Il abandonne le pays après 6 mois à attendre son permis de travail
Un demandeur d'asile qui ne demandait qu'à travailler en a eu assez de vivre misérablement sur l'aide sociale

Nora T. Lamontagne
Avant de traverser la frontière vers les États-Unis, Óscar, un demandeur d'asile, a attendu plus de 6 mois un permis de travail qui n’est jamais arrivé, le condamnant à une extrême pauvreté.
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« Ça coûte cher, imprimer un permis de travail, ou quoi ? Si les migrants sont raisonnables, ils viennent ici pour travailler, pour payer des taxes. C’est de la main-d’œuvre », s’emporte celui qui a attendu en vain plus de six mois l’autorisation de travailler.

Durant tout ce temps, il s’est refusé à travailler au noir et a compté ses dépenses au dollar près pour survivre à Montréal avec les 770 $ de l’aide sociale : 400 $ pour son studio délabré, 97 $ pour une passe de métro, 110 $ pour son cellulaire. Le reste – des miettes – pour la nourriture et la pharmacie du mois.

« J’ai acheté des fruits laids au rabais, presque tous mes vêtements sont de seconde main, et je ne peux rien dépenser », confiait Óscar avec un soupir, quelques jours avant de sauter les lignes pour retourner aux États-Unis.

Impossible d'aider sa famille
À ce triste constat s’ajoutait l’impossibilité totale pour lui d’envoyer un peu d’argent à sa famille au Venezuela, comme il le faisait par le passé.
« Ma sœur vient d’avoir un bébé. Elle a dû vendre l’air climatisé et son téléphone pour acheter les choses de base. Si j’avais pu travailler, je lui aurais envoyé 500 $ », regrette-t-il, les yeux humides.

Même sa mère se demandait ce qu’il fabriquait dans un pays étranger, sans emploi, alors qu’il était le seul de sa famille hors du Venezuela.
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Cette angoisse constante a pesé lourd sur le moral d’Óscar tout l’été.
Il a passé son temps alternant entre des promenades autour des stations de métro et quelques heures à débarrasser les tables du café d’un ami en échange d’un sandwich.
« J’ai connu la misère que je n’avais jamais connue ailleurs. Même pas au Venezuela », dit-il.
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