Guerre commerciale et politiques d'immigration: un entrepreneur en mode envisage de quitter le Québec
Agence QMI
L’entrepreneur Andrew Lutfy, qui possède notamment plus de 300 boutiques Garage et Dynamite, menace de plier bagage en raison de la menace américaine et des politiques d’immigration qui mettraient en péril son modèle d’affaires.
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Andrew Lutfy dirige un empire de plus de 6 milliards de dollars avec plus de 300 boutiques Garages et Dynamite. Il possède également le centre commercial Royalmount, le quartier DIX30 et l'hôtel Four Seasons au centre-ville de Montréal.

Si les affaires vont bien pour lui, il dit se buter à un mur depuis deux ans avec le gouvernement québécois.
«Est-ce que le gouvernement nous aide? Je te dirais, la réponse est non», a affirmé M. Lutfy en entrevue avec TVA Nouvelles.
La façon dont Québec gère l'immigration est un enjeu majeur, selon lui.
«Notre présidente, c'est une Américaine, mais je te dirais qu'on a au moins une douzaine, une quinzaine de cadres, a-t-il expliqué. Leur permis de travail vient à échéance dans 13 mois. Donc si on ne fait rien, dans 13 mois, je perds tous mes cadres.»
Bien que 98 % de sa main-d’œuvre soit québécoise, il est essentiel pour lui d'avoir des employés aux États-Unis.
«Je te dirais que la valeur de cette croissance (6 G$), c’est vraiment dû au fait qu’on franchit les États-Unis», a affirmé le milliardaire.

L’entrepreneur propose à Québec un modèle simple: plus les revenus de l'entreprise viennent de l'étranger, plus les critères d'immigration devraient être souples.
Et si le gouvernement ne collabore pas? «Si les règles continuent à s'enfermer de la manière qui s'enferme, c'est certain qu'il va falloir qu'on quitte le Québec. On ne peut pas, ce serait irresponsable», a déploré Andrew Lutfy.
Exclu d’un projet pilote
Ce n'est pas seulement sur les politiques d'immigration que M. Lutfy connaît des frictions avec le gouvernement. Récemment, il avait demandé que le Royalmount fasse partie du projet pilote sur l'élargissement des heures d'ouverture des centres commerciaux.
Pour l'instant, le dossier n'a toujours pas débouché.

«On a appris dans les nouvelles que le train est passé, sans même avoir la courtoisie d'un retour d'appel. Ça n'a aucun bon sens», a-t-il critiqué.
À l'Assemblée nationale aujourd'hui, Christopher Skeete s'est prononcé sur l'affaire, car c'est lui qui avait discuté avec Andrew Lutfy de l'enjeu il y a quelques mois lorsqu'il était ministre délégué à l'économie.
«Je lui ai dit qu'on a regardé sa situation particulière parce qu'on ne voulait pas non plus créer une injustice pour ceux autour de lui. Alors maintenant, j'ai toute la confiance que mes collègues, madame Fréchette, monsieur Girard et monsieur Poulin vont s'en occuper», a-t-il dit.
«J'ai l'intention de lui parler aujourd'hui. Je n'exclus rien pour la suite», a brièvement mentionné le ministre délégué à l’Économie, Samuel Poulin.
M. Lutfy espère que sa sortie fera bouger les choses et qu'il pourra continuer à mener ses affaires au Québec.
Voyez le reportage complet d'Anne-Sophie Jobin dans la vidéo ci-dessus.