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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

Accueil d’étudiants étrangers à Harvard: une juge suspend l’interdiction de l’administration Trump

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AFP

2025-05-23T12:48:58Z
2025-05-23T15:21:37Z
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Une juge fédérale a suspendu, vendredi, l’interdiction d’accueillir des étudiants étrangers imposée à l’Université Harvard par l’administration Trump, selon CNN.

• À lire aussi: L'administration Trump retire à l'université Harvard le droit d'accueillir des étudiants étrangers

La décision de la juge Allison Burroughs survient quelques heures après le dépôt d’une poursuite contre l’administration Trump.

Après les déclarations au vitriol, les appels à changer le cursus et les coupes dans les subventions de recherche, l'administration Trump a écrit jeudi un nouveau chapitre de son offensive contre l'enseignement supérieur en révoquant la certification SEVIS (Student and Exchange Visitor) de Harvard.

L'université, située en banlieue de Boston, ne peut ainsi plus accueillir d'étudiants étrangers. Et ceux sur le campus pourraient avoir à quitter les États-Unis dès la remise des diplômes prévue la semaine prochaine.

D'après le site internet de l'université, classée parmi les meilleures au monde et qui a produit 162 prix Nobel, l'établissement accueille cette année quelque 6 700 «étudiants internationaux», soit 27% de ses effectifs.

«D'un seul coup de crayon, le gouvernement efface un quart des étudiants d'Harvard», peut-on lire dans la plainte déposée auprès du tribunal fédéral du Massachusetts, État du nord-est américain où est située l'université.

Cette décision est «le dernier acte de représailles» de l'administration Trump «qui cherche à prendre le contrôle de la direction d'Harvard, de ses programmes et de l'+idéologie+ de l'université et des étudiants», poursuit la requête de 72 pages qui appelle à sa révocation «immédiate».

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Griefs de Trump

L'administration Trump a lancé une vaste offensive contre l'enseignement supérieur aux États-Unis, accusant les universités privées les plus prestigieuses, notamment Harvard et Columbia, d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme et de n'avoir pas protégé suffisamment les étudiants juifs pendant les manifestations contre la guerre d'Israël à Gaza, lancée après les attaques du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023.

Sur ce dossier, Harvard a affirmé ces dernières semaines avoir pris des mesures pour s'assurer que les étudiants et le personnel juifs ou israéliens ne se sentent ni exclus, ni intimidés sur le campus, et refuse de renoncer à sa liberté académique.

L'administration Trump reproche aussi à Harvard de se coordonner avec le Parti communiste chinois sur son campus. Le Parti communiste chinois exerce un contrôle serré sur de nombreux aspects de la société chinoise, dont l'éducation supérieure, et de nombreux étudiants chinois vont se former à l'étranger.

Près de 1 300 étudiants chinois sont actuellement inscrits à Harvard selon les chiffres officiels et environ 280 000 étudient dans d'autres universités aux États-Unis.

«La Chine s'est toujours opposée à la politisation de la coopération éducative», a réagi vendredi le ministère chinois des Affaires étrangères, estimant que cette démarche «ne fera que nuire à l'image et à la réputation internationale des États-Unis».

Il y a également environ 550 étudiants allemands à Harvard. La ministre allemande pour la Recherche, Dorothee Bär, s'est dite «très, très préoccupée par ce qui se passe aux États-Unis en ce moment» et par cette «très, très mauvaise décision».

«La décision du gouvernement américain (...) m'attriste beaucoup. Ce n'est pas un signal positif, ni pour la jeune génération, ni pour le monde libre», a-t-elle poursuivi.

«Illégales et injustifiées»

Dans son bras de fer, le gouvernement américain avait coupé 2,7 milliards de dollars de subventions à Harvard. L'université, l'une des plus riches au monde, a dénoncé ces coupes devant les tribunaux disant ne pas vouloir sacrifier sa liberté académique pour tenter de récupérer ces fonds.

Selon la ministre américaine de la Sécurité intérieure, Kristi Noem, la décision du gouvernement fédéral de retirer à Harvard son droit de recevoir des étudiants étrangers pourrait aussi priver l'institution d'importants deniers.

La ministre a assorti jeudi sa décision choc d'un ultimatum: si Harvard veut retrouver ce «privilège», elle doit fournir dans les 72 heures toute une série d'informations dont elle disposerait sur d'hypothétiques activités «illégales» de ses étudiants étrangers dans les cinq dernières années.

«Nous condamnons ces mesures illégales et injustifiées», a répliqué vendredi dans un communiqué le président de Harvard, Alan Garber, précisant que cette décision «mettait en péril le futur de milliers d'étudiants» de l'université et servait «d'avertissement» à ceux qui avaient choisi les États-Unis pour étudier et «réaliser leurs rêves».

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