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L'article provient de TVA Nouvelles
Justice et faits divers

Hells Angels: accès inédit aux tests du polygraphe que le délateur Stéphane «Godasse» Gagné a réussis avant de faire tomber Maurice «Mom» Boucher

Le livre «Godasse, le vrai visage d'un tueur des Hells» relate que l'ex-motard n'a eu aucun mal à passer le détecteur de mensonges

Image tirée du premier des deux tests polygraphiques passés par le délateur Stéphane «Godasse» Gagné, le 9 décembre 1997, au quartier général de la Sûreté du Québec, à Montréal.
Image tirée du premier des deux tests polygraphiques passés par le délateur Stéphane «Godasse» Gagné, le 9 décembre 1997, au quartier général de la Sûreté du Québec, à Montréal. PHOTO D'ARCHIVES / LE JOURNAL DE MONTRÉAL
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Eric Thibault et Jean-Louis Fortin

2025-03-03T05:00:00Z
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Vingt-cinq ans avant Frédérick Silva, qui aide présentement la police à résoudre une soixantaine de complots de meurtre, la justice québécoise a eu recours à un autre célèbre délateur. Au tournant des années 2000, Stéphane «Godasse» Gagné a permis de mettre hors d’état de nuire le chef des Nomads, Maurice «Mom» Boucher, au terme de deux procès spectaculaires. Notre Bureau d’enquête dévoile des détails inédits de cette saga dans un nouveau livre, Godasse, le vrai visage d’un tueur des Hells, en librairie dès maintenant.


Le délateur Stéphane Gagné adorait tellement faire de la moto, quand il faisait partie de l’organisation des Hells Angels, qu’il a donné Harley David comme prénom à son fils.

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• À lire aussi: Hells Angels: la conjointe du délateur Stéphane Gagné était la «pièce maîtresse» de la stratégie policière qui a fait tomber Maurice «Mom» Boucher

C’est l’une des confidences de celui qui a fait tomber Maurice «Mom» Boucher qui ont fait sursauter le policier qui lui a fait passer le test du polygraphe, dont plusieurs extraits font l’objet du nouveau livre de notre Bureau d’enquête, Godasse - Le vrai visage d’un tueur des Hells.

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Image fournie par Les Éditions du Journal
Image fournie par Les Éditions du Journal

Il est rarissime d’avoir accès à de telles images, car les résultats d’un test du polygraphe ne sont pas admissibles en preuve dans un procès criminel.

Jean-Yves Saulnier, un spécialiste du « détecteur de mensonges » pour la Sûreté du Québec, a demandé à « Godasse » de répéter.

Il n’était pas certain d’avoir bien entendu quand Gagné lui a appris que l’identité de son enfant était inspirée de la marque de moto Harley-Davidson, la seule que les Hells Angels doivent posséder, selon les règlements internes du gang.

• Écoutez aussi cet épisode balado tiré de l'émission de Mario Dumont, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

Spontané et franc

Gagné n’avait pas du tout l’air d’un gars nerveux en se soumettant à ce test, le 9 décembre 1997, à deux jours de son 28e anniversaire de naissance.

Image tirée du premier des deux tests polygraphiques passés par le délateur Stéphane «Godasse» Gagné, le 9 décembre 1997, au quartier général de la Sûreté du Québec à Montréal. COURTOISIE
Image tirée du premier des deux tests polygraphiques passés par le délateur Stéphane «Godasse» Gagné, le 9 décembre 1997, au quartier général de la Sûreté du Québec à Montréal. COURTOISIE Courtoisie

Il a plutôt fait preuve d’une spontanéité parfois déroutante durant cet examen, que tous les candidats espérant devenir délateurs au Québec doivent obligatoirement réussir.

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– Stéphane, c’est qui la personne que tu respectes le plus au monde? lui a demandé le polygraphiste.

– Ma femme. Elle est franche, a répondu Gagné sans sourciller.

– Qu’est-ce qu’elle dit de tout ça? a enchaîné Saulnier, en faisant référence aux intentions de Gagné de collaborer avec la justice.

– Elle est restée surprise que j’aie tué du monde, a dit le témoin repenti en parlant de sa participation aux meurtres de deux agents correctionnels abattus en 1997 sous les ordres de Mom Boucher, pour déstabiliser le système judiciaire québécois.

Accro à l’adrénaline

Le futur délateur n’a pas cherché à embellir le portrait de son enfance face au sergent Saulnier.

Né à Montréal, élevé dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve, il a abandonné l’école sans avoir terminé son secondaire 1.

– Qu’est-ce que t’as fait en lâchant l’école? lui a demandé Saulnier.

– J’ai vendu d’la drogue, a admis Gagné, en ajoutant qu’il avait commencé à en consommer à 12 ans, qu’il était resté accro à la cocaïne, mais qu’il avait cessé de prendre «d’la poudre» en 1990.

Gagné a également surpris le policier en lui mentionnant qu’il était un adepte du parachutisme et qu’il partageait ce besoin de sensations fortes avec d’autres Hells.

«C’est l’adrénaline», a succinctement expliqué l’ex-motard quand le polygraphiste voulait savoir quel feeling il recherchait en pratiquant ce sport extrême.

Image tirée du premier des deux tests polygraphiques passés par le délateur Stéphane « Godasse » Gagné, le 9 décembre 1997, au quartier général de la Sûreté du Québec à Montréal. COURTOISIE
Image tirée du premier des deux tests polygraphiques passés par le délateur Stéphane « Godasse » Gagné, le 9 décembre 1997, au quartier général de la Sûreté du Québec à Montréal. COURTOISIE Courtoisie

Le policier Saulnier en a alors profité pour avertir Gagné que s’il essayait de mentir pendant son test, son système nerveux ferait instantanément battre son cœur plus fort, déclenchant ainsi une poussée d’adrénaline en lui.

«Et l’appareil va le déceler. T’es mieux d’être 100% vrai, 100% honnête», lui a-t-il conseillé.

Gagné a réussi ce test, ainsi qu’un deuxième que le polygraphiste Saulnier lui a fait passer deux mois plus tard.

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