Construction: la grève est en marche dans le secteur résidentiel
Entre 44 000 et 47 000 résidences sont touchées par ce conflit de travail

Mathieu Boulay
La grève des travailleurs du secteur résidentiel de la construction s’est amorcée comme prévu mercredi matin aux quatre coins du Québec.
L’Alliance syndicale a donc refusé la dernière offre de l’Association des professionnels de la construction du Québec (APCHQ), qui a proposé des augmentations salariales de 18% sur une période de quatre ans.
Les syndiqués, eux, exigent des hausses de 24,35% sur quatre ans, dont 8,35% dès la première année de l’entente. Il existe donc un fossé important de 6% entre les deux parties.
Ce moyen de pression n’est pas une surprise parce que l’Alliance syndicale avait annoncé ses couleurs lundi. Des avis de grève ont été distribués aux travailleurs dès le lendemain.
Cependant, comme on l’a constaté, certains chantiers sont demeurés actifs un peu partout pendant un certain temps. Les motifs sont divers.
«Je suis venu aider mon patron qui a une job urgente, a souligné un employé qui n’a pas voulu être identifié par crainte de représailles de la part des centrales syndicales.
«Je ne voulais pas le laisser tomber. Je vais travailler aujourd’hui et je vais commencer ma grève demain.»
Pendant qu’il discutait avec l’auteur de ces lignes, il recevait de nombreux messages sur son cellulaire et sur ses réseaux sociaux de la part de syndiqués qui lui demandaient d’arrêter de travailler immédiatement.
Le patron de sa compagnie comprend très bien les motivations de l’Alliance syndicale.
«Mes employés doivent avoir une équité avec ceux du commercial. Ils font la même job», mentionne-t-il, alors que quatre de ses employés ont décidé de se prévaloir de leur droit de grève.

Pas de résistance
Tous les employés ou superviseurs rencontrés ont mentionné qu’ils n’offriraient pas de résistance si des représentants syndicaux débarquaient sur leurs chantiers.
«S’ils viennent nous voir, on va simplement arrêter de travailler, ranger notre équipement et rentrer chez nous», a mentionné un autre syndiqué d’une petite compagnie.
Près de 47 000 résidences qui sont présentement en construction sont touchées par cet arrêt de travail. Plusieurs centaines de livraisons prévues pour les prochaines semaines pourraient être compromises si le conflit se prolonge pendant plusieurs jours.
Un impact indéniable
La vice-présidente de l’APCHQ est bien consciente que la grève aura un impact indéniable sur l’industrie de la construction et que la situation est préoccupante.
«On estime qu’il y a peut-être entre 44 000 et 47 000 habitations, que ce soit logement unifamilial, duplex, toutes catégories confondues, qui pourraient être touchées par la grève en ce moment», a indiqué Isabelle Demers, interrogée par Mario Dumont à LCN.
Mme Demers demande aux deux parties de faire preuve de civisme afin d’éviter les débordements sur le terrain.
«Le mot d’ordre est de respecter les travailleurs qui vont vouloir se prévaloir de leur droit de grève, absolument», affirme la V.-P.
«Le mot d’ordre est aussi de limiter les interactions, tout ce qui pourrait être vu comme étant une forme d’intimidation, que ce soit en ligne ou en personne. On espère qu’il va y avoir la même chose de l’autre côté aussi», ajoute-t-elle.
Avec la collaboration de Louis Deschênes et Gabriel Côté, Le Journal de Québec