Hausse des salaires en construction résidentielle: quel impact sur le prix des maisons?
Agence QMI
Les hausses de salaire qui entreront en vigueur pour les travailleurs de la construction, lorsqu’une entente sur le renouvellement de leur convention collective sera signée, pourraient avoir un impact significatif sur le prix des habitations neuves à travers le Québec.
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Étant donné que le salaire des différents quarts de métiers compte pour une proportion importante du coût total de construction d’une maison, les coûts supplémentaires pour les entrepreneurs risquent d’être refilés aux acheteurs.
C’est du moins ce qu’affirme la vice-présidente en affaires publiques de l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ), Isabelle Demers, en entrevue à LCN, mercredi.
«Le résidentiel, contrairement à d’autres secteurs, c’est un secteur où c’est Monique, Jean-Pierre, c’est nous, papa, maman, les ménages et les familles qui se retrouvent à payer le bien avec de l'argent imposé, dit-elle. L’impact du salaire, il faut le prendre en considération et faire attention.»
Elle estime que l’augmentation de salaire proposée par l’Alliance syndicale de la construction ferait augmenter les prix par des dizaines de milliers de dollars par habitation.
«On peut remettre les chiffres comme on veut, mais à partir de données de la SCHL, on parle quand même de 55 000$ pour une unifamiliale, 40 000$ pour un semi-détaché. Un condo, c’est un impact potentiel de 55 000$ et un loyer, un impact potentiel de 140$ de plus par mois.»
Pour arrivée à ces montants, l'APCHQ a évalué le cas d'une maison unifamiliale (660 000$), d'un condo de deux chambres (660 000$), d'un semi-détaché (415 000$) et d'une unité de location (1920$/mois) au prix médian selon les statistiques de la Société canadienne d'hypothèque de logement (SCHL).
Elle a ensuite calculé la proportion du prix brut de la construction sans les taxes et valeur du terrain, et appliqué la hausse de salaire proposée par le syndicat à la proportion normalement allouée aux coûts de main-d’œuvre, soit 40%.
Mme Demers indique également que le prix de projets de rénovation pourrait aussi être impacté.
«Les propriétaires de plusieurs habitations qui ont prévu de faire rénover un appartement dans lequel ils ne logent pas, ils sont assujettis et doivent payer avec le taux résidentiel qui sera négocié, mentionne-t-elle. Ça va impacter énormément de projets, et pas juste ceux de construction neuve.»
L’Alliance syndicale de la construction remet cependant en question ces chiffres.
«On ne tombera pas dans le piège du calcul unique des maisons parce que ça va varier au niveau du pied carré, a affirmé son porte-parole, Alexandre Ricard, lors d'un point de presse, mercredi matin. On peut avoir des maisons d’un étage, un bungalow, un trois étages. Ça va varier en fonction du nombre de pieds carrés habitable.»
«Si on veut continuer de construire des maisons de 600 000$ et plus, je ne pense pas qu’on va continuer à appliquer l’abordabilité au Québec, a-t-il ajouté. Je pense qu’il y a quelque chose à faire au niveau de la façon de construire au Québec qui va diminuer l’impact au niveau des citoyens pour qu’on puisse avoir des logements abordables.»
L’APCHQ estime qu’entre 44 000 et 47 000 habitations pourraient être touchées par la grève, mais qu’en fonction de la durée du débrayage, certaines d’entre elles pourraient quand même être livrées à temps.
Voyez l’entrevue complète dans la vidéo ci-dessus