Hausse abusive: elle gagne contre ses proprios qui voulaient doubler son loyer
Une Montréalaise de 79 ans qui a débouté en cour sa propriétaire qui tentait de doubler son loyer pousse les locataires à se battre pour leurs droits et à ne pas se laisser faire.


Clara Loiseau
Une Montréalaise de 79 ans, qui a débouté en cour ses propriétaires qui tentaient de doubler son loyer, exhorte les locataires à se battre pour leurs droits.
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«Je suis tellement heureuse et soulagée! Ça me causait beaucoup de stress, je faisais de l’insomnie parce qu’elle me demandait 510$ de plus! Je ne pouvais pas me le permettre», se réjouit Judith Wong, qui soufflera bientôt ses 80 bougies.
Installée depuis 1998 sur le boulevard de l’Acadie, à Montréal, Mme Wong paie 615$ pour son 4 1/2. Depuis un an, elle se battait contre ses propriétaires qui tentaient de pratiquement doubler son modeste loyer qu’elle occupe depuis 25 ans.
À cause de la maladie du propriétaire de l’immeuble, c’est la conjointe de celui-ci ainsi que sa fille qui en ont repris la gestion en 2019. Ce sont elles qui ont ouvert en avril 2022 un dossier au Tribunal administratif du logement (TAL).
«La locatrice demande au Tribunal d’augmenter le loyer de la locataire à 1125$ mensuellement, alléguant que le loyer actuellement payé est un loyer de faveur (615$)», peut-on lire dans la décision rendue en avril.
Selon les deux femmes qui ont hérité des logements, l’homme décédé en mai 2021 gérait inadéquatement l’immeuble et c’est pour cette raison que le loyer était si bas, en comparaison aux appartements semblables autour.
«Chaque année, on recevait une augmentation de 10$. Ce monsieur s’occupait bien de son immeuble: il s’occupait de le garder propre, il déneigeait l’entrée. C’était un bon propriétaire», raconte Mme Wong.
Revente de l’immeuble
Lors de l’audience, la fille du propriétaire a affirmé que «l’immeuble sera mis en vente et [que] c’est pour cette raison que les procédures de redressement de loyer ont été prises par sa mère», est-il mentionné.
«Elle s’est échappée en disant ça et ça a montré sa mauvaise foi», renchérit Mme Wong qui affirme avoir proposé de payer 25$ ou même 50$ de plus pour éviter d’aller au TAL.
Après le rendu de la décision, les deux propriétaires avaient jusqu’au 7 avril pour envoyer certains documents au TAL afin qu’il fixe le loyer de manière raisonnable.
«Mais elles n’ont jamais envoyé les documents, donc je vais pouvoir continuer de payer 615$. Il faut que les gens se battent et ne baissent pas les bras», s’enthousiaste celle qui est heureuse d’être allée jusqu’au bout du processus pour faire valoir ses droits.
Des craintes demeurent
Malgré la joie d’avoir remporté ce combat contre ses propriétaires, Mme Wong se prépare déjà à devoir se battre de nouveau dans les prochaines années.
«Si elles vendent l’édifice, les nouveaux propriétaires vont peut-être vouloir augmenter le loyer ou même me “rénovicter”. Ça m’inquiète parce qu’on ne sait jamais ce qui va se passer quand on est locataire», ajoute-t-elle en expliquant qu’elle compte bien aller manifester à Québec lundi pour faire valoir les droits des locataires.
Dans ce quartier, qui est l’un des plus pauvres du Canada, les demandes d’aide de locataires atteignent des sommets, confirme l’organisateur communautaire du Comité d’action de Parc-Extension, André Trépanier.
«Nous n’avons jamais été aussi occupés. En douze ans, je n’ai jamais vu ça», explique-t-il.
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