Harvard, l'université américaine la plus financée depuis l'étranger
AFP
La prestigieuse université privée de Harvard, à qui l'administration Trump prévoit de retirer le droit d'accueillir des étudiants étrangers, est l'université américaine qui a reçu le plus de financements étrangers au cours des dix dernières années, selon des données officielles analysées par l'AFP.
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Depuis 1965, les établissements d'enseignement supérieur bénéficiaires d'aides financières du gouvernement fédéral sont tenus de déclarer tout don ou partenariat pécuniaire avec des entités étrangères lorsqu'ils représentent au moins 250 000 dollars dans l'année.
Ces sommes, en libre accès sur le site du ministère de l'Éducation des États-Unis, ont progressé de 78% entre 2015 et 2024, passant de 3 à 5,4 milliards de dollars. Sur cette période de dix ans, le total s'élève à quelque 48 milliards de dollars.
Harvard tête de liste
Ces fonds se concentrent dans les universités les plus réputées: sur les 446 établissements ayant déclaré des financements étrangers depuis 2015, 17 captent à eux seuls la moitié des montants.
Harvard arrive en tête, avec 2,8 milliards de dollars perçus depuis 2015, devant d'autres grands noms comme le MIT, Stanford, Yale ou Columbia. Les Britanniques sont les plus importants contributeurs étrangers d'Harvard, suivis par les Suisses et la Chine continentale.
Les sources de ces financements sont variées: gouvernements, ambassades, fondations, universités étrangères et entreprises. Les fonds accordés peuvent ensuite être fléchés vers des programmes de recherche, des bourses ou encore être librement utilisés lorsqu'il s'agit de dons («gifts»).
Selon les données du ministère de l'Éducation américain, Harvard a déclaré avoir reçu près de 300 millions de dollars d'origine étrangère pour son année fiscale allant de juillet 2023 à juin 2024, soit près de 5% des recettes de l'université indiquées dans son dernier rapport financier.
Royaume-Uni et Qatar, plus gros financeurs
Toutes universités confondues, le Royaume-Uni est le plus gros pays financeur, avec 4,7 milliards de dollars versés depuis 2015, suivi par le Qatar et ses 4,1 milliards.
Plus du tiers des financements qataris est allé à l'université Texas A&M, qui possède un campus dans l'émirat du Golfe. Cornell, Northwestern et Virginia Commonwealth, également implantées au Qatar, ont aussi reçu des montants significatifs.
Suivent les financeurs allemands, avec 3,8 milliards de dollars, pour moitié octroyés à la sélective université de Pennsylvanie, dirigée entre 2004 et 2022 par une ancienne ambassadrice des États-Unis à Berlin.
La Chine continentale et l'Arabie saoudite complètent la liste des pays et territoires ayant attribué plus de 3 milliards de dollars aux universités américaines depuis 2015.
En conflit ouvert avec plusieurs universités prestigieuses du pays, le président américain Donald Trump a signé un décret en avril renforçant le contrôle de son administration sur ces financements étrangers, qu'il estime sous-déclarés.
Dans le décret, Donald Trump affirmait vouloir «mettre fin au secret» qui, selon lui, entoure ces financements, de manière à «protéger le débat d'idées de la propagande parrainée par des gouvernements étrangers», et le monde académique d'une «exploitation étrangère».