Harcèlement d’une supérieure: un enjeu de santé mentale, dit la Couronne


Michael Nguyen
L’ex-fiscaliste de Deloitte accusé d’avoir harcelé une supérieure dont il serait tombé amoureux devrait être déclaré non criminellement responsable pour cause de troubles mentaux, affirme la Couronne.
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«Même un homme éduqué peut souffrir problèmes de santé mentale. S’il n’en avait pas, nous ne serions pas ici, à ce procès», a plaidé Me Patrick Lafrenière de la Couronne, ce mercredi au palais de justice de Montréal.
Affirmant que Philippe Dubé avait bel et bien harcelé une supérieure pendant 15 mois, à partir de 2020.
Nouvellement embauché par la firme située au centre-ville de Montréal, l’accusé de 30 ans serait vite tombé amoureux d’une supérieure. Mal à l’aise, cette dernière lui aurait expliqué que leur relation en était une de travail uniquement.
Victime apeurée
Or, rapidement, Dubé aurait développé une obsession visant la femme, allant même jusqu’à la suivre à l’épicerie. Et parallèlement, il se serait mis à imaginer des complots, la mettant bien souvent au centre de ceux-ci.
«Il était obsédé par elle», a dit la Couronne.
À un certain moment, il s’était même mis à croire que l’humoriste Martin Matte s’adressait directement à lui dans ses publicités pour Maxi.
Pendant 15 mois, il aurait alors inondé la victime de messages, créant chez elle un sentiment de peur pour sa sécurité.
Même hospitalisé, Dubé aurait continué, parlant même de tuerie et disant être «dangereux si libéré».
«Elle a fait de l’insomnie, elle devait surveiller son compte Facebook pour surveiller son état d’esprit, a rappelé la Couronne. Elle a dû aller dormir chez des amis. Des gardes de sécurité ont été embauchés pour assurer sa sécurité.»
Pour Me Lafrenière, ce dossier en est un de santé mentale. Il n’a pas expliqué au jury ce qu’implique une décision de non-responsabilité criminelle pour cause de santé mentale, mais il a exhorté les 12 citoyens à rendre ce verdict.
Il la blâme
Dubé, qui se défend seul, affirme pour sa part n’avoir commis aucun crime, jetant même le blâme sur la femme.
«Elle s’est peut-être vue comme une victime, mais je ne pense pas être la cause de sa peur, a-t-il dit lors de ses plaidoiries. Si elle n’aimait pas mon contenu sur Facebook, elle aurait juste pu me bloquer. Je ne pouvais pas savoir qu’elle se sentait harcelée.»
Une fois les plaidoiries de la poursuite terminées, la juge Myriam Lachance instruira les jurés sur les éléments de droits nécessaires pour qu’ils rendent un verdict.
Les délibérations débuteront par la suite.
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