pays étranger, sans emploi, alors qu’il était le seul de sa famille hors du Venezuela. 

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Cette angoisse constante a pesé lourd sur le moral d’Óscar tout l’été. 

Il a passé son temps alternant entre des promenades autour des stations de métro et quelques heures à débarrasser les tables du café d’un ami en échange d’un sandwich. 

« J’ai connu la misère que je n’avais jamais connue ailleurs. Même pas au Venezuela », dit-il. 

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