«Janette»: voici ce qu'on a pensé de la pièce sur la vie remarquable de Janette Bertrand

Guylaine Tremblay livre une prestation magistrale dans la pièce Janette, dans laquelle elle interprète le rôle-titre de la grande Janette Bertrand.

Passant par toute la gamme des émotions avec une justesse et un rythme quasi sans faille, la comédienne offre une performance à la fois émouvante, drôle, touchante et saisissante, mais surtout criante de vérité, pendant près de deux heures sans entracte.

Accompagnée de sept autres comédiens – dont la petite-fille de Janette, Zoé Lajeunesse-Guy –, qui s’articulent autour d’elle en une pléiade de personnages, Guylaine Tremblay captive par sa ressemblance à s’y méprendre avec la vraie Janette Bertrand. Elles ont la même posture, la même démarche et le même phrasé.

Les textes de Rébecca Déraspe couvrent, pour leur part, 100 ans d’histoire du Québec racontée à travers le prisme, la vision, les ambitions, les rêves, les désirs et les amours de Janette. Ils nourrissent la mémoire collective des luttes qui ont été menées en matière de droits et libertés au fil du dernier siècle, mais aussi en ce qui a trait à la culture et à l’identité québécoise, aux droits des femmes ainsi qu’à l’égalité et à l’équité entre les sexes.

On y découvre par le fait même une Janette frondeuse, sensible et vulnérable, née d’un père qui n’a jamais su lui dire qu’il était fier d’elle, et d’une mère peu aimante, distante, atteinte de tuberculose – la seule chose qu’elles finiront par avoir en commun –, qu’elle décrit comme «une reine silencieuse qui errait dans son château froid du Faubourg à m’lasse, qui se cachait dans la maladie, et à l’intérieur d’elle, dans une place que personne ne connaissait».

Résolument féministe, la pièce se déploie sous forme de conversations à travers les différentes étapes de la vie de Janette Bertrand et les différentes époques qui l’ont jalonnée. Elle retrace tous les moments et projets marquants de sa vie, les bons comme les traumatisants, de ses premières pulsions revendicatrices à l’adolescence en 1937 à son premier mariage avec Jean Lajeunesse en 1947, jusqu’à ses débuts à la télévision dans les années 1950 avec ses émissions Adam ou Ève et Comment, pourquoi.

Elle raconte aussi sa rencontre privilégiée avec les Beatles en 1964, la création de Quelle famille! dans les années 1970, puis l’écriture d’Avec un grand A en 1986.

Janette ne passe pas non plus sous silence la controverse qui l’a éclaboussée en 2013, lorsqu’elle s’est prononcée publiquement en faveur de l’adoption d’une charte des valeurs québécoises. Un épisode qu’elle reconnaît aujourd’hui comme un drame dans sa vie, où la peur ne lui a pas donné les meilleurs arguments.

Mise en scène par Jean-Simon Traversy, la pièce est aussi portée par Normand Chouinard, Zoé Lajeunesse-Guy, François-Simon Poirier, Sébastien Rajotte, Lorenzo Somma, Phara Thibault et Cynthia Wu-Maheux.

Janette sera présentée au théâtre Jean-Duceppe jusqu’au 17 mai. Elle partira ensuite en tournée à l’été et s’arrêtera, entre autres, à la Salle Odyssée, à Gatineau (12-13 juin 2025), au Théâtre C, à Chicoutimi (21 juin 2025 à 15h et à 20h), et à la Salle Albert-Rousseau, à Québec (26, 27, 28 et 29 juin 2025). De nouvelles dates s’ajouteront au calendrier ce jeudi. Pour plus de détails, rendez-vous ici.